Echanges avec la salle
De la salle
La belle époque de la diplomatie culturelle des années 60 et 70 est-elle très loin aujourd'hui ? Je vous demande cela car les cours de français sont extrêmement chers en Asie Centrale.
Jean-Charles BERTHONNET
La France vit une situation budgétaire compliquée depuis plusieurs années. Nous sommes tous logés à l'enseigne de l'austérité, mais ce n'est pas une raison pour baisser les bras. Nous avons beaucoup d'opportunités d'affirmer notre présence. Au Kazakhstan, les alliances françaises bénéficient de l'aide d'entreprises françaises, mais également kazakhtanaises. Les programmes européens représentent également une opportunité. Nous sommes en compétition avec l'anglais, mais il serait faux de dire qu'il n'y a pas de place pour le français. De grands groupes comme Total s'investissent. Nous comptons bien mettre un pied dans l'université Nazerbaïev, mais il faut venir sur ce marché pour le conquérir.
Thibault FOURRIERE
A Bichkek, les cours de français sont tout à fait accessibles. Beaucoup de jeunes kirghizes diplômés apprennent le français.
Aymeri de MONTESQUIOU
Au Kazakhstan, nous menons une action pour développer des relations au plus haut niveau. Une délégation de l'université Nazerbaïev d'Astana était en France la semaine dernière. Ses membres ont été convaincus du très haut niveau de l'enseignement supérieur français. Au Kazakhstan, le français est la seconde langue étudiée après l'anglais, devant le chinois et l'allemand.
De la salle, un représentant de GDF SUEZ
J'entends votre appel aux entreprises françaises dans le domaine de l'eau au Turkménistan, mais quels financements sont possibles ? Quel est le niveau des tarifs pratiqués sur place ?
Pierre LEBOVICS
Les Turkmènes paient. Demandez à tous vos collègues. La négociation est difficile, mais les Turkmènes respectent leurs engagements. Pour le moment, l'eau est distribuée gratuitement à la population. Le pays a besoin d'équipements modernes.
De la salle
Avez-vous l'impression que ces pays ont fait table rase de leur passé soviétique ? En quoi le maintien d'une relation forte avec la Russie pourrait-il gêner nos relations avec ces pays ?
Henry ZIPPER de FABIANI
Au Tadjikistan, la relation est très ambigüe. La Russie reste un acteur important. La population éduquée est certainement nostalgique d'une époque où tout allait de soi. Les infrastructures sont vieillissantes. En même temps, le Tadjikistan a la volonté d'être ce qu'il est : indépendant. Il est indispensable que nous fassions comprendre aux Russes qu'il y a de la place pour tout le monde en Asie Centrale. Pour autant, il est certain que la Russie doit jouer un rôle positif, dans le plein respect de l'indépendance de ces pays.
Pierre LEBOVICS
Les relations avec la Russie évoluent selon ce qui dicte le contenu de la relation. Les pays d'Asie Centrale se raidissent face aux comportements impériaux. Pour autant, la Russie a vocation à être et à rester un partenaire économique important. Elle n'est pas un facteur de retard au développement, mais a vocation à rester un grand partenaire. Au niveau des mentalités, le processus est plus long. Je pense notamment au rôle de l'autorité détenue par les plus anciens. Les jeunes diplômés ont du mal à trouver leur place. Je pense également au projet Nabucco, qui a été présenté comme une arme anti-russe. C'était le plus mauvais cadeau à faire à ce projet. Heureusement, nous avons corrigé ce langage en expliquant aux Russes que nous cherchions simplement à diversifier nos fournisseurs de la même manière qu'ils cherchent à diversifier leurs clients.
Aymeri de MONTESQUIOU
J'ajoute que les relations ne sont pas homogènes entre la Russie et les cinq pays de la région.