3. Un chantier pour l'avenir : la révision des directives européennes sur les télécommunications

La Commission européenne a adopté le 12 juillet dernier un " paquet " de propositions qui a pour but de moderniser le cadre réglementaire actuel des télécommunications. Huit textes ont au total été proposés, qui remplaceront les 28 textes actuellement en vigueur. Sept textes devront être examinés selon la procédure de la codécision entre le Conseil et le Parlement européen.

Les propositions sont les suivantes :

- une directive-cadre pour les réseaux et services de communications électroniques, qui abroge 7 directives en vigueur et 2 décisions et fixe les dispositions " horizontales " du nouveau cadre réglementaire ;

- une directive relative à l'autorisation de réseaux et de services de communications électroniques, qui vise à harmoniser les règles concernant l'autorisation de fourniture de ces services, aujourd'hui différentes dans les Etats membres ;

- une directive relative à l'accès aux réseaux de communications électroniques et aux ressources associées, ainsi qu'à leur interconnexion, qui établit un cadre pour les accords relatifs à l'accès et à l'interconnexion dans l'ensemble de l'Union européenne ;

- une directive concernant le service universel et les droits des utilisateurs, qui reprend et renforce les textes existants en la matière ;

- une directive concernant le traitement des données à caractère personnel et la protection de la vie privée dans le secteur des communications électroniques, qui met à jour la directive actuellement en vigueur afin de garantir sa " neutralité technologique " et la couverture des nouveaux services de communications ;

- un règlement relatif au dégroupage de l'accès à la boucle locale , qui rendra obligatoire, dans toute l'Union européenne, au plus tard le 31 décembre 2000, l'accès totalement dégroupé et l'accès partagé à la paire torsadée de cuivre des opérateurs puissants sur le marché. Comme il a déjà été dit, ce règlement a fait l'objet d'un accord de principe unanime des Etats membres au Conseil Télécom du 3 octobre ;

- une décision relative à un cadre réglementaire pour la politique en matière de spectre radioélectrique dans la Communauté européenne, qui établit un cadre politique et juridique dans la Communauté afin d'harmoniser l'utilisation du spectre radioélectrique ;

- et une directive relative à la libéralisation du secteur , qui consolidera les directives existantes, prise par la Commission en application de ses compétences propres en matière de règles de concurrence.

Le nouveau cadre réglementaire proposé par la Commission vise à :

- simplifier et clarifier le cadre réglementaire actuel : le nombre d'instruments législatifs est divisé par trois et les règles sont allégées pour faciliter l'accès au marché ;

- assurer une transition progressive de la réglementation sectorielle vers le droit communautaire de la concurrence : la nouvelle réglementation s'applique essentiellement aux opérateurs considérés comme dominants selon le droit communautaire de la concurrence ;

- soumettre les services concurrents ou substituables à des règles semblables et indépendantes de la technologie mise en oeuvre pour leur fourniture ;

- maintenir les obligations de service universel afin d'éviter tout phénomène d'exclusion de la société de l'information ;

- libéraliser effectivement le dernier segment du marché des télécommunications en procédant au dégroupage de l'accès à la boucle locale.

Le règlement sur le dégroupage devrait être adopté dès le mois de décembre.

Les six autres textes en codécision sont destinés à être adoptés simultanément. Leur examen par le Conseil et le Parlement européen s'étalera sous les présidences française et suédoise, avec pour objectif prioritaire d'aboutir rapidement à des positions communes sur la directive cadre, la directive relative à l'accès et l'interconnexion et la directive relative aux autorisations. L'adoption formelle de ces six textes n'interviendra en tout état de cause pas avant la mi-2001 .

La directive sur la libéralisation du secteur sera arrêtée par la Commission, après l'avis des Etats membres et du Parlement européen, en même temps que les textes soumis à la codécision.

Du processus de consultation des Etats membres et des acteurs du marché suivi par la Commission dans l'élaboration de ses propositions résulte que le paquet réglementaire reflète, dans l'ensemble, un compromis considéré comme globalement acceptable par les autorités françaises .

Les propositions relatives au service universel s'éloignent cependant des positions des autorités françaises : aucun mécanisme clair n'est prévu pour réévaluer le périmètre des obligations de service universel, non plus que le financement d'éventuelles nouvelles obligations par le biais du fonds de service universel. Le principe retenu à ce stade est le financement d'éventuels nouveaux services qui seraient inclus dans le champ du service universel par le budget de l'Etat. Votre commission souhaite que soit infléchie cette proposition initiale pour permettre l'inclusion, à terme, des services pertinents de la société de l'information dans le périmètre du financement du service universel .

D'autres points de caractère plus technique soulèvent des observations de fond, tels les conditions d'octroi des droits de passage , qui ne seraient plus liées à l'obtention d'une autorisation individuelle, les prescriptions en matière de mécanisme d'assignation de fréquences ou d'organisation d'un marché secondaire des fréquences ou l'extension des obligations en matière d'accès et d'interconnexion à l'ensemble des installations du réseau de télécommunications de l'opérateur historique.

Votre commission ne manquera pas, au cours de la session à venir, de poursuivre l'examen de ces propositions de directives.

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