2. Aider l'innovation

L'Union européenne accuse un retard conséquent dans le domaine de l'innovation . Telle est, rapidement résumée, la principale conclusion de la dernière enquête d'Eurostat consacrée à l'innovation. Selon les termes de cette étude, 47 % des entreprises industrielles des Quinze de l'Union avaient mené des activités innovantes entre 1998 et 2000 , contre 40 % pour celles du secteur des services. Cette enquête révèle également que 21 % des entreprises jugent les coûts de l'innovation trop élevés, que 15 % de celles-ci estiment que l'absence de sources de financement appropriées et des risques économiques excessifs constituent des facteurs importants d'entrave à l'innovation , et qu'enfin 13 % d'entre elles invoquent l'absence de personnel qualifié .

Comme l'a précisé votre groupe de travail, il existe aujourd'hui un consensus économique et politique sur les moyens d'assurer la pérennité de l'industrie et de ses emplois dans un contexte de concurrence ouverte. Le renforcement de la capacité d'innovation de nos économies est présenté comme la solution adaptée pour maintenir un potentiel industriel compétitif , en permettant une redéfinition de la spécialisation française sur les productions à haute valeur ajoutée.

Dans un tel schéma, seules les rentes locales fournies par l'innovation permettent d'assurer un différentiel de revenus pour les entrepreneurs . Or, du fait d'une concurrence mondiale accrue sur le secteur des hautes technologies, de telles rentes ne sont pas pérennes. Ce constat renforce la nécessité exposée ci-dessus de développer et de mieux cibler les politiques de R&D, de soutien à l'innovation et d'attraction des compétences. A cet égard, il conviendrait de favoriser, par l'accroissement des moyens dédiés, le maintien sur le territoire des meilleurs de nos chercheurs et la venue d'étudiants et de professionnels étrangers.

En outre, il serait sans doute nécessaire d' étendre les dispositions du crédit impôt recherche à l'innovation afin de permettre à un certain nombre d'entreprises et de filières de bénéficier du soutien public dans ce domaine.

3. Favoriser l'économie en réseau et les pôles de compétitivité

S'appuyant sur des exemples français et étrangers d'expérimentation pratique de théories sociologiques et économiques relatives à l' organisation en réseau , la DATAR et M. Christian Blanc ont récemment proposé des pistes de réflexion qui, sans être strictement identiques, sont toutefois proches (135 ( * )). Votre groupe de travail est lui aussi convaincu que les futures capacités d'innovation ne pourront émerger que dans le cadre de telles organisations associant étroitement la recherche fondamentale, la recherche appliquée et les processus productifs : clusters, pôles de compétitivité, vallées technologiques, etc.

a) Les clusters

Un système productif local (SPL) peut être défini comme « un ensemble de relations entre les biens, les services et l'information, ayant lieu dans le milieu des entreprises, qui sont directement ou indirectement liées à la production des biens finals, tels que les biens d'équipement, les automobiles, les bureaux,... » (136 ( * )).

De nombreux systèmes productifs locaux existent déjà en France, dans des domaines très divers : par exemple, en Alsace, on relève le SPL « i-valley » dans le secteur des NTIC, le SPL « Saveurs d'Alsace » regroupant les entreprises de charcuterie industrielle, de produits traiteurs et de plats cuisinés du Bas-Rhin, ou encore le Pôle régional et international des sciences de la mesure (PRISM3) installé à Saint-Louis, seul SPL transnational de France puisqu'il accueille aussi des entreprises suisses et allemandes.

L'approche des « clusters » est plus novatrice car elle met au centre de son analyse un ensemble de relations d'interdépendance entre plusieurs sous-systèmes industriels . On trouve une première définition des « industrial clusters » , ou grappes industrielles , sous la plume de Camagni (137 ( * )), qui les définit comme « un ensemble cohérent dans lequel le système de production territorial, la culture, la technologie, les firmes et les institutions sont en étroite relation » .

Le succès des industries au sein du « cluster » est conditionné par plusieurs facteurs importants :

- la dotation en capacité de recherche ;

- la qualité du système universitaire ;

- la disponibilité et la spécialisation du capital-risque (le leadership des entreprises américaines dans les secteurs de l'électronique et des biotechnologies résulte ainsi de la disponibilité abondante de ce type de financement) ;

- enfin, l'existence de fortes industries en amont ou en aval, excerçant un puissant effet d'entraînement (par exemple, le développement de l'industrie des biens d'équipement aux Etats-Unis a été très largement dépendant des industries en amont, telles que les machines à écrire et l'automobile).

Cette vision théorique permet d'expliquer un grand nombre de recompositions qui ont eu lieu dans l'industrie, telles que le déplacement de la production des composants électroniques vers les nouveaux pays industrialisés asiatiques ou la concentration d'activités de haute technologie dans la Silicon Valley .

* (135) « La France, puissance industrielle » et « Pour un écosystème de la croissance » - Op. cit.

* (136) Fredriksson et Lindmark,1979.

* (137) Cité par Elie Cohen et Jean-Hervé Lorenzi, in Politiques industrielles pour l'Europe - Rapport du Conseil d'analyse économique n° 26 - La Documentation française - 2000.

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