EXAMEN EN COMMISSION

Au cours de sa réunion du mardi 13 novembre 2001, la Commission des Affaires économiques a procédé à l'examen du rapport pour avis de M. Jean-Marc Pastor sur les crédits consacrés à l'agriculture inscrits au projet de loi de finances pour 2002.

En réponse à M. Jean-Marc Pastor, qui souhaitait obtenir des précisions quant à l'éventualité d'une réforme de fond de la PAC, M. Gérard César, rapporteur pour avis, a, tout d'abord, précisé que cette possibilité avait été évoquée par certains Etats membres au printemps dernier.

M. Jean-Paul Emorine a insisté sur le caractère dramatique de la situation actuellement vécue par le monde de l'élevage, auquel ni le budget de l'Etat, ni la politique agricole commune ne semblaient plus offrir d'avenir. Il a souligné l'absence de perspective économique pour les jeunes agriculteurs qui venaient de s'installer après avoir consenti d'importants efforts de formation. Il a, enfin, mis en garde contre les conséquences d'une disparition de l'élevage en termes d'occupation de l'espace rural.

M. François Gerbaud a conforté les propos tenus par M. Jean-Paul Emorine.

M. Hilaire Flandre s'est inquiété de la diminution considérable du nombre d'installations, qui risquait d'entraîner une désertification d'une partie du territoire, estimant toutefois que cette diminution n'était pas imputable à l'insuffisance des aides, mais à l'absence de perspectives d'avenir. Il a également craint que la prise en compte, dans les statistiques, du stock de bovins invendus, ne gonfle de manière trompeuse leurs résultats s'agissant du revenu des éleveurs. Il a déploré que le rapport sur l'assurance-récolte, prévu par la loi d'orientation agricole du 9 juillet 1999, n'ait pas encore été transmis au Parlement.

M. Bernard Joly a considéré que seule la reprise de la consommation de viande bovine permettrait une sortie de crise.

En réponse, M. Gérard César, rapporteur pour avis, a indiqué qu'il craignait que les aides directes annoncées ne soient versées tardivement aux éleveurs dès lors qu'une enquête devait préalablement être conduite. Il a également souligné que les moyens alloués par la PAC risquaient d'être réduits à l'avenir, notamment en raison de l'élargissement de l'Union européenne. Il a ensuite précisé que le nombre d'installations aidées était passé d'environ 10.000 en 1997 à 6.314 en 2000. A propos de l'assurance-récolte, il a rappelé que le ministre de l'agriculture avait déjà annoncé, l'année dernière, la publication imminente du rapport Babusiaux sur la gestion des risques en agriculture. Dans l'optique d'une reconquête de la consommation de viande bovine, il a souhaité que des moyens supplémentaires soient alloués à l'Office national interprofessionnel des viandes, de l'élevage et de l'aviculture (OFIVAL) et que celui-ci initie des campagnes de communication mettant davantage l'accent sur les garanties de la viande française en termes de qualité et de traçabilité.

M. Hilaire Flandre a souligné que la remontée du niveau de consommation passait également par une modération des marges prélevées par la grande distribution.

M. Patrick Lassourd a plaidé en faveur d'une réglementation du partage de la marge nette entre les différents maillons de la filière bovine, afin d'éviter qu'elle soit captée par les distributeurs, en particulier à travers le mécanisme dit de la « marge arrière ». Il a insisté sur la dimension politique du problème de l'avenir de l'élevage. Il a également souhaité l'adoption d'une définition économique de l'entreprise agricole.

M. Gérard Bailly a attiré l'attention sur les difficultés économiques rencontrées actuellement par les organisations de producteurs. Après avoir constaté l'effort financier insuffisant consenti en faveur des allègements de charges, il a insisté sur les pertes de revenus subies par les communes forestières du fait de la non-valorisation du bois.

M. Jean-Marc Pastor a abondé dans le sens de M. Hilaire Flandre s'agissant de la baisse tendancielle du nombre d'installations. Il a estimé qu'il faudrait, compte tenu de l'évolution du contexte agricole, avoir le courage de traiter les problèmes en suspens lors de la révision à mi-parcours de la politique agricole commune. Il a considéré les contrats territoriaux d'exploitation comme une forme de redistribution des aides européennes, traduisant la mise en place d'un nouveau modèle agricole en rupture avec la logique libérale. Toute notre agriculture ne peut, a-t-il ajouté, être régie de manière purement concurrentielle. Il a plaidé, à titre d'exemple, pour le maintien de l'encadrement du marché laitier par des quotas. Enfin, il a considéré que le projet de budget de l'agriculture s'inscrivait dans la poursuite de cette réflexion visant à offrir à l'agriculture une alternative à la pure logique libérale.

M. Gérard Le Cam a souligné que les crises récentes avaient contribué à l'aggravation de la situation de l'agriculture, dont les difficultés n'étaient toutefois pas imputables à la conduite d'une politique de gauche. Il a insisté sur la nécessité de réfléchir à la mise en place de prix rémunérateurs dans le domaine agricole, rappelant qu'il avait interrogé le ministre de l'agriculture et de la pêche sur ce point. Jugeant préoccupant le problème de l'installation des jeunes, il a fait part de son intention d'intervenir sur ce sujet lors de la discussion de la loi de finances.

En réponse, M. Gérard César, rapporteur pour avis, a indiqué que le groupe de travail sur la crise bovine se pencherait sur la question du partage des marges au sein de la filière. Il a fait observer que la fragilisation de l'organisation économique agricole risquait d'avoir des conséquences en termes d'emploi. Il a insisté sur l'insuffisance, dans ce contexte, des dotations allouées au Fonds d'allègement des charges financières (FAC) ainsi qu'au dispositif « agriculteurs en difficultés ». Il a indiqué que la commission allait également réfléchir, dans le cadre d'un groupe de travail, aux inflexions à apporter à la PAC lors de la révision à mi-parcours. Regrettant que les contrats territoriaux d'exploitation (CTE) soient souvent conclus dans le but de percevoir des aides, et qu'ils privilégient davantage les aspects environnementaux que la dimension économique, il a fait observer que la récente augmentation du nombre de contrats signés n'avait pu être obtenue que grâce à une simplification drastique de la réglementation applicable. Enfin, il a souligné que la question des prix rémunérateurs ne pourrait être réglée qu'au niveau européen.

M. Gérard Larcher, président, a souhaité que la commission formule des propositions précises sur les modifications à apporter à la PAC. Prenant l'exemple de la diminution significative du nombre d'installations en céréaliculture, il a indiqué que c'était bien un problème de revenu qui était en cause.

Sur proposition du rapporteur pour avis, la commission a émis un avis défavorable à l'adoption des crédits consacrés à l'agriculture dans le projet de loi de finances pour 2002, le groupe socialiste se prononçant, quant à lui, en faveur de leur adoption, et le groupe communiste républicain et citoyen s'abstenant.

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