C. LA POSTE ET LE SERVICE PUBLIC

Pour votre Commission des Affaires économiques, attachée à la préservation d'un service public efficient, la question des missions de service public confiées à La Poste, de leur étendue et de leur financement est cruciale. C'est la raison pour laquelle elle a approuvé la création, préconisée dans le rapport précité de M. Gérard Larcher, d'un « fonds de solidarité territoriale » susceptible de mobiliser des crédits au bénéfice des zones fragiles lorsque l'Etat le juge nécessaire pour assurer la présence postale.

Votre commission se réjouit en conséquence que sa constitution soit clairement évoquée aussi bien par l'article 7 du projet de loi relatif à la régulation postale que par le § 3.1 du CPC. Elle note qu'au surplus, la CSPTT a souligné dans son propre avis sur le CPC la nécessité de conforter dès maintenant le principe d'un fonds de péréquation « réservé au maintien du réseau au-delà des exigences du service universel [qui] paraît de nature à clarifier le rôle de La Poste et à la placer dans des conditions d'équité concurrentielle . » Elle se félicite également de l'invitation faite, dans ce même contrat, à la CSPTT à participer à une réflexion sur la meilleure adéquation entre l'effort financier public et l'adaptation de la présence postale au niveau local.

1. Un acteur des services publics territoriaux

Sur le territoire national, le rôle de La Poste se fait sentir par le réseau de points existants qu'elle gère, notamment dans les zones rurales et les quartiers en difficulté.

La présence postale territoriale

La répartition des points de contacts postaux sur le territoire national
constitue un enjeu déterminant en termes d'aménagement du territoire . Au demeurant, si ce phénomène affecte spécialement la France du fait de sa faible densité de population, il touche également l'ensemble des Etats européens. Ainsi, l'évolution du nombre de points de contacts postaux en Europe se caractérise par la tendance à une diminution graduelle. Forte aux Pays-Bas où ces points de contacts passent de 2.539 en 2000 à 2.097 en 2002 (-17,4 %), elle est plus modérée en Allemagne où elle s'établit, en 2002, à 12.818 points de contacts (-6,2 % par rapport à 2000), et à la France où elle reste globalement stable passant de 17.168 points en 2000 à environ 17.000 en 2002 (-1 %).

La question de la présence postale sur le territoire national est au coeur des préoccupations des Français et de leurs élus, c'est pourquoi, en vertu de l'article 29 de la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire du 4 février 1995 modifiée, des commissions départementales d'organisation et de modernisation des services public (CDOMS), qui accueillent un représentant de La Poste en tant que de besoin, ont été chargées de l'élaboration des schémas départementaux de services publics . A l'action de ces commissions, s'ajoutent, en vertu du contrat d'objectifs et de progrès conclu par l'Etat et La Poste le 25 juin 1998, des commissions départementales de présence postale territoriale (CDPTT) dont les préfets sont chargés d'assurer la cohérence des travaux avec ceux des CDOMS. En pratique, les CDPTT ont tenu 148 réunions en 2002 , dernière année connue, contre 138 l'année précédente. Elles s'intéressent aux trois métiers de La Poste (courrier, colis-logistiques et services financiers) et ont, selon les informations transmises à votre rapporteur pour avis, eu à débattre, au cours de l'année écoulée, de la création de points de contacts, de la transformation d'agences postales communales, de la création expérimentale de « points poste » par convention avec un commerçant, de la transformation de bureaux de poste en guichets de proximité et du regroupement de tournées de distribution. En 2002 et au cours du premier semestre 2003, on a enregistré 38 créations de bureaux, 51 rénovations et 73 fermetures de points de contacts.

On notera que le contrat de performances et de convergences pour 2003 à 2007 prévoit que La Poste adaptera les formes de sa présence en fonction des besoins de ses clients, des possibilités de partenariat avec les autres services publics, des contraintes de gestion et de l'évolution des points de contact afin de se donner « l'ambition d'une proximité équivalente, mieux adaptée aux besoins réels de ses clients ». Il prévoit également l'instauration du fonds préconisée par votre Commission qui souscrit également à cet objectif.

En ce qui concerne le service public, votre Commission des Affaires économiques émet le voeu que grâce à un dialogue constant entre les partenaires sociaux, le nombre de jours de grève qui a fortement crû, passant de 139.738 en 2002 à 392.369 au premier semestre 2003, se réduise afin d'assurer une meilleure continuité des prestations aux usagers.

La Poste et la politique de la ville

S'il est une entreprise, l'opérateur historique français constitue aussi l'instrument d'un service public qui apporte sa contribution aux politiques nationales au premier rang desquelles figure la politique de la ville. C'est à ce titre que La Poste participe à 36 des 377 comités locaux de sécurité et prévention de la délinquance (CLSPD) constitués en vertu de la loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure du 17 juillet 2002. Elle est également signataire de conventions départementales conclues entre le directeur de La Poste et le préfet pour assurer la présence postale en zone urbaine sensible . Dans ce cadre, La Poste s'est engagée à doubler ses investissements immobiliers à l'occasion de restructurations urbaines en consacrant 60 millions d'euros sur cinq ans à la création et à la rénovation des bureaux de poste dans les territoires prioritaires de la politique de la ville. Après que 10 opérations ont été réalisées pour un coût total de 3,24 M€ en 2002, 20 autres sont programmées en 2004. Conformément à ces mêmes conventions, La Poste dispense des formations spécifiques aux agents exerçant leurs fonctions dans les zones urbaines sensibles (539 agents et 72 cadres en ont bénéficié en 2002). Enfin ces conventions prévoient des actions menées en partenariat avec la Caisse nationale d'allocations familiales, l'Union sociale pour l'habitat, les collectivités locales et l'Etat.

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