c) La nécessité d'améliorer la politique de communication de nos établissements d'enseignement supérieur

Enfin, votre rapporteur pour avis estime que la politique de communication doit clairement s'imposer comme une priorité dans la promotion de notre enseignement supérieur. Comme le soulignait le Conseil économique, social et environnemental dans son rapport de 2003 sur l'avenir de l'enseignement français à l'étranger 17 ( * ) , un certain nombre de critiques adressées à l'encontre de notre système d'enseignement supérieur mériteraient d'être mieux prises en compte dans la politique de communication de nos établissements : la vétusté de nos locaux, le manque de lisibilité d'un système d'enseignement supérieur dual au sein duquel coexistent des universités et des grandes écoles, l'insuffisance de nos capacités d'hébergement mais aussi de nos infrastructures et de nos équipements éducatifs, culturels et sportifs, etc. Ces problèmes, qui sont réels, entachent la réputation de notre système d'enseignement supérieur. La communication de nos établissements supérieurs doit relayer, à l'étranger, les efforts qui sont entrepris pour les surmonter.

Il est particulièrement navrant de constater le manque criant de visibilité et de notoriété de nos universités et écoles les plus prestigieuses au sein des opinions publiques étrangères. Pour un grand nombre d'étudiants étrangers, la Sorbonne reste l'établissement français le plus reconnu et est considérée, avec exagération, comme la réponse française à Harvard, Oxford ou Cambridge. La fragmentation de notre enseignement supérieur est telle que le système est illisible pour les Français eux-mêmes. Le système des numérotations appliquées aux multiples universités françaises dans les grandes villes (Paris-I-II-III-..., Marseille-I-II-III, etc.) témoigne d'une segmentation de notre enseignement supérieur qui empêche un certain nombre d'établissements d'atteindre une taille critique leur permettant de rivaliser avec leurs homologues étrangers. Le manque de notoriété, en dehors des publics avertis, d'autres établissements tels que l'école des Hautes études commerciales (HEC) ou l'École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), pourtant classées par le Financial Times parmi les meilleures écoles de commerce au monde, suggère une vraie marge de progression en matière de politique de labels universitaires : si leur réputation semble assise dans les cercles professionnels les plus avertis, elles ne jouissent pas encore du statut de références internationales dans le reste de la population, à la différence des « marques » Harvard, Yale, Princeton, Oxford, Cambridge, etc.

Votre rapporteur pour avis insiste donc sur le fait que le défi de la captation des élites étrangères ne peut être raisonnablement relevé qu'à la condition que la rationalisation de notre système d'enseignement supérieur soit servie par une politique de communication efficace, centrée sur la création de véritables labels universitaires français .

Par ailleurs, la fidélisation du lien entre les lycées français de l'étranger et les établissements d'enseignement supérieur en France constitue un enjeu fondamental de la promotion de notre enseignement supérieur. Elle doit permettre aux premiers d'aider les seconds à orienter leur stratégie « publicitaire » en direction des élèves étrangers les plus brillants dès la première. Le nombre de nouveaux bacheliers étrangers demeurant relativement modeste, il devrait être possible d'envisager un traitement personnalisé de leurs voeux d'études de façon assez précoce dans l'année de terminale.

L'un des problèmes de l'enseignement supérieur de notre pays, comme le soulignait l'année dernière notre collègue, M. David Assouline, est que « la mobilité des étudiants en France est davantage subie par la France que véritablement organisée ». Or, il est démontré que la réussite des étudiants est d'autant plus élevée que le partenariat entre l'établissement d'accueil et l'université d'origine de l'étudiant est développé. L'action de CampusFrance, pour utile qu'elle soit, ne remplace donc pas le nécessaire renforcement des liens institutionnels entre les universités françaises et étrangères. La mission d'information effectuée par votre commission en Inde en avril 2008, à laquelle votre rapporteur a participé, a permis de confirmer la nécessité de renforcer la coopération scientifique franco-indienne et de rendre notre système d'enseignement supérieur et de recherche plus attractif pour les étudiants indiens.

En conséquence, votre rapporteur pour avis souhaite que l'autonomie des universités s'accompagne du développement de leur stratégie internationale . Il tient à rappeler, à ce titre, que la coopération internationale constitue une mission du service public de l'enseignement supérieur sur le fondement de l'article L. 123-3 du code de l'éducation.

Enfin, votre rapporteur pour avis se réjouit que la Commission européenne ait annoncé le 13 novembre 2008 qu'elle souhaitait lancer un appel d'offres d'ici à la fin de l'année pour la constitution d'un classement européen des universités 18 ( * ) : il s'agit là de trouver une alternative crédible au classement de Shanghai, particulièrement pénalisant pour les universités européennes, et notamment françaises. Un tel classement, dont les critères ont vocation à mieux prendre en compte les spécificités universitaires européennes, permettra de redynamiser la mobilité étudiante.

* 17 Rapport du 29 octobre 2003 présenté au nom de la section des relations extérieures du Conseil économique, social et environnemental par M. Bernard Cariot sur l'avenir de l'enseignement français à l'étranger.

* 18 Le Monde , édition du 14 novembre 2008.

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