A. LES PROGRAMMES D'ÉQUIPEMENT DE L'ARMÉE DE TERRE
Bien qu'encore importants, les financements affectés au programme de char Leclerc diminuent alors que ceux consacrés à l'hélicoptère de combat Tigre progressent, ce dernier étant appelé à devenir le premier programme de l'armée de terre sur le plan financier.
ÉVOLUTION DES CRÉDITS DE FABRICATION EN 2002-2003
(en millions d'euros)
Programmes |
2003* |
2004 |
||
AP |
CP |
AP |
CP |
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Blindés lourds
Char
LECLERC
|
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Blindés légers
Véhicule de combat VBCI
|
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Hélicoptères
Hélicoptère de combat
TIGRE
|
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Feux sol-sol
Obus ACED
Bonus
|
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|
|
Feux sol-air
Missile
très courte portée SATCP/MISTRAL
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|
Communications
Système information-commandement SIC F
|
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|
Équipement du fantassin Système FELIN |
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|
|
|
* Les
montants 2003 incluent les dotations du collectif budgétaire de fin
2002
L'année 2004 verra la livraison de l'avant-dernière tranche de
chars Leclerc
11(
*
)
et celle des
premiers hélicoptères Tigre.
PRINCIPALES LIVRAISONS DE MATÉRIELS EN 2004
Programmes |
Livraisons
|
Cumul des livraisons fin 2004 |
Objectif livraisons
|
Blindés lourds
Char
LECLERC
|
|
377
|
406
|
Blindés légers
Rénovation AMX 10 RC (roues-canon)
|
|
|
|
Hélicoptères Hélicoptère de combat TIGRE |
|
|
|
Feux sol-sol
Obus ACED
Bonus
|
|
|
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Communications
Valorisation réseau RITA
|
|
|
|
En ce qui concerne les commandes, les dotations prévues pour 2004 permettront de finaliser le lancement du programme de défense sol-air moyenne portée, qui comportera, à terme, une capacité de défense antimissiles de théâtre, et d'engager le programme d'équipement individuel du fantassin Felin. Par ailleurs, les dernières commandes liées à la valorisation de l'automoteur d'artillerie AUF1 interviendront l'année prochaine. Il était initialement prévu de commander 70 exemplaires supplémentaires en version AUF2, mais il est aujourd'hui envisagé de substituer à cette commande celle de 72 canons Caesar montés sur camions.
PRINCIPALES COMMANDES DE MATÉRIELS EN 2004
Programmes |
Commandes
|
Cumul des commandes fin 2004 |
Objectif commandes
|
Blindés légers
Rénovation AMX 10 RC (roues-canon)
|
|
|
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Feux sol-sol Rénovation canon automoteur 155 AUF1 |
|
|
|
Feux sol-air
Système MARTHA étape 2
|
|
|
|
Communications
Systèmes d'information régimentaire SIR
|
|
|
|
Équipement du fantassin Système FELIN |
|
|
|
1. Les blindés
Avec 50
chars
livrés l'an prochain, l'armée de terre devrait
disposer en 2004
12(
*
)
de la
quasi-totalité de sa dotation en
chars Leclerc
, les 29
dernières livraisons intervenant en 2005, 14 ans après la sortie
du premier matériel de série. Au total, l'armée de terre
disposera à cette échéance de 406 Leclerc, mais un nombre
significatif des premiers exemplaires n'étant plus opérationnels
aujourd'hui, elle estime ne pouvoir utiliser qu'environ
355 chars
, dont
320 dans les forces et le restant pour la formation et le soutien. Le nombre de
chars
AMX 30 B2 en service devrait quant à lui passer de 100 en
2004 à 35 en 2008, ces matériels étant retirés du
service après 2015.
L'équipement en
dépanneurs
destinés à porter
assistance aux chars lorsqu'ils opèrent en zone
d'insécurité constitue le complément du programme Leclerc.
Leur nombre, initialement fixé à 30, a té ramené
début 2002 à
20 exemplaires
. 15 commandes ont
été passées en 1998 et 5 autres en 2001, mais en raison
d'importants problèmes techniques, les livraisons se limitent à 5
exemplaires. En 2004, 12 dépanneurs supplémentaires seront
livrés, les 3 derniers étant attendus pour 2005.
En ce qui concerne les
autres matériels blindés
,
l'essentiel du parc actuel accuse une moyenne d'âge élevée
de près de 20 ans, et même de 24 ans pour l'AMX10P.
Les
échéances de remplacement
par des matériels
neufs sont lointaines
et sont conditionnées par
deux
programmes
: le
véhicule blindé de combat
d'infanterie (VBCI)
et l'
engin
blindé à roues de
contact (EBRC)
.
Destiné à assurer le transport, la protection et le soutien feu
des groupes de combat des régiments d'infanterie des brigades
blindées et mécanisées, le
VBCI
est un
véhicule à roues qui sera produit en
deux versions
:
le véhicule poste de commandement (VPC), équipé d'un
système d'information régimentaire (SIR) pour permettre aux cinq
officiers et opérateurs embarqués d'exercer le commandement d'une
unité déployée sur le terrain, et le véhicule
combat d'infanterie (VCI), armé d'un canon de 25 mm et d'une
mitrailleuse de 7,62 mm. Il emportera 11 combattants, dont 9 peuvent
débarquer.
Le VBCI devra remplacer progressivement les blindés chenillés
AMX10P et PC. La cible est de
700 véhicules
, 150 VPC et 550 VCI,
ce qui, du moins dans un premier temps, ne permettra pas d'équiper la
totalité des régiments d'infanterie. À plus long terme, et
en fonction des disponibilités financières, d'autres versions du
VBCI pourraient assurer le remplacement de tout ou partie du parc VAB. Le
coût du programme (développement et production) pour 700 VBCI est
évalué à 2,7 milliards d'euros.
Le contrat de réalisation a été notifié en 2000 et
la livraison de 3 prototypes est attendue pour 2004. Les premières
livraisons de série (15 VCI ; 5 VPC) n'interviendront qu'en 2008.
Devant votre commission des affaires étrangères et de la
défense, M. Yves Gleizes, délégué
général pour l'armement, a précisé que les
spécifications du VBCI
avaient été
revues pour
mieux répondre aux besoins actuels de l'armée de terre
. Le
général Thorette, chef d'état-major de l'armée de
terre a quant à lui précisé que le souci de l'armée
de terre était d'
éviter tout nouveau retard
et de s'en
tenir à la satisfaction des principaux besoins en matière de
mobilité et de protection des personnels. Des améliorations ont
été demandées au constructeur sur la
conception de la
tourelle
. Celle-ci est prévue pour un combattant mais une
étude sera engagée sur la faisabilité et
l'intérêt d'une tourelle « 2 hommes » pour les
véhicules des chefs de section. Le chef d'état-major de
l'armée de terre a fait remarquer que les premiers VBCI n'arriveront
qu'en 2008, soit deux ans après la date initialement prévue,
l'équipement complet de trois régiments n'intervenant qu'à
l'horizon 2012.
L'
engin
blindé à roues de contact (EBRC)
constitue
quant à lui un programme plus lointain destiné au remplacement
des blindés à roues AMX10RC et ERC90 à l'horizon 2015-2020.
Il faut également signaler que la loi de programmation militaire a
prévu l'acquisition en 2005 de
200 véhicules
« à haute mobilité » destinés aux
terrains difficiles
(zones accidentées, boisées,
montagneuses, enneigées, marécageuses, sablonneuses,
lagunaires...) et dotés d'une capacité amphibie. Ils
équiperont des unités de la 27
ème
brigade
d'infanterie de montagne et la 9
ème
brigade
légère blindée de marine. Le choix du modèle,
après consultation des industriels, doit intervenir en 2004.
En l'attente de la réalisation des programmes VBCI et EBRC, des
opérations de rénovation ou de revalorisation
sont
engagées ou prévues sur le parc existant.
La
rénovation de l'AMX RC
a donc été engagée
et s'échelonnera d'ici à 2009. Les améliorations porteront
sur les moyens de communication, la protection et la mobilité, avec pour
objectif de maintenir la capacité opérationnelle de ce char
jusqu'en 2015. Les 49 premiers chars rénovés seront livrés
en 2004, la totalité du parc en service (256 char) devant être
rénovée en 2009.
S'agissant de l'
ERC 90 Sagaie
, qui souffre actuellement d'une
obsolescence de son moteur à essence, 110 engins, sur un parc de 165,
bénéficieront d'une remotorisation d'ici 2007 et d'une
revalorisation de la tourelle d'ici 2009.
Votre rapporteur a également souligné ces dernières
années l'état préoccupant du parc de
blindés
chenillés AMX 10 P
, entrés en service en 1973 (soit un
âge moyen de 24 ans), dont un quart présentent des
fissures
au niveau de la caisse, indépendamment de diverses
obsolescences
touchant notamment le moteur et les boîtes de vitesse. Une
opération de valorisation de ce parc, avec en premier lieu un
renforcement de la caisse, est à l'étude. GIAT-Industries
procède actuellement à un test de « vieillissement
accéléré » de l'engin. Si cette étude est
concluante, le programme de rénovation pourra être lancé
pour un montant de l'ordre de 170 millions d'euros.
Enfin, le
véhicule de l'avant blindé (VAB)
,
décliné aujourd'hui en 29 versions, est lui aussi
caractérisé par un âge moyen de près de vingt ans.
Son successeur n'étant pas envisagé avant 2015, cet engin devra
demeurer en service opérationnel au-delà de 2020. Alors que 3.900
VAB sont actuellement en service, une opération de valorisation est en
cours sur 1.627 engins dits « de contact » (infanterie et
arme blindée). Il s'agit notamment de renforcer la protection par un
surblindage. Entamées en 2000, ces transformations
s'échelonneront jusqu'en 2006.
En ce qui concerne le parc des
véhicules blindés légers
(VBL)
, beaucoup plus récent (âge moyen de 8 ans), mais
particulièrement sollicité en opérations
extérieures, un besoin supplémentaire de 500 véhicules
(dont 290 dans une version longue dite « VB2L » pour les
postes de commandement) a été pris en compte. Les
dernières commandes de VB2L interviendront en 2004, les livraisons
s'échelonnant jusqu'en 2009 (dont 73 en 2003 et 88 en 2004). Les 210 VBL
supplémentaires ont été commandés cette
années et seront livrés entre 2005 et 2007.
2. Les hélicoptères
L'
hélicoptère de combat Tigre
, dont les 2
premiers exemplaires sont entrés en service cette année et 7
autres seront livrés en 2004, est appelé à connaître
une
réorientation de programme
. Comme votre rapporteur l'a
souligné à de multiples reprises, l'amenuisement de la menace
blindée conduit à reconsidérer le projet initial de
développement de deux versions - appui-protection (HAP) et antichar
(HAC) - et à envisager une version unique,
« multirôles » baptisée
appui destruction
(HAD)
, très voisine de la version appui-protection (HAP), mais
permettant, après une reconfiguration rapide, d'emporter des missiles
capables de détruire des véhicules blindés, des postes de
commandement ou des installations radar.
Cette version répond mieux au besoin opérationnel de
l'armée de terre et permet d'envisager d'évidentes
économies en matière de maintenance, de formation ou de gestion
des équipages. Elle impose toutefois une mise de fonds initiale pour le
développement qui ne pouvait être supportée par
l'armée de terre et restait suspendue à la décision de
l'Espagne sur l'acquisition de ses futurs hélicoptères de
combat.
Au delà du signe très positif qu'il constitue pour la politique
européenne de défense, le
choix de l'Espagne
,
annoncé l'été dernier,
d'acquérir 24
hélicoptères Tigre HAD
permet donc à l'armée
française de se rallier à cette version, moyennant un coût
additionnel raisonnable, évalué à 20 millions d'euros.
Rappelons qu'initialement, l'armée de terre devait acquérir 70
Tigre HAC entre 2003 et 2012, les premiers Tigre HAC étant livrés
à partir de 2011 pour un cible finale de 50 appareils. La version HAD
pourrait être disponible en 2009 pour l'armée de terre, dans la
mesure où son développement pourrait être lancé en
2004 et les premiers exemplaires livrés à l'Espagne en 2007.
Dans l'immédiat, les livraisons du Tigre porteront sur une version HAP,
pour un coût unitaire estimé à 17,7 millions d'euros. Le
premier appareil de série est attendu pour le mois d'avril 2004 et il
importe de respecter les cadences de livraison prévues pour
équiper en priorité l'école franco-allemande de formation
des équipages au Luc (Var), préalable à la mise en service
opérationnel du Tigre.
Jusqu'en 2008, 37 Tigre devront avoir été livrés en
version HAP. Ils pourront être éventuellement
« rétrofités » lors d'une phase
ultérieure. À partir de 2009 interviendront les livraisons de
Tigre HAD, sur une cadence espérée de 10
hélicoptères par an, pour un total de 43 appareils.
En matière d'
hélicoptère de transport
, les 68
premiers
NH 90
destinés aux forces terrestres seront
commandés pour moitié en 2007 et pour le restant en 2010, avec
une première livraison de 8 appareils en 2011 puis une cadence de 10
appareils jusqu'en 2017. Votre rapporteur a fortement insisté
l'année passée sur les conséquences de cette situation
qu'il n'a pas été possible de redresser dans la nouvelle loi de
programmation militaire.
Une chute très sensible de la capacité aéromobile est
inéluctable à partir du milieu de la décennie, et ce
malgré le programme « palliatif » de
rénovation de 45 Puma
(sur les 116 appareils en parc) et des
24 Cougar
. Il s'agira d'améliorer d'ici 2005 l'autoprotection des
machines et l'interopérabilité des systèmes de
communication puis, à moyen terme, d'améliorer leurs performances
grâce à une nouvelle motorisation et à une
rénovation de l'avionique. Les livraisons des appareils
rénovés s'effectueront de 2006 à 2010.
Par ailleurs, l'armée de terre recevra en 2005
8
hélicoptères
Cougar
en version Mk2+
destinés
aux forces spéciales
, dotés de moyens de communication
performants ainsi que de dispositifs de protection et de détection
renforcés.
3. L'artillerie et les missiles
Les
nombreux programmes en cours dans le domaine de l'artillerie et des missiles
visent à renforcer la précision des feux tout en allongeant la
distance de tir. Il s'agit de passer des feux massifs de saturation
étalés sur le terrain aux
feux de précision à
des distances accrues, tout en limitant les dommages collatéraux et en
réduisant le besoin logistique
.
Le prochain
lancement du programme sol-air moyenne portée
(SAMP/T)
qui fournira à la France sa première capacité
de défense antimissile est une
étape importante
qu'il
convient de saluer. Toutefois,
votre rapporteur s'inquiète de
constater que dans le domaine des missiles, plusieurs programmes
destinés aux forces terrestres ont été abandonnés
coup sur coup
, fragilisant nos constructeurs nationaux qui avaient acquis
en ce domaine une compétence reconnue et illustrée par de
nombreux succès à l'exportation. Il est donc souhaitable de
veiller au maintien de ces compétences
, ce qui pourrait notamment
passer par le
développement de démonstrateurs
destinés à maintenir l'accès à ces
capacités technologiques.
a) Les systèmes sol-sol
En ce
qui concerne l'artillerie, le principal programme concerne l'
obus antichar
à effet dirigé (ACED) « Bonus ».
Cet obus
cargo de 155 mm comporte des sous munitions qui sont larguées
jusqu'à 15 km au-dessus de la zone où se trouvent les cibles
constituant l'objectif (blindés légers, PC, batteries
d'artillerie), qui les détectent en explorant la surface du sol puis
projettent une charge vers l'objectif. Le besoin total est désormais
fixé à 4 313 obus, dont 3 750 ont déjà
été commandés en 2000 et 2001, tandis que le solde sera
commandé en 2005. Les forces terrestres ont réceptionné
les 450 premiers exemplaires cette année puis 1.089 obus suivront en
2004, les livraisons s'échelonnant jusqu'en 2007. Le coût unitaire
est de 28 550 euros par obus.
Le programme
Atlas canon
doit permettre, par l'automatisation des
liaisons et des tirs de l'artillerie, la gestion de l'information et des
communications des régiments d'artillerie avec des moyens d'acquisition
d'objectifs, de commandement, de support logistique et de tir. L'objectif de ce
système est de traiter les demandes de tir en temps réel de
façon à minimiser le temps écoulé entre la demande
de tir et le traitement de l'objectif. Prévu à l'origine en 11
exemplaires, ce programme a été réduit à 9
systèmes, qui ont tous été commandés. Fin 2004, 7
systèmes auront été livrés, les 2 derniers
étant attendus pour 2005. Le coût unitaire du système Atlas
canon est de 33,7 millions d'euros.
En ce qui concerne les canons d'artillerie, l'
automoteur AUF 1
,
après une quinzaine d'année d'utilisation,
bénéficiera d'une modernisation portant sur 104 exemplaires afin
d'améliorer son interopérabilité. Les 10 dernières
commandes seront passées en 2004, les livraisons cumulées
représentant 34 canons fin 2004, le restant s'échelonnant
jusqu'en 2007.
Par ailleurs, alors que la transformation de 70 AUF1 en version AUF2
(portée passant de 28 à 36 kilomètres) était
envisagée, l'acquisition de 72 Caesar est à l'étude.
L'armée de terre avait commandé, à titre
d'expérimentation, 5 exemplaires du
Caesar
, (CAmion
Équipé d'un Système d'ARtillerie), canon de 155 mm
installé sur camion, qui ont été livrés cette
année. Ce système offre une grande mobilité
stratégique et tactique et pourrait assurer la relève des canons
de 155 tractés qui arriveront à mi-vie à l'horizon 2010.
Le programme d'engin
lance roquette multiple (LRM NG)
conduit en
coopération avec les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne
et l'Italie, se poursuit, les premières roquettes d'exercice
étant livrées à partir de fin 2003, les conduites de tir
à partir de 2005 et les roquettes de nouvelle génération
à partir de 2006. Conçu pour l'attaque dans la profondeur (15
à 60 km) en vue de détruire les blindés, de ralentir
l'adversaire et de neutraliser les forces d'appui et de soutien, ce
système porté par un engin blindé de 24,5 tonnes est
adapté à cibles pas ou peu durcies, qu'il permet de
détruire avec un nombre limité de munitions et des effets
collatéraux réduits.
Enfin, le programme franco-germano-britannique de
radar de contrebatterie
Cobra,
affecté
par plusieurs retards, est en cours de
réalisation.
Ce système, composé d'un radar
monté sur un véhicule, est destiné à localiser
rapidement les lanceurs adverses avec une précision de l'ordre de 50
mètres à une distance de 15 km. La France a commandé 10
systèmes en 1998, mais les premières livraisons, d'abord
escomptées en 2001 puis en 2002, ont été repoussées
à 2003, pour 2 radars, 4 autres étant attendus en 2004.
En revanche, le lancement du programme de
missile à fibre optique
(
MFO
)
Polyphème
ne s'est pas concrétisé.
Installé sur un camion et aérotransportable, ce missile
guidé par fil devait permettre les frappes dans la profondeur sur une
distance allant jusqu'à 65 kilomètres. Une réflexion
incluant d'autres types de vecteurs (avion non piloté, roquette) et
d'autres choix technologiques est en cours.
Sans se prononcer sur les raisons ayant conduit à renoncer dans
l'immédiat au programme Polyphème, votre rapporteur constate
qu'
après l'abandon du missile antichar Trigat moyenne
portée
, y compris dans la version nationale Trigan proposée
par l'industriel
13(
*
)
et qui
visait à utiliser les postes de tir Milan, la
question du maintien de
notre capacité nationale à assurer le renouvellement des missiles
des forces terrestres
va se poser. En effet, l'absence de programmes chez
nos industriels, qui se situaient pourtant sur ce point sur un créneau
d'excellence, conduira à terme à envisager des achats
« sur étagère », notamment lorsqu'il faudra
remplacer le Milan.
Il est donc souhaitable que les études soient activement poursuivies
pour
satisfaire le besoin de frappe de précision
auquel
répondait le programme Polyphème. De même serait-il
nécessaire de préparer la relève du système Milan,
par exemple en lançant un
démonstrateur de missile
antichar
.
b) Les systèmes sol-air
En ce
qui concerne les
systèmes de défense sol-air
, la
modernisation du
système antiaérien à longue
portée
Roland
monté sur châssis AMX 30 ou sur
cabine aérotransportable à roues (Carol) a été
abandonnée. Ce programme visait à assurer la défense
antiaérienne à basse et très basse altitude d'une force
opérationnelle. Comme votre rapporteur vient de l'indiquer au sujet des
missiles sol-sol, l'abandon d'un tel programme peut créer des
difficultés en terme de maintien des compétences. Aussi lui
paraît-il nécessaire d'envisager la réalisation d'un
démonstrateur pour un futur système anti-aérien basse
couche.
Il est également important que soit rapidement lancée le
programme de rénovation des systèmes
sol-air très
courte portée Mistral 2
. Le projet de budget prévoit les
crédits nécessaires pour notifier le contrat de
développement en 2004 pour une livraison des premiers missiles en 2008.
L'objectif est de rénover 1.750 missiles destinés à la
lutte contre les aéronefs à une altitude inférieure
à 2 000 m. et à une distance de l'ordre de 3 km. Il s'agit
à la fois d'assurer la relève des missiles Mistral 2 mais
également de pouvoir fournir à plusieurs armées
européennes équipées du Mistral 1 une solution lorsque
viendra l'échéance de son remplacement.
Par ailleurs, les 45 exemplaires du système
Martha
, qui coordonne
les feux des sections de système d'armes Mistral et Roland, ont
désormais tous été livrés. L'année 2004
devrait voir s'enchaîner la seconde étape du programme visant
notamment à assurer la coordination avec les systèmes d'armes
moyenne portée (SAMP/T).
Le système de
défense sol-air moyenne portée-terre
(SAMP/T)
, articulé autour du missile Aster 30, constitue un
programme d'enjeu majeur pour ces prochaines années, puisqu'il doit
notamment permettre l'
acquisition d'une première capacité de
défense antimissiles de théâtre
.
Ce système doit permettre de détruire un avion à 25 km de
distance, un missile plongeant à 2,5 km, un missile de croisière
à 10 km et un avion gros porteur à 80 km. Il se compose d'un
poste de tir, de 4 lanceurs et de 2 systèmes de rechargement. L'Aster 30
est un missile à lancement vertical guidé par un radar Arabel.
Les objectifs d'équipement ont été révisés
à la baisse, passant de 8 systèmes équipés de 32
lanceurs et de 400 missiles, à 6 systèmes équipés
de 24 lanceurs et de 275 missiles.
Ces 6 systèmes équiperont un régiment à 3 batteries
de tir et lui conféreront la
capacité de protéger une
force projetée de 30 000 hommes sur une zone d'environ 80 x 100
kilomètres
.
Le projet de budget pour 2004 permet d'achever la passation des commandes, les
livraisons étant prévues entre 2007 et 2014.
4. Les systèmes de commandement et de communications
L'organisation des systèmes d'information et de
commandement
de l'armée de terre est fonction des niveaux de commandement.
Le
système d'information et de commandement des forces
(
SICF
), destiné à faciliter le commandement des forces
terrestres dans tous les cas d'emploi, de crise ou de guerre, équipe
désormais les PC de l'ensemble des grandes unités, jusqu'au
niveau de la brigade. Les 40 centres d'opérations prévus ont
été livrés, les 11 derniers ayant été
réceptionnés cette année.
À l'échelon des bataillons et des unités
élémentaires, la mise en service du
système
d'information régimentaire
a débuté. Quant aux
systèmes d'information terminaux
prévus pour le niveau
section et système d'armes, ils ne sont pas encore
déployés. L'ensemble de ces systèmes devrait être
mis en service opérationnel d'ici à 2008, les dotations
complètes des formations s'échelonnant jusqu'en 2015. Les
premiers résultats opérationnels en matière de
numérisation de l'espace de bataille sont attendus pour 2007.
L'équipement des forces terrestres en
postes de radio de
quatrième génération (PR4G)
est achevé. Ce
système de transmission tactique de liaisons en phonie et de
données depuis le niveau de la section jusqu'à celui du
régiment a remplacé progressivement les postes VHF par rapport
auxquels il offre une protection plus efficace face aux actions de guerre
électronique. Près de 22.000 PR4G sont en service dans les forces
terrestres. Un nouveau programme est désormais prévu pour
multiplier par quatre les débits sur environ un tiers de ces postes
(7.050 postes), afin notamment de permettre la transmission simultanée
de la voix et des données et de pouvoir renseigner en temps réel
les feux sol-air. Les 1.500 premières livraisons de série sont
prévues en 2005.
Enfin, la modernisation du réseau de communication
Rita
et
notamment sa mise en compatibilité avec le PR4G, est en voie
d'achèvement. Fin 2004, 148 des 200 postes à moderniser auront
été livrés.
5. L'équipement du fantassin
Le
programme
« Félin
» (fantassin à
équipement et liaison intégrés) vise à doter les
combattants d'un ensemble d'équipements adaptés à la
diversité des situations opérationnelles, y compris aux combats
de haute intensité. Il s'agit d'un système comprenant la tenue de
combat, l'équipement de tête, des équipements
électroniques, une arme équipée ainsi qu'une protection
balistique ou contre le risque NRBC.
Le système doit permettre, en particulier, les tirs
déportés, une bonne observation de nuit ou par mauvaise
visibilité, ainsi qu'une capacité à désigner avec
rapidité et précision les objectifs justifiables du tir des
appuis. Une communication en phonie et en transmission de données est
également prévue.
Deux marchés de définition ont été passés
fin 2001 avec Thales et GIAT-Industries d'une part, Sagem d'autre part. Au vu
des deux propositions, le
choix de l'industriel
pour la phase de
développement, d'industrialisation puis de production doit intervenir
d'ici la fin de l'année.
Les
commandes débuteront fin 2003
avec le développement et
la production d'une pré-série de 350 systèmes qui sera
livrée en 2005. Les livraisons de série pourraient débuter
à partir de 2006, l'objectif étant d'équiper les
deux-tiers de l'infanterie en 2008, avec 14.000 systèmes. La cible
finale et de 31.445 systèmes, dont 12.488 intégrant la
totalité des fonctionnalités. Le coût d'acquisition d'un
système complet est évalué à 18.000 euros.