B. LA SORTIE DU DISPOSITIF " EMPLOIS-JEUNES " DEVIENT UN SUJET DE PRÉOCCUPATION

1. Des sorties dans le désordre

Selon une enquête récente 15 ( * ) de la DARES, à la fin du premier semestre 2000, un peu plus de 27.000 jeunes embauchés entre 1997 et 1999 (hors Education nationale et Police nationale) étaient sortis du programme, ce qui correspond à un taux de sortie de 21 %.

Taux de sortie selon la période d'entrée
dans le programme et le statut de l'employeur
Hors Education nationale et Police nationale
Données au 30 juin 2000

en %

Taux de sortie

Période d'embauche

Collectivités territoriales

Etablissements publics

Associations et fondations

Autres

Ensemble

Premier semestre 1998

24,5

26,4

32,1

25,5

27,7

Deuxième semestre 1998

20,8

20,6

30,2

24,7

25,1

Premier semestre 1999

15,3

14,8

24,3

21,2

19,5

Deuxième semestre 1999

9,7

10,4

14,0

10,6

12,1

Source : CNASEA, MES-DARES, données France entière

Les taux de rupture les plus importants concernent les associations (24,5 %). Alors qu'elles représentent un peu plus de 45 % des embauches, elles regroupent 53 % des sorties. On remarque notamment que la probabilité est plus forte pour certaines activités (éducation, tourisme, sécurité), elle augmente également avec le niveau de formation.

Par ailleurs, les départs à l'initiative du salarié sont supérieurs à la moyenne lorsque le jeune a passé entre trois et onze mois au sein du programme, ce qui tendrait à confirmer le rôle de tremplin du dispositif.

Les employeurs déclarent que 72 % des ruptures sont intervenues à l'initiative du salarié, 18 % de leur propre initiative et 10 % d'un commun accord pour occuper un autre emploi chez le même employeur. Les jeunes enquêtés déclarent, quant à eux, que l'initiative de la rupture leur incombe à 64,5 % contre 18,5 % pour leur employeur et 17 % d'un commun accord.

Parmi les jeunes ayant rompu d'eux-mêmes, près d'un sur deux a mis fin à son contrat parce qu'il avait trouvé un autre emploi qui lui convenait mieux, quatre sur dix l'ont fait car ils n'étaient pas satisfaits de leurs conditions de travail et près de 15 % pour des raisons personnelles.

Résultats d'une enquête auprès des jeunes sortis du dispositif 16 ( * )
" Votre emploi-jeune vous a-t-il permis... "

(en %)

Source : MES-DARES, enquête auprès des jeunes sortis du programme NSEJ

" Avez-vous le sentiment que votre " emploi-jeune " vous a permis... "

(en %)

Source : MES-DARES, enquête auprès des jeunes sortis du programme NSEJ

Parmi les jeunes insatisfaits de leur emploi, l'insuffisance de perspectives d'évolution dans l'emploi à l'issue du contrat est citée par les deux tiers, puis vient le fait que l'emploi ne correspondait pas à celui proposé à l'origine (61 %), l'insuffisance voire le manque total de formation (57 %), les mauvaises relations avec l'employeur (50 %) et le manque d'encadrement.

Il apparaît, par ailleurs, que plus de la moitié des jeunes (56 %) occupent immédiatement un emploi salarié à la sortie du programme alors que 31 % se retrouvent au chômage et 6 % reprennent des études.

Situation des jeunes immédiatement après la sortie du programme
et au moment de l'interrogation

(en %)

Source : MES-DARES, enquête auprès des jeunes sortis du programme NSEJ

Pour ce qui est de la nature de l'emploi retrouvé, on remarque que les jeunes qui étaient précédemment salariés d'une association sont les seuls à ne pas retrouver majoritairement un emploi dans le secteur public (collectivités territoriales ou établissements publics) mais se partagent entre entreprises privées et secteur associatif.

Les jeunes sortis du dispositif ont majoritairement un avis positif de cette expérience (57 %). Néanmoins, cet avis n'est pas sans nuances puisque 58 % estiment que le programme ne leur a pas permis d'élaborer de projet professionnel. On peut trouver une raison à cela dans le déficit de formation. Celle-ci était prévue dans 80 % des contrats mais n'a été effectivement dispensée qu'à 28 % des jeunes. Cette situation explique peut-être aussi pourquoi les jeunes ayant retrouvé un emploi ne sont que 36 % à estimer que leur activité est en lien avec l'emploi qu'ils occupaient auparavant.

Les trois éléments positifs et négatifs les plus cités

(en %)

Eléments positifs

Eléments négatifs

Lier des contacts

32

23

Salaire faible

Avoir une expérience personnelle

21

23

Manque de structuration

Avoir un salaire

19

20

Encadrement peu sympathique

Source : MES-DARES, enquête auprès des jeunes sortis du programme NSEJ

La nature des principales faiblesses du programme emplois-jeunes (faible rémunération, encadrement insuffisant...) comme celle des points positifs (lier des contacts, acquérir une expérience professionnelle) laissent penser que le programme a plus agi comme un dispositif d'insertion professionnelle d'urgence développé pour répondre à un fort taux de chômage des jeunes dans une période de faible croissance que comme un programme de créations de nouveaux métiers.

* 15 DARES, Premières informations et premières synthèses, " Les sorties du programme " nouveaux services - emplois-jeunes " ", novembre 2000, n° 47.2.

* 16 La DARES a accompagné son travail d'analyse des conventions d'une enquête par sondage des jeunes sortis du dispositif dont nous reproduisons les réponses à deux questions concernant l'apport de cette expérience pour les jeunes.

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