II. LES DÉPENSES ORDINAIRES : DES EFFORTS POUR MIEUX RÉALISER LES EFFECTIFS ET POURSUIVRE L'AMÉLIORATION DU FONCTIONNEMENT

En diminution de 1,3% , les dépenses ordinaires de l'armée de terre sont fixées à 4.958,3 millions d'euros en 2004 . Cette réduction porte sur les rémunérations et charges sociales comme sur les crédits de fonctionnement.

On signalera que l'armée de terre participe, comme les autres armées, la gendarmerie et la DGA, à l'expérience de globalisation des crédits en vue de l'application de la loi organique relative aux lois de finances. L'unité désignée est le 1/11 ème régiment de cuirassiers de Carpiagne (Bouches du Rhône) qui se voit attribuer sur une ligne budgétaire nouvelle (chapitre 37-01, articles 30 et 40) une dotation de 41,5 millions d'euros intégrant les dépenses de personnel (35,7 millions d'euros) et les dépenses de fonctionnement (5,8 millions d'euros).

A. DES DÉPENSES DE PERSONNEL EN DIMINUTION

Les dépenses de rémunérations et charges sociales représentent 81,7% des crédits du titre III et près de 51% du budget de l'armée de terre. Avec près de 137.000 officiers, sous-officiers et engagés, celle-ci emploie 38% des personnels militaires du ministère de la défense.

1. Des effectifs militaires ajustés, des effectifs civils moindres que prévu

Évolution des effectifs de l'armée de terre

Catégories

2003

2004

Évolution

Officiers

Sous-officiers

Engagés volontaires

Volontaires

15 776

51 274

66 470

3 954

15 804

50 105

68 563

2 368

+ 28

- 1 169

+ 2 093

- 1 586

Total militaires

137 474

136 840

- 634

Civils

30 391

30 052

- 344

Total

167 865

166 892

- 978

(Source : « bleu » budgétaire)

Deux tendances principales se dégagent de l'évolution des effectifs de l'armée de terre en 2004 : un renforcement notable du nombre de militaires du rang engagés, destiné à mieux satisfaire les besoins opérationnels, et une réduction du nombre de personnels civils liée aux mesures générales d'économie dans la fonction publique.

En ce qui concerne les effectifs militaires , qui passeront de 137.474 à 136.840 hommes de 2003 à 2004, le projet de budget pour 2004 se caractérise par les mesures suivantes :

- la création de 1.000 postes de militaires du rang engagés financée par la suppression de 1.572 postes de volontaires, qui fait suite à une mesure analogue déjà mise en oeuvre en 2003 ;

- la transformation de 1.000 postes de sous-officiers en 1.000 postes de militaires du rang engagés, destinée à renforcer la proportion de gradés (caporaux, caporaux-chefs) au sein des engagés ;

- la transformation de 140 postes de sous-officiers en 40 postes d'officiers et 100 postes de militaires du rang dans le cadre de la montée en puissance du futur poste de commandement d'une force terrestre de réaction rapide, à Lille ;

- divers transferts de postes et une mesure d'économie supprimant 28 postes dans les effectifs mis à la disposition des services de communication (DICOD et SIRPA).

Votre rapporteur se félicite de voir poursuivie la politique de substitution de postes d'engagés à des postes de volontaires, dont il avait souligné la grande difficulté à être effectivement pourvus.

La composante « engagés volontaires » qui comportait 65.470 hommes en 2002 représentera 68.563 hommes en 2004, soit un peu plus de 3.000 postes supplémentaires sur deux ans. Ce renforcement est destiné à couvrir les besoins apparus dans l'infanterie débarquée, très sollicitée lors des récents engagements opérationnels, dans les forces spéciales et dans les unités de défense nucléaire, radiologique, biologique et chimique. Par ailleurs, les postes d'engagés créés par suppression de postes de sous-officiers bénéficieront d'un « pyramidage » de nature à offrir des perspectives de carrière pour des militaires dont la durée de service peut aller jusqu'à 22 ans. L'objectif est de disposer 40% de postes de caporaux-chefs et de 30% de postes de caporaux, pour 30% de postes de soldats.

Si le nombre d' officiers augmente, afin de pourvoir les postes au sein des états-majors dont l'armée de terre entend se doter, celui des sous-officiers diminuera notablement (- 1.169 postes). On observera que cette diminution fait suite à la création de près de 1.500 postes en 2003, alors que le sous-effectif est important dans cette catégorie depuis 2001 et qu'il s'est aggravé en 2003 6( * ) .

Enfin, le nombre de volontaires , ramené de 5.544 en 2002 à 3.954 en 2003, ne sera plus que de 2.368 en 2004, cette diminution devant permettre de supprimer le sous-effectif dans cette catégorie 7( * ) .

Le tableau ci-dessous montre que l'armée de terre disposera en 2004 d'effectifs militaires conformes, à quelques unités près, au niveau prévu dans le cadre des travaux de mise en oeuvre de la loi de programmation militaire 2003-2008. Par ailleurs, les ajustements opérés doivent conduire à résorber le sous-effectif chronique qu'a connu l'armée de terre, sur ses effectifs militaires, au cours des dernières années. Il faut donc se féliciter que le budget pour 2004 permette une consolidation des effectifs militaires , tant en ce qui concerne leur volume global que grâce à une meilleure adéquation entre les postes budgétaires et les besoins réels.

ÉCART ENTRE LES EFFECTIFS DE L'ARMÉE DE TERRE EN 2004

ET LES OBJECTIFS DE LA LOI DE PROGRAMMATION 2003-2008

Catégories

Cible rectifiée LPM

Effectif 2004

Écart

Officiers

Sous-officiers

Engagés volontaires

Volontaires

15 810

50 117

68 570

2 400

15 804

50 105

68 563

2 368

- 6

- 12

- 7

- 32

Total militaires

136 897

136 840

- 57

Civils

30 565

30 052

- 513

Total

167 462

166 892

- 570

Le même tableau illustre en revanche l'écart significatif entre le nombre de personnels civils à la disposition de l'armée de terre en 2004 et celui prévu lors de l'élaboration de la loi de programmation militaire.

Un écart minime était déjà perceptible en 2003, comme l'avait signalé votre rapporteur en commentant la suppression nette de 178 postes de civils. Il s'accentue en 2004 , 344 postes étant supprimés . Devant notre commission des affaires étrangères et de la défense, le chef d'état-major de l'armée de terre a précisé que 256 suppressions de postes correspondaient au non-renouvellement de départs en retraite . Le nombre de ces départs étant évalué à 265, on voit que le taux de non-renouvellement s'établit, pour l'armée de terre, à un pour un.

Comment analyser cette diminution des effectifs de personnels civils au sein de l'armée de terre ?

Cette catégorie a souffert tout au long de la professionnalisation d'un sous-effectif important, beaucoup de postes ne pouvant être pourvus, si bien que la diminution des postes budgétaires pourrait n'avoir que des incidences limitées sur les effectifs réellement présents. D'autre part, l'augmentation des crédits dédiés à l'externalisation pourrait en partie, mais en partie seulement, atténuer les effets de cette réduction.

Il reste cependant clair que le volume de la composante civile dans l'armée de terre a été calculé de manière à garantir le bon équilibre entre les forces projetables et le soutien. Tout déficit dans la composante civile oblige à redéployer des personnels militaires sur des tâches de soutien et à réduire le réservoir des forces projetables.

La répartition des postes concernés par la déflation des effectifs civils n'est pas connue à la date de rédaction du présent rapport. Il est probable qu'elle portera notamment sur les services du commissariat, de la direction du matériel et de la direction centrale des télécommunications.

Les effets de cette diminution seront vraisemblablement limités à court terme. Votre rapporteur voudrait toutefois effectuer deux remarques :

- premièrement, il importera pour l'avenir de bien mesurer les conséquences sur les capacités opérationnelles de l'armée de terre de toute diminution du nombre de personnels civils accentuant l'écart avec le format prévu lors de l'élaboration de la loi de programmation ;

- deuxièmement, l'objectif légitime de maîtriser les dépenses publiques impose plus que jamais d' améliorer la gestion du personnel civil .

Dans son rapport sur la loi de programmation, votre rapporteur avait observé que ces personnels relèvent d'une extrême diversité de statuts, ce qui rend complexe l'articulation entre leur gestion et les besoins des armées. Il avait appelé à une réflexion de fond sur les moyens d' optimiser l'insertion des personnels civils dans le dispositif de l'armée professionnelle .

Votre rapporteur soutient donc pleinement les orientations définies par le ministère de la défense dans le cadre de sa modernisation et visant notamment à réduire le nombre de corps de fonctionnaires au sein du ministère et à les réorganiser en fonction des principales filières professionnelles d'emploi, ou encore à déconcentrer la gestion des personnels civils .

2. Des crédits calculés au plus juste

Représentant un peu plus de 4 milliards d'euros , les dépenses de rémunérations et charges sociales de l'armée de terre diminueront de 1,4% en 2004 . Elles ne concernent que les personnels militaires de l'armée de terre, les personnels civils étant rémunérés sur les crédits d'administration générale du ministère.

En dépit de cette diminution, on constate plusieurs mesures nouvelles en 2004 .

Tout d'abord, le plan d'amélioration de la condition militaire défini en 2002 sera poursuivi pour une dépense supplémentaire de 22,6 millions d'euros en 2004 8( * ) . Il s'agira principalement de financer la troisième tranche de revalorisation de l'indemnité pour charge militaire et de l'indemnité pour services en campagne, la revalorisation des primes de qualification des officiers et sous-officiers, l'augmentation du contingent de ces primes pour les sous-officiers et l'attribution de l'échelle IV aux caporaux-chefs dès 11 ans de service.

Les crédits de rémunération affectés aux réserves seront majorés de 8 millions d'euros, ce qui devrait permettre de financer plus de 2.000 contrats de réserviste supplémentaires pour des engagements d'une durée moyenne de 20 jours.

Le « repyramidage » des militaires du rang engagés , c'est à dire la création de postes de caporaux et caporaux-chefs, représentera 7,5 millions d'euros supplémentaires, en partie gagés par la transformation de postes de sous-officiers en postes d'engagés (-2,8 millions d'euros).

À ces trois mesures, il faut ajouter la part qui reviendra à l'armée de terre sue la dotation supplémentaire de 27 millions d'euros, non répartie entre les armées, destinée aux mesures d'attractivité et de fidélisation dans le cadre du fonds de consolidation de la professionnalisation. Sont notamment envisagées en 2004 l'instauration d'une prime de haute technicité pour les sous-officiers ayant plus de 20 ans de service et celle d'une prime réversible et modulable pour les spécialités critiques, la liste de ces spécialités étant révisée chaque année.

Parmi les facteurs de diminution des dépenses de rémunérations et charges sociales, il faut citer la diminution de 11,7 millions d'euros des crédits de l'indemnité de départ des personnels non-officiers pour tenir compte de la réforme du dispositif 9( * ) à compter de 2004.

Mais c'est surtout une mesure d'ajustement tenant compte de l'exécution budgétaire des années précédentes et de la situation réelle des personnels, représentant une économie de 81,9 millions d'euros , qui explique la réduction des dépenses de rémunérations et charges sociales. Il s'agit ici d' anticiper un sous-effectif des personnels militaires , cette mesure n'étant d'ailleurs pas spécifique à l'armée de terre.

Cet abattement correspond à une hypothèse de sous-effectif de 3%. Se vérifiera-t-elle en 2004 ? Ce n'est certainement pas l'objectif recherché par l'armée de terre, l'ajustement opéré en 2004 entre le nombre d'officiers, de sous-officiers, d'engagés et de volontaires ayant au contraire pour but une résorption des vacances de postes dans chacune de ces catégories. Il est donc à craindre qu'une tension apparaisse en cours d'année sur les chapitres consacrés aux rémunérations et charges sociales, à moins que les recrutements soient moindres que prévu

Plus généralement, on peut s'interroger sur la méthode consistant à inscrire un nombre de postes donné au budget sans prévoir l'intégralité des crédits correspondant.

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