CHAPITRE II -

TABLEAU DE L'INDUSTRIE FRANÇAISE

I. UNE PLACE TOUJOURS MAJEURE DANS L'ÉCONOMIE

A. L'INDUSTRIE, UN MOTEUR DE L'ÉCONOMIE FRANÇAISE

1. Une part importante du PIB

Avec la crise des années 1970 et le déclin des industries traditionnelles au profit des services, l'industrie française, en particulier manufacturière, semblait vouée à une lente décrue de son poids dans l'économie. Mais, depuis le milieu des années 1990, la part de la valeur ajoutée de l'ensemble de l'industrie dans le produit intérieur brut a de nouveau augmenté. Elle s'est stabilisée à 15 % depuis trois ans pour l'industrie, hors énergie et industries agroalimentaires (IAA), ce qui constitue le record des vingt dernières années.

A un rythme de 4 % par an ces quatre dernières années, la production industrielle a cru plus rapidement que celle des autres secteurs de l'économie. La diminution apparente de son poids dans l'économie n'est que le reflet du transfert de la richesse créée par l'industrie vers les autres secteurs (via la baisse relative des prix industriels).

En terme d'emplois directs , le poids de l'industrie dans le total des emplois est à peu près stable depuis 1997. Si l'on ajoute aux emplois industriels les 250.000 intérimaires de l'industrie (statistiquement affectés dans les services), ce poids est en augmentation d'environ 50.000 emplois en quatre ans. L'emploi manufacturier augmente donc, et sa part relative dans l'emploi total diminue moins rapidement ces dernières années. De plus, la croissance de l'emploi industriel l'an dernier (+68.000 courant 2000), a été la plus élevée depuis 25 ans.

Le tableau ci-après rappelle les poids relatifs des différents secteurs dans l'emploi total :

EMPLOI INTÉRIEUR PAR BRANCHE (EN ÉQUIVALENT TEMPS COMPLET)

 

1997

1998

1999

2000

 

1997

1998

1999

2000

 

Milliers d'emplois

 

Part dans l'emploi total (en %)

Agriculture

1 131

1 111

1 092

1 066

 

5,2

5,1

4,9

4,7

Ind. agroalimentaires

550

557

561

564

 

2,5

2,5

2,5

2,5

Ind. manufacturière

3 103

3 103

3 091

3 115

 

14,3

14,2

13,9

13,7

Energie

232

213

209

209

 

1,1

1,0

0,9

0,9

Construction

1 439

1 436

1 453

1 497

 

6,6

6,6

6,5

6,6

Services marchands

9 043

9 288

9 597

9 966

 

41,8

42,5

43,2

43,9

Services administrés

6 154

6 163

6 222

6 295

 

28,4

28,2

28,0

27,7

Total emploi salarié

21 656

21 873

22 223

22 712

 

100%

100%

100%

100%

Source: Insee - Comptes nationaux 2000

*L'intérim industriel est comptabilisé dans les services marchands et non dans l'industrie

Avec le ralentissement économique en cours, le poids de l'industrie dans l'économie nationale devrait s'infléchir à nouveau. Compte tenu du ralentissement des carnets de commande et des perspectives de production dans l'industrie depuis le début de l'année, un retournement de l'emploi industriel est attendu par l'Insee sur le second semestre 2001 : après avoir crû de 0,5 % au premier semestre, il devrait baisser de 0,4 % au second. Les prévisions en termes d'activité font état d' une baisse attendue, toutefois moins rapide que celle observée dans la première moitié des années 1990.

Le poids de l'industrie est, aujourd'hui, particulièrement important en termes de valeur ajoutée, comme le montre le tableau suivant :

VALEUR AJOUTÉE PAR BRANCHE :
LA PART DE L'INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE

 

1997

1998

1999

2000

2000

 

1997

1998

1999

2000

2000

 

Valeur ajoutée
(en millions d'euros 95)

En millions d'euros2000

 

part dans le PIB
(euros 1995 en %)

En millions d'euros
2000

Agriculture

38

39

40

40

37

 

3,4

3,3

3,3

3,2

2.8

Ind. agroalimentaires

29

30

29

29

33

 

2,6

2,5

2,4

2,4

2.6

Ind. manufacturière

180

189

194

201

191

 

16,0

16,3

16,2

16,4

14.9

Energie

30

33

34

35

44

 

2,7

2,8

2,8

2,8

3.4

Construction

49

49

50

52

58

 

4,4

4,2

4,2

4,2

4.5

Services marchands

568

588

611

630

288

 

50,5

50,7

51,2

51,4

51.6

Services administrés

230

233

236

241

259

 

20,5

20,1

19,8

19,6

20.1

Total France (PIB)

1 124

1 160

1 193

1 227

1288

 

100%

100%

100%

100%

100%

Source: Insee - Comptes nationaux 2000

(*) PIB hors impôts sur les produits et hors correction bancaire (cf. branche unité fictive)


Décomposées par branche, les évolutions de la valeur ajoutée et de l'emploi au sein de l'industrie manufacturière reflètent la percée de l'automobile , la place des autres branches d'activités industrielles dans l'ensemble de l'industrie étant relativement stable :

VALEUR AJOUTÉE PAR BRANCHES MANUFACTURIÈRES

 

1997

1998

1999

2000

2000

 

1997

1998

1999

2000

2000

 

Valeur ajoutée
(en millions d'euros 95)

en millions d'euros 2000

 

Part dans la VA manufacturière (en %)

en millions d'euros 2000

Ind. manufacturière

180

189

194

201

191

 

100

100

100

100

100

B. de consommation

39

39

41

41

40

 

21,5

20,6

21,0

20,5

20.9

Industrie automobile

17

19

20

21

19

 

9,5

10,1

10,4

10,7

10.0

Biens d'équipement

41

45

45

47

45

 

23,0

23,9

23,3

23,5

23.6

Biens intermédiaires

83

86

88

91

87

 

46,1

45,4

45,3

45,4

45.6

Source: Insee - Comptes nationaux 2000

2. Une année 2000 satisfaisante

L'année 2000 est, pour l'industrie française, celle de la sortie des conséquences de la crise asiatique . Au début de l'année, l'activité des branches manufacturières s'est inscrite dans le prolongement de la fin 1999, avec une progression légèrement atténuée. Elle a été portée par la vigueur de la demande mondiale et européenne, et a bénéficié d'un taux de change de l'euro qui a renforcé la compétitivité-prix des exportations. Durant cette première phase, les principales composantes de la demande intérieure (consommation des ménages et investissement des entreprises) sont restées bien orientées.

A partir de la fin du premier semestre, la hausse du prix des produits pétroliers a opéré une ponction sur le pouvoir d'achat des ménages, et la consommation s'est ralentie. Un mouvement analogue s'est produit dans les principaux pays européens, freinant les exportations françaises. La progression de l'activité industrielle s'est infléchie.

En fin d'année, la consommation des ménages est repartie en hausse, hors automobile, grâce aux effets conjugués du reflux des prix de l'énergie, des baisses d'impôt et de la poursuite des créations d'emplois. Parallèlement, les exportations se sont redressées et ont retrouvé leur niveau de la fin du premier semestre. La production manufacturière a renoué alors avec un rythme de croissance élevé.

En 2000, la croissance de la production industrielle hors énergie et IAA a ainsi atteint 4,6 % en volume . Cette croissance a eu des répercussions en termes de création d'emplois : en la matière, il faut remonter à avant la crise du milieu des années 1970 pour retrouver un résultat équivalent à celui de l'année 2000. Le nombre de salariés de l'industrie a augmenté, en effet, de 68.000. Les deux tiers travaillent dans les entreprises de biens intermédiaires, qui ne pèsent que 40 % de la valeur ajoutée industrielle. Par ailleurs, l'intérim a continué de croître (+ 19 %), et on peut estimer à plus de 42.000 le nombre d'emplois en équivalent temps plein supplémentaires représentés par les missions effectuées dans l'industrie manufacturière. Au total, ce sont donc environ 110.000 emplois qui ont été créés par l'industrie en 2000.

3. La situation des entreprises industrielles

S'agissant de la situation financière des entreprises industrielles françaises, depuis cinq ans, leur rentabilité a nettement progressé.

Après une légère contraction des bénéfices en 1999, due aux retombées de la crise asiatique, les résultats nets comptables des entreprises industrielles rebondissent en 2000, avec une augmentation de plus de 50 %. Rapportés au chiffre d'affaires, ils augmentent de 2,4 % à 3,4 %. Les résultats sont élevés dans les biens d'équipement et les biens intermédiaires, avec seulement quelques contre-performances dans l'édition et les équipements électriques et électroniques. La plus forte croissance des résultats est celle de la pharmacie-parfumerie et des constructeurs automobiles, confirmant ainsi le rôle moteur joué par ces secteurs depuis plusieurs années. Si les résultats de l'exercice 2000 sont excellents, l'année 2001 s'annonce, là encore, sous des auspices bien moins favorables .

Depuis 1999, pour financer le développement de leurs investissements et, plus encore, leurs implantations à l'étranger, les entreprises industrielles sont davantage emprunté . Après plusieurs années de baisse, l'endettement a crû en moyenne de 10 % en 1999. Ce phénomène caractérise essentiellement les grandes entreprises (+ 15 % de l'endettement) via les apports de groupe mais aussi des emprunts bancaires, qui croissent de près de 30 % en 1999. En revanche, les PMI n'ont augmenté que de 4 % leur endettement total, comme leur endettement bancaire (emprunts et crédits courants).

Avec la hausse du coût du crédit depuis 1999, ce recours accru aux ressources externes contribue, en 2000, à augmenter la vulnérabilité de certaines entreprises, ce qui interrompt le mouvement d'amélioration globale de leur structure financière entamé ces dernières années.

Une étude récente du ministère de l'industrie 4( * ) indique que le poids des créances commerciales diminue régulièrement depuis dix ans, résultat d'une réduction des délais de paiement dans l'industrie . Celle-ci profiterait davantage aux grandes entreprises qu'aux PMI, l'industrie française restant toutefois globalement handicapée par rapport aux industries allemande et américaine, où les règlements commerciaux sont plus rapides.

Pour 2000, d'après les données partielles des PMI adhérant à la Centrale des bilans de la Banque de France, on observerait une amélioration des résultats et des capacités de financement , le financement des investissements sur ressources propres augmentant. Si l'endettement semble s'accroître, la solvabilité s'améliorerait, grâce à un recours plus important au financement de long terme et à une participation accrue des groupes et associés, prolongeant ainsi les tendances déjà constatées en 1999.

Depuis trois ans, l'investissement du secteur manufacturier progresse rapidement, à un rythme annuel moyen de 11 %, comblant ainsi le retard pris entre 1991 et 1994. Ainsi en 2000, l'investissement matériel serait comparable à celui observé à la fin des années 1980, où un niveau record avait été atteint. Le dynamisme de la demande de ces trois dernières années a induit une forte progression des tensions sur les capacités de production . Aussi, bénéficiant encore de bonnes perspectives de débouchés et de conditions de financement favorables, l'investissement matériel s'est accru de 15 % en 2000, après des hausses proches de 6 % en 1998 et 1999.

Mises à part l'industrie textile (-17 %) et l'industrie de l'habillement (+1 %), tous les secteurs participent à la croissance forte de l'investissement de ces trois dernières années. Mais ce sont les secteurs de l'automobile (+ 49 %) et des composants électriques et électroniques (+ 121 %), secteurs dont les investissements sont très cycliques, qui enregistrent les meilleurs scores. Viennent ensuite les secteurs des équipements électriques et électroniques (+ 37 %) et de la chimie (35 %). L'effort d'investissement est plus soutenu dans les grandes entreprises (+ 42 %), qui ont un poids économique important dans l'automobile ou dans les composants électroniques, que dans les petites entreprises (+ 25 %).

Selon l'enquête de l'Insee sur l'investissement d'avril 2001, les industriels revoient à la baisse les projets d'investissement qu'ils faisaient en janvier 2001 . En conséquence, l'investissement ne devrait croître, au mieux, que de 6 % en 2001. Les effets sur la croissance des attentats du 11 septembre dernier ne feront sans doute qu'amplifier le mouvement.

B. L'INTERNATIONALISATION DE L'INDUSTRIE FRANÇAISE

1. Des exportations croissantes, mais un solde industriel détérioré

La production industrielle française est de plus en plus tournée vers l'exportation . En 2000 et début 2001, l'exceptionnel dynamisme de la demande mondiale a bénéficié aux exportations. Alors qu'elles ne représentaient qu'un tiers de la production industrielle en 1995, elles en représentent 38 % en 1999 et 42 % en 2000 . Les deux tiers de ces exportations sont destinées à l'Union Européenne. Les composants électriques et électroniques (71 %), la construction navale aéronautique et ferroviaire (69 %), et les équipements électriques et électroniques (62 %) sont les secteurs les plus exportateurs. Viennent ensuite la chimie (52 %), l'habillement-cuir (50 %), la pharmacie (49 %) et la construction automobile (47 %). La production agroalimentaire (18 %), l'édition (7 %) et les produits minéraux (22 %) sont au contraire essentiellement destinés au marché national. Le tableau ci-dessous résume l'ensemble de ces données :

PART DE LA PRODUCTION INDUSTRIELLE EXPORTÉE
DANS LE MONDE ET AU SEIN DE L'UNION EUROPÉENNE

 
 

1990

1995

1998

1999

2000

Produits manufacturés (y c. IAA)

monde

28%

33%

38%

38%

42%

 

UE

 
 

(24%)

(25%)

(26%)

Viande et lait

monde

13%

17%

17%

17%

18%

 

UE

 
 

(12%)

(12%)

(12%)

Autres industries alimentaires

monde

13%

16%

18%

17%

17%

 

UE

 
 

(12%)

(12%)

(12%)

Habillement et cuir

monde

26%

34%

42%

45%

50%

 

UE

 
 

(23%)

(24%)

(26%)

Edition, imprimerie, reproduction

monde

6%

7%

7%

7%

7%

 

UE

 
 

(4%)

(4%)

(4%)

Pharmacie, parfumerie, entretien

monde

25%

34%

43%

45%

49%

 

UE

 
 

(24%)

(26%)

(27%)

Equipement du foyer

monde

33%

38%

46%

45%

51%

 

UE

 
 

(29%)

(28%)

(30%)

Construction et équipements automobiles

monde

38%

40%

45%

45%

47%

 

UE

 
 

(36%)

(37%)

(37%)

Construction aéronautique, navale, ferroviaire

monde

47%

61%

60%

60%

69%

 

UE

 
 

(15%)

(20%)

(21%)

Equipements mécaniques

monde

33%

37%

44%

43%

44%

 

UE

 
 

(24%)

(24%)

(25%)

Equipements électriques et électroniques

monde

32%

40%

52%

52%

62%

 

UE

 
 

(32%)

(32%)

(38%)

Produits minéraux

monde

18%

20%

22%

22%

22%

 

UE

 
 

(14%)

(14%)

(14%)

Industrie textile

monde

31%

36%

43%

43%

47%

 

UE

 
 

(28%)

(27%)

(29%)

Bois et papier

monde

18%

22%

25%

26%

27%

 

UE

 
 

(19%)

(20%)

(21%)

Chimie, caoutchouc, plastiques

monde

39%

45%

49%

50%

52%

 

UE

 
 

(35%)

(35%)

(37%)

Métallurgie et transformation des métaux

monde

26%

28%

28%

28%

31%

 

UE

 
 

(20%)

(21%)

(22%)

Composants électriques et électroniques

monde

36%

51%

63%

63%

71%

 

UE

 
 

(35%)

(33%)

(36%)

Source : Insee (comptes nationaux) et Douanes pour la part exportée

En termes de parts de marché mondiales , l'industrie française a maintenu, en 2000, sa position en volume, mais, en valeur, cette part diminue en raison de la baisse de l'euro et de la hausse des prix des produits pétroliers et des matières premières.

Depuis 1990, on constate toutefois un effritement de la part de marché mondiale de l'industrie française , assez comparable à ceux du Royaume-Uni ou de l'Italie, mais inférieur au recul des parts de marché de l'industrie allemande. Au cours de la décennie, des gains significatifs ont toutefois été réalisés dans l'électronique grand public, les matériels de télécommunications ou l'aéronautique (ceci malgré de fortes fluctuations).

PARTS DE MARCHÉ MONDIALES EN PRODUITS MANUFACTURIERS
(% EN VALEUR)

 

1990

1995

1996

1997

1998

1999

2000

France

8,1

7,7

7,5

7,4

7,7

7,4

6,9

Allemagne

18,0

16,0

15,0

15,0

15,0

15,0

14,0

Royaume-Uni

7,2

6,7

7,1

7,4

7,2

6,9

6,4

Italie

7,3

6,9

7,3

6,7

6,6

6,1

5,8

Japon

13,7

14,4

13,0

12,9

11,5

12,2

13,0

Etats-Unis

14,6

14,9

15,5

17,2

17,0

17,2

18,3

Source : Direction de la prévision

(parts de marché : exportations du pays/somme des exportations des 24 pays de l'OCDE)


L'excédent commercial français en biens manufacturés est en net recul en 2000. L'excédent commercial de l'industrie civile manufacturière (y compris les IAA) s'élève en 2000 à 10,9 milliards d'euros, au lieu de 15,4 milliards d'euros en 1999. Cette forte contraction de l'excédent industriel relève avant tout de l'exceptionnelle croissance des importations , en volume et en prix, et ne reflète pas automatiquement un effritement de la compétitivité, comme en témoignent la forte progression des exportations et le montant important des grands contrats.

Le solde commercial de la branche des biens d'équipement atteint un niveau record (7,4 milliards d'euros), en progression notable grâce aux bonnes performances de l'industrie aéronautique (164 Airbus vendus) et de la téléphonie mobile (solde de 3 milliards d'euros en 2000 après 1 milliards d'euros en 1999). L'industrie automobile réalise, avec 9 milliards d'euros, le plus fort excédent commercial de l'industrie .

En revanche, la place grandissante des technologies de l'information dans l'économie française contribue à l'aggravation du déficit extérieur industriel, pour un montant de 1 milliard d'euros en 2000.

La consommation des ménages est restée élevée et s'est traduite par une hausse soutenue des importations (17 %), ce qui alourdit de 2 milliards d'euros le déficit de la branche des biens de consommation, et ceci malgré la bonne tenue des exportations.

L'utilisation plus intensive des capacités de production en France au cours de l'année 2000 a induit une demande accrue des biens intermédiaires, elle-même amplifiée par la hausse des prix des produits à fort contenu énergétique et de certaines matières premières. Ceci génère le plus fort déficit extérieur en biens intermédiaires depuis 1992 (-5,9 milliards d'euros au lieu de -0 ,6 milliards d'euros en 1999).

Globalement, la chute de l'excédent commercial (y compris énergétique) se concentre essentiellement sur trois grandes zones géographiques : l'Europe (-10 milliards d'euros), l'Asie (-4 milliards d'euros), le Proche et le Moyen-Orient (-3 milliards d'euros). Inversement, les soldes s'amélioreront avec l'Amérique (+1,3 milliards d'euros) et l'Afrique (+0,5 milliards d'euros). L'explosion de la facture énergétique accentue le déséquilibre des échanges avec les pays producteurs de pétrole, alors que l'augmentation des achats de biens de consommation et de biens intermédiaires explique l'accroissement des déficits avec la Chine et l'Allemagne.

2. Des investissements directs à l'étranger qui concernent surtout les grands groupes

S'agissant des investissements directs à l'étranger des industries françaises , comme cela sera détaillé dans le chapitre III du présent rapport, leur flux s'accélère considérablement ces dernières années.

Aussi, après des années d'investissement à l'étranger, une partie importante de l'« industrie française » est désormais localisée à l'étranger. La production des groupes industriels français hors de l'Hexagone, dépasse désormais de beaucoup leurs propres exportations . Il y a aujourd'hui, sur les marchés étrangers, autant sinon plus de produits fabriqués par des entreprises françaises à l'étranger que de produits français exportés. On estime que la production industrielle française à l'étranger représente environ un quart de la production totale effectuée à l'intérieur et hors du territoire national .

Certes, cette internationalisation concerne avant tout les grands groupes. Les investissements (comme d'ailleurs les exportations) directs à l'étranger reposent sur un nombre restreint de grands intervenants. Comme le souligne un rapport du secrétariat d'État à l'industrie sur l'industrie française et la mondialisation, la part des emplois à l'étranger est d'autant plus forte que la taille des firmes considérées est élevée. Si l'on considère seulement les dix groupes français les plus implantés à l'étranger, leur emploi à l'étranger représente 56 % de leur emploi total. Ces 10 groupes contrôlent plus du tiers des emplois totaux des entreprises françaises à l'étranger. Le critère de la production à l'étranger permet de parvenir aux mêmes conclusions que celui de l'emploi à l'étranger. Le degré d'engagement dans la production à l'étranger est fonction de la taille du groupe. Plus le groupe est important, plus il est tourné vers l'extérieur.

Votre commission s'inquiète de la lenteur du processus d'internationalisation des PMI révélée par cette étude.

Les investissements français à l'étranger sont, en outre, concentrés sur un nombre limité de secteurs , parmi lesquels l'énergie et les produits chimiques. Les quatre premiers secteurs (où figurent aussi le crédit et les assurances) sont à l'origine de près de 40 % des investissements français à l'étranger. L'analyse des investissements français à l'étranger en 1999 montre qu'ils se sont majoritairement orientés vers l'industrie manufacturière (53 % des flux sortants). L'essentiel des investissements est réalisé par l'industrie chimique (29 %), l'activité du raffinage et autres services de traitement (15 %) et l'industrie automobile (5 %). On trouve ensuite le secteur de l'électricité et du gaz (17 %).

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