B. PROGRESSION DU BUDGET DES ARMÉES ET DIMINUTION DU BUDGET DE L'ÉTAT EN VOLUME : UNE RUPTURE DE TENDANCE HISTORIQUE

S'agissant spécifiquement du budget des armées, les crédits prévus par la programmation connaîtraient une croissance annuelle moyenne en volume de + 4,2 %, très sensiblement supérieure à celle des dépenses de l'État dans leur ensemble (- 0,5 %).

Comparaison entre les taux croissance annuelle moyen en volume programmés du budget des armées (PLPM 2024-2030) et du budget de l'État (PLPFP 2023-2027)

(en milliards d'euros constants 2023 et en pourcentage)

Le déflateur utilisé est l'indice des prix à la consommation hors tabac.

Source : commission des finances du Sénat, d'après les documents budgétaires et le PLPFP 2023-2027

Il convient de noter qu'il s'agit là d'une inversion de tendance par rapport à la période précédente. Dans ses travaux sur l'évolution du budget de défense français, l'universitaire Martial Foucault avait en effet notamment mis en évidence une opposition de type « Welfare vs. Warfare », étayée par l'observation, sur la période 1995-2010, d'une croissance en euros constants des dépenses en volume de 3 % (dont 3,35 % pour les dépenses sociales) contre 2,31 % pour les budgets de défense18(*).

Comparaison entre l'évolution des dépenses militaires et des dépenses sociales
et d'éducation sur la période 1995-2010

(en milliards d'euros constants 2005)

Source : Martial Foucault, « Les budgets de défense de la France, entre déni et déclin », IFRI, Focus stratégique n° 36, Avril 2012

C. UN BUDGET DES ARMÉES QUI RESTE INFÉRIEUR À LA CHARGE DE LA DETTE DE L'ÉTAT

Compte tenu du niveau très élevé de la dette publique, dans un contexte de remontée des taux d'intérêts, le budget des armées prévu par la programmation resterait inférieur à l'évolution prévisionnelle de la charge de la dette dans le budget de l'État (cf. graphiques ci-dessous).

La comparaison de ces deux postes de dépenses de l'État montre que ceux-ci dépasseraient la barre des 10 % à l'horizon 2025 (10,1 % pour le budget des armées, contre 11,6 % pour la charge de la dette). À horizon 2027, le budget des armées atteindrait les 11 % du budget de l'État.

Comparaison entre l'évolution exécutée et prévisionnelle des crédits
de la mission « Défense » et de la charge de la dette de l'État (2019-2025)

(en milliards d'euros courants)

Source : commission des finances du Sénat, d'après les documents budgétaires et le PLPFP 2023-2027

Comparaison entre l'évolution de la part du budget des armées
et de la charge de la dette dans le budget de l'État (2023-2025)

(en milliards d'euros courants)

Source : commission des finances du Sénat, d'après le PLPM 2024-2030 et le PLPFP 2023-2027

Si l'on a donc pu se féliciter du strict respect à ce jour, au plan budgétaire, de la LPM 2019-2025, force est de constater que le contexte de finances publiques actuel, marqué par une multiplication des lois de programmation sectorielles et une hausse de la charge de la dette, affecte nécessairement la crédibilité de la trajectoire prévue par le présent PLPM 2024-2030.

Vis-à-vis de nos alliés comme de nos compétiteurs, la crédibilité de notre politique de défense, et partant de notre autonomie stratégique, passe donc nécessairement par un redressement de nos comptes publics et la diminution de notre endettement, qui imposent d'assumer politiquement des choix budgétaires forts.


* 18 Martial Foucault, « Les budgets de défense de la France, entre déni et déclin », IFRI, Focus stratégique n° 36, Avril 2012.

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