II. UNE JEUNESSE OUBLIÉE ?
A. UN COUP DE RABOT MAJEUR IMPOSÉ AU SERVICE CIVIQUE, EN DÉPIT DE SON SUCCÈS ET DE SES RÉSULTATS TRÈS POSITIFS
En 2024, 149 878 jeunes ont effectué une mission de service civique. Parmi eux, avant de débuter leur mission, 34,5 % étaient demandeurs d'emploi, 30,3 % inactifs, 31,4 % étudiants et 3,8 % salariés. Le dispositif se montre ainsi toujours accessible à tous, y compris aux publics éloignés de l'emploi ou de la formation. Par ailleurs, la proportion de jeunes vivant dans un quartier prioritaire de la politique de la ville ne cesse d'augmenter (14,1 % en 2024 contre 13 % en 2023), tout comme la proportion de jeunes en situation de handicap (3 % en 2024 contre 2,6 % en 2023).
Le dispositif est particulièrement apprécié par les volontaires : 73 % des jeunes estiment que leur mission s'est avérée utile dans la définition de leur projet d'avenir, et 71 % considèrent que ce temps de mission concourt à l'acquisition d'une expérience professionnelle. Enfin, six mois après la date de fin de leur mission, 56 % des volontaires déclarent poursuivre leur démarche d'engagement.
Pourtant, malgré ces bons résultats, le budget consacré au développement du service civique pour 2026 diminue de 114,1 millions par rapport à 2025, soit une subvention pour charge de service civique ramenée à 465 millions d'euros. Cette baisse implique la réduction de la cible de jeunes volontaires, passant de 150 000 en 2025 à 110 000 jeunes en 2026. Cela représente ainsi une diminution de 25 000 jeunes (- 19 %) par rapport à l'année 2025 - l'objectif voté en loi de finances initiale de 150 000 jeunes ayant été revu à la baisse de 10 % à la suite d'annulations de crédits - et de 40 000 jeunes (- 27 %) par rapport aux années 2023 et 2024.
Un tel affaiblissement du dispositif risque de toucher en priorité les publics les plus éloignés. En effet, le service civique est plébiscité : l'Agence fait face à trois fois plus de demandes que de missions disponibles. La réduction du nombre de missions pourrait ainsi se traduire par une sélectivité accrue au profit des profils les plus diplômés. D'après les premiers chiffres, on constate déjà une plus grande part de jeunes diplômés du supérieur en 2025 qu'en 2024 (34 % contre 31 %).
Par ailleurs, cette diminution risque également, d'une part, d'affaiblir le secteur associatif et, d'autre part, de conduire à une dégradation de la qualité du service rendu aux usagers dans les services publics. Suite aux annulations de crédits survenues en 2025, l'Éducation nationale s'est par exemple vue privée de plus de la moitié de ses volontaires, alors que le ministère pouvait compter chaque année sur près de 18 000 volontaires. L'association Unis-Cité, pionnière du service civique, a quant à elle annoncé en 2025 un large plan de sauvegarde de l'emploi : 60 des 600 contrats à durée indéterminée (CDI) ont finalement été supprimés, après une trentaine de contrats à durée déterminée (CDD). Auditionnée par le rapporteur, l'association a indiqué que les licenciements devraient se poursuivre en 2026, au vu de l'affaiblissement du dispositif envisagé.
Le rapporteur regrette le coup d'arrêt infligé à un dispositif qui n'a pourtant plus à faire ses preuves. Il invite le Gouvernement à ramener l'objectif pour 2026 au niveau - a minima - de 2025, et à sécuriser davantage la trésorerie de l'Agence pour assurer le bon déroulement des missions à venir.