Colloque Europe centrale du 5 février 2004


Regard de deux pays d'Europe centrale sur l'Union européenne à la veille de leur adhésion


Son Excellence Maria KRASNOHORSKA, Ambassadeur de Slovaquie en France

C'est un grand honneur pour moi de participer à ce colloque, consacré à la République tchèque et à la Slovaquie, dont l'importance est évidente. Son cadre m'inspire quelques remarques. Tout d'abord, je souhaite poser une question quelque peu provocatrice. Il y a dix ans, trois pays, en Europe, ont subi une division : la Yougoslavie, l'URSS et la Tchécoslovaquie ; imaginez-vous d'inviter conjointement des représentants des Etats qui composaient initialement l'un ou l'autre de ces deux premiers pays ? Dans le même temps, inviter conjointement les Ambassadeurs de la République tchèque et de la Slovaquie constitue une évidence. Par ailleurs, nous ne pouvons que souligner les relations extraordinaires, d'un point de vue culturel, existant entre les Tchèques et les Slovaques.

Le premier accord de coopération avec l'Union européenne a été signé en 1992. Par la suite, la Slovaquie et la République tchèque ont poursuivi des discussions séparées en vue de leur adhésion. Je dois rappeler à ce titre que, dans un premier temps, la Slovaquie a été écartée de la vague de nouvelles adhésions décidée en 1997, et a subi dans ce cadre un retard de deux années. Force est de constater qu'elle a rapidement comblé son retard, notamment grâce à l'aide conséquente apportée par ses voisins. Ainsi, solidarité et maturité caractérisent de toute évidence l'Europe centrale.

En décembre dernier, beaucoup de gens ont été très déçus de constater que les chefs d'Etat et de Gouvernement n'ont pas pu trouver un consensus sur le texte du projet de Constitution. La Slovaquie a partagé cette déception, considérant que le cadre de la future grande Europe devait être tracé. Pour autant, nous estimons que cela ne constitue en aucun cas une tragédie. Pour autant, une véritable coopération doit voir le jour, et doit associer tous les partenaires, faute de quoi la chance qui est devant nous se trouverait réduite à néant. Nous aurions également de réelles difficultés à expliquer aux 92 % de Slovaques qui se sont prononcés en faveur de l'adhésion que l'Union européenne se trouverait dans l'incapacité de tracer le cadre de nos relations futures. Je dois dire enfin que notre confiance dans l'actuelle présidence irlandaise, comme d'ailleurs plus généralement, à tous nos partenaires européens.

Son Excellence Pavel FISCHER, Ambassadeur de République tchèque en France

C'est pour moi un grand plaisir de pouvoir intervenir dans le cadre de ce colloque, qui met toute la lumière sur nos deux pays. Je me limiterai à trois remarques, essentiellement lexicales : tout d'abord, le Petit Robert, à propos du vocable « adhérer », indique que l'adhésion est synonyme notamment de « coller », « d'être partisan de ». Nous oublions en effet parfois le sens du terme « adhésion » : il faut « être partisan de ». Nous oublions également pourquoi nous souhaitons autant faire partie du projet européen ; force est de constater que les mots manquent parfois.

La transposition de l'acquis européen dans nos pays est évidemment un devoir, que nous nous employons à remplir. Mais c'est aussi un cadeau et plus généralement, je crois qu'il s'agit d'un projet que nous devons conduire ensemble.

Il est souvent dit que notre entrée dans l'Union va provoquer de nouvelles délocalisations, de France vers nos pays. Ça n'est pas toujours vrai. Ainsi, pour la filière textile, par exemple, les délocalisations n'ont pas lieu en République tchèque ou en Slovaquie. Si l'industrie textile n'existe plus en France, elle n'existe plus non plus en République tchèque. Je crois enfin pouvoir dire que l'intégration européenne doit être un jeu gagnant/gagnant, ce ne doit pas être un jeu à somme nulle. Ce point doit clairement demeurer dans nos esprits.

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