Question de M. MARTIN Pascal (Seine-Maritime - UC) publiée le 24/10/2019

Question posée en séance publique le 23/10/2019

M. Pascal Martin. Madame la ministre, le 89e congrès de l'Assemblée des départements de France, qui a eu lieu à Bourges la semaine dernière, s'est soldé par un échec. Les discussions avec le Gouvernement ont achoppé sur la question de l'avenir de la fiscalité départementale.

Réforme après réforme, les élus départementaux ont le sentiment que leur circonscription s'apparente, non plus à une collectivité décentralisée de plein exercice, mais à un échelon déconcentré de l'État.

Le transfert aux communes de la taxe foncière sur les propriétés bâties départementale, inscrit par le Gouvernement dans le projet de loi de finances pour 2020, traduit ce lent processus de recentralisation financière amorcé voilà bientôt dix ans par la suppression de la taxe professionnelle, et prolongé depuis par la suppression d'une partie de la CVAE dans le cadre de la loi NOTRe.

En leur retirant la dernière imposition sur laquelle ils avaient encore un pouvoir de taux, le Gouvernement s'apprête à réduire comme une peau de chagrin l'autonomie fiscale des départements. Cela est d'autant plus vrai que vous semblez écarter tout déplafonnement des droits de mutation à titre onéreux.

L'attribution d'une fraction compensatoire de la TVA offrira certes une ressource dynamique, mais elle sera nécessairement plus sensible aux variations de la conjoncture économique. Elle pourrait en outre être affectée par des décisions qui, étant prises au niveau national, échapperaient à la responsabilité des élus départementaux.

Alors que les départements engagent chaque année pour le compte de l'État 11 milliards d'euros de dépenses sociales, comment pouvez-vous, madame la ministre, garantir aux conseils départementaux une évolution des transferts fiscaux qui soit à la hauteur des charges qu'ils assument pour le compte de la Nation ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains. – M. Jean-Marc Gabouty applaudit également.)


Réponse du Ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales publiée le 24/10/2019

Réponse apportée en séance publique le 23/10/2019

Mme Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales. Monsieur le sénateur Pascal Martin, je voudrais d'abord rappeler que la suppression de la taxe d'habitation est avant tout une baisse d'impôts d'un niveau qui n'a pas été atteint depuis très longtemps : ce sont 18 milliards d'euros que nous rendons aux Français. Dans votre département de la Seine-Maritime, cela représente un gain de 559 euros en moyenne par foyer fiscal.

M. Stéphane Piednoir. Ce n'est pas la question !

Mme Sophie Primas. Et la dette des départements ?

Mme Jacqueline Gourault, ministre. C'était un engagement de campagne du Président de la République, il est tenu.

Par ailleurs, la lisibilité de l'impôt est nettement améliorée puisque, pour le contribuable local, la taxe foncière ne sera désormais perçue que par le bloc communal.

En ce qui concerne les départements, le transfert aux communes de la taxe sur le foncier bâti sera compensé par une fraction de TVA – je dis bien par une fraction de TVA, mais vous l'avez dit vous-même – et non par un montant. À l'inverse d'une dotation, cette compensation dynamique garantit l'autonomie financière des départements.

En outre, le système est plus équitable. Il faut insister sur ce point : riche ou pauvre, quelle que soit la dynamique foncière, chaque département verra progresser de la même manière ses ressources chaque année. Cette réforme n'a donc pas aggravé le problème du niveau de ressources des départements.

Nous partageons le constat selon lequel il faut favoriser une plus grande solidarité entre les départements par des mécanismes renforcés de péréquation, monsieur le sénateur. C'est pour cela que le Gouvernement a proposé un amendement, adopté vendredi par l'Assemblée nationale, visant à attribuer aux départements une fraction de TVA supplémentaire de 250 millions d'euros qui sera répartie de manière péréquée dès l'origine. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à M. Pascal Martin, pour la réplique.

M. Pascal Martin. Je ferai deux remarques, madame la ministre.

Premièrement, la fraction de TVA ne prendra malheureusement pas en compte l'évolution démographique et l'effort de construction de chaque département.

Deuxièmement, il serait légitime qu'en cas de baisse du produit de la TVA à l'échelle nationale les recettes attendues pour les départements soient a minima garanties. (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées des groupes RDSE et Les Républicains.)

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