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Projet de loi de finances pour 2023 : Transports

17 novembre 2022 : Budget 2023 - Transports ( avis - première lecture )

III. TRANSPORT FLUVIAL : BIEN QUE RÉSILIENT, UN SECTEUR CONFRONTÉ À DES PERTURBATIONS JUSTIFIANT DAVANTAGE DE SOUTIEN

A. LE TRANSPORT FLUVIAL AFFICHE UNE REPRISE DE FOND, MALGRÉ UN CONTEXTE D'INSTABILITÉ

En 2022, le transport fluvial poursuit sa reprise, malgré des résultats différenciés selon les secteurs.

Après un repli lié à la crise sanitaire en 2020 (- 11,6 % en tonnes-kilomètres), le fret fluvial a « renoué avec la croissance » en 2021, bien que de manière modérée du fait du recul de la production du secteur céréalier, qui représente traditionnellement le tiers du trafic (Voies navigables de France [VNF]). Cette reprise est alimentée par le dynamisme du marché du conteneur mais aussi du BTP, notamment grâce aux chantiers du Grand Paris Express et des Jeux olympiques de 2024. Elle demeure malgré tout marquée par l'instabilité des marchés, liée en particulier à la crise ukrainienne.

Le fret fluvial a également souffert de la hausse des coûts de l'énergie : si avant la crise, la part du carburant dans le coût de revient d'une prestation de fret fluvial était estimée à environ 25 %, cette part s'établit désormais à 41 %. Entreprises fluviales de France (E2F) estime le surcoût lié au carburant pour les entreprises fluviales à 100 M€ depuis mars 2022, pour un chiffre d'affaires du secteur de l'ordre de 1 Md€.

S'agissant du tourisme fluvial, selon E2F, si 2022 a été une meilleure année que 2021, la fréquentation demeure inférieure de 70 % à celle constatée en 2019. Les opérateurs intervenant en zone dense (Paris, Lyon, Bordeaux et Strasbourg) ont été particulièrement affectés par ce recul, ainsi que les croisières avec hébergement. En revanche, certains secteurs sont parvenus à tirer leur épingle du jeu : la location de bateaux habitables sans permis a progressé en 2022 (+ 5 à 7 % par rapport à 2021) de même que l'activité des paquebots fluviaux (+ 5 % par rapport à 2019), en particulier sur la Seine (+ 15 %).

B. UNE TRAJECTOIRE D'INVESTISSEMENT STABLE POUR LE RÉSEAU FLUVIAL, MAIS UN ÉQUILIBRE FINANCIER INCERTAIN POUR SON GESTIONNAIRE

Pour 2023, le budget d'investissement de VNF devrait s'établir à 250 M€ en CP, soit un montant supérieur à 2022 (201 M€ en CP selon le budget initial pour 2022) mais inférieur aux objectifs initialement fixés par le Contrat d'objectifs et de performance (COP).

Le volet du Plan de relance consacré à la régénération du réseau fluvial affiche un bon état d'avancement : 90 % des projets prévus ont été engagés. Sur les 175 M€ initialement prévus (AE), seuls 40 à 50 M€ sont encore à déployer en 2023, en crédits de paiement.

En 2023, trois programmes seront prioritaires pour VNF en termes d'investissement : le canal Seine-Escaut, la modernisation du réseau et la sécurité des ouvrages hydrauliques.

Hausse des dépenses de VNF estimée
d'ici 2024
(par rapport à 2021)

Plusieurs facteurs exogènes ont fragilisé les finances de l'établissement. Du fait du contexte inflationniste, VNF fait face à une forte hausse de ses coûts. En outre, la crise sanitaire, suivie du ralentissement de l'activité fluviale, ont induit un décalage de sa trajectoire de recettes, qui devraient être supérieures au niveau de 2022, mais inférieures aux prévisions du COP pour 2023 (442,5 M€) qui anticipaient une forte hausse des recettes propres de l'établissement (péages et redevances).

La révision du COP, qui doit avoir lieu en 2023, pourrait être l'occasion d'ajuster la trajectoire financière de VNF définie en 2020-2021.