I. UNE PRIORITÉ : RÉDUIRE LE DÉFICIT DE L'ASSURANCE MALADIE
Sans présager des conclusions du Haut conseil pour l'avenir de l'assurance maladie, installé par le Premier ministre le 13 octobre 2003 dans le but d'établir un diagnostic partagé de notre système de santé et d'assurance maladie, et de réfléchir à des pistes de réforme structurelle permettant de dégager des économies substantielles, le présent projet de loi de financement de la sécurité sociale propose diverses mesures d'économies permettant notamment de réduire de 3,1 milliards d'euros le déficit de la branche maladie du régime général de la sécurité sociale prévu par la commission des comptes de la sécurité sociale dans son rapport de septembre 2003.
A. UNE SITUATION PRÉOCCUPANTE : LES DÉFICITS RECORDS DE L'ASSURANCE MALADIE EN 2002 ET 2003
1. La situation comptable préoccupante de la branche maladie
Le
constat établi par la commission des comptes de la
sécurité sociale dans son rapport de septembre 2003 est
particulièrement alarmant. Selon ce rapport en effet, «
les
prévisions de résultats des régimes de
sécurité sociale pour 2003 et 2004 conduisent à des
déficits très préoccupants. Le solde du régime
général en 2003 (- 8,9 milliards d'euros) serait proche du point
le plus bas enregistré au cours de la décennie 90 (- 10,3
milliards d'euros en 1995), et se dégraderait encore plus sensiblement
en 2004 si aucune mesure correctrice n'était prise.
La situation de
l'assurance maladie, qui explique l'essentiel du déficit global, est la
plus alarmante. La progression, de ses charges, toujours très forte et
très supérieure à celle de ses recettes, entraîne un
creusement rapide de son déficit
».
Si l'on observe en effet la situation de l'ensemble des régimes de base
et complémentaires, on constate que le déficit du régime
général est quasi exclusivement concentré sur la branche
maladie, le déficit de cette dernière étant
« exponentiel » depuis 2001.
Résultats de l'ensemble des régimes de base et
complémentaires,
|
||||
(en milliards d'euros) |
||||
2001 |
2002 |
2003 (p) |
2004 (p) |
|
Régime général |
||||
Maladie |
-2,1 |
-6,1 |
-10,6 |
-14,1 |
Accidents du travail |
0 |
0 |
-0,1 |
-0,2 |
Vieillesse |
1,5 |
1,7 |
1,5 |
0,6 |
Famille |
1,7 |
1 |
0,3 |
0 |
Total régime général |
1,2 |
-3,5 |
-8,9 |
-13,6 |
FSV |
-0,1 |
-1,4 |
-0,9 |
0,7 |
FOREC |
1,6 |
0,2 |
-0,4 |
|
Ensemble des régimes de base |
6 |
-3,7 |
-9,4 |
-13,4 |
Ensemble des régimes complémentaires |
3,3 |
7,7 |
-6,1 |
|
Source : commission des comptes de la sécurité sociale (septembre 2003) |
La
conjoncture économique exceptionnelle des années 1999 à
2001 n'avait pas suffi à rétablir l'équilibre financier de
la branche maladie. Le solde a en effet été constamment
déficitaire depuis 1989. La mauvaise conjoncture des années 2002
et 2003, conjuguée à ce déséquilibre structurel,
conduira le déficit de la branche maladie à plus de 10 milliards
d'euros en 2003 et, en l'absence de mesures correctrices, à 14 milliards
d'euros en 2004. La dégradation du solde est donc extrêmement
rapide. En outre, la disparition des excédents des autres branches
interdit désormais tout transfert de recettes vers l'assurance maladie.
Comme le soulignent la commission des comptes de la sécurité
sociale ainsi que la Cour des comptes dans leur rapport respectif de septembre
2003, le niveau de déficit de l'assurance maladie interdit aujourd'hui
tout retour spontané à l'équilibre. Il suffit de comparer
le déficit de la CNAM à l'évolution des recettes de
cotisations et d'impôts affectés à la branche pour s'en
rendre compte.
Déficit de la Caisse nationale d'assurance maladie
rapporté
aux recettes de cotisations et d'impôts
affectés
(en %)
Source : commission des comptes de la sécurité sociale