B. L'AFFAIBLISSEMENT DU PLAN « 1 JEUNE 1 MENTOR », MALGRÉ UNE MONTÉE EN PUISSANCE RÉUSSIE EN 2025
Lancé en mars 2021, le plan « 1 jeune, 1 mentor » vise à accroître le nombre de jeunes bénéficiant d'un accompagnement individualisé par un mentor dans leur parcours scolaire, leurs choix d'orientation ou leur insertion professionnelle. Il s'adresse à un public large (de 5 à 30 ans), souvent en situation de fragilité, issu de milieux moins favorisés ou confronté à des difficultés d'insertion.
Le dispositif repose sur un financement public attribué à l'issue d'appels à projets successifs (quatre depuis 2021) à des associations de mentorat. Une soixantaine de structures bénéficient ainsi de l'aide de l'État pour déployer le plan « 1 jeune, 1 mentor ». Ces financements publics constituent environ la moitié des ressources nécessaires au développement de programmes de mentorat, l'autre moitié provenant généralement de partenariats avec des entreprises, ou étant directement issus des fonds propres des associations.
Le plan « 1 jeune, 1 mentor » s'est fortement développé depuis 2021, passant de 72 000 jeunes accompagnés à 112 000 en 2022 et plus de 135 000 en 2023 et 2024.
En 2025, le plan a encore poursuivi sa montée en puissance : un nouvel appel à projet ouvert a été lancé par la ministre chargée de la Jeunesse afin de permettre aux associations précédemment financées, mais aussi à de nouvelles entrantes souhaitant s'inscrire dans la dynamique, de déposer un projet de mentorat - 67 nouvelles associations ont été retenues.
Par ailleurs, en 2024-2025, une déclinaison du plan « 1 jeune, 1 mentor » a été lancée, de façon expérimentale, pour les jeunes en lycée professionnel. Il s'agit ici d'un mentorat de filière, fondé sur une relation entre un mentor et un mentoré du même domaine d'activité. 4300 jeunes de lycées professionnels ont pu profiter du dispositif en 2024, soit + 47 % par rapport à l'année précédente.
Enfin, la loi n° 2022-140 du 7 février 2022 relative à la protection des enfants prévoyait qu'« il est systématiquement proposé à l'enfant pris en charge par le service de l'aide sociale à l'enfance de bénéficier d'un mentor ». Cette disposition a permis à plus de 5 900 jeunes pris en charge par le service de l'aide sociale à l'enfance de bénéficier d'un mentor, soit + 39 % par rapport à 2023.
Une première évaluation du plan « 1 jeune, 1 mentor » très encourageante
L'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep) a réalisé en juin 2025 une évaluation du plan « 1 jeune 1 mentor », afin de caractériser la diversité des dispositifs de mentorat, de comprendre le rôle des structures chargées des programmes de mentorat et de mesurer les effets du dispositif.
Ce rapport met notamment en lumière l'impact positif ressenti par les jeunes les plus fragiles, l'effet particulièrement fort chez les collégiens et lycéens issus de milieux modestes ainsi que le rôle structurant que peuvent jouer les mentors dans les moments-clés du parcours des jeunes, comme Parcoursup ou les recherches de stages. Il souligne que le mentorat trouve sa place dans la vie des enfants et des jeunes : ce n'est pas seulement un levier d'orientation ou d'insertion, c'est aussi un espace d'écoute, de confiance et de projection.
Le rapport pointe également quelques marges de progrès : une notoriété du dispositif encore trop faible, des jeunes ruraux et des jeunes majeurs fragiles peu touchés, une certaine homogénéité sociale chez les mentors et des modalités de clôture des relations pas assez formalisées.
Le rapport propose dix préconisations afin d'améliorer la mise en oeuvre du mentorat. Celles-ci ont d'ores et déjà été prises en compte dans le cadre de l'appel à projet 2025 et dans la rédaction des nouvelles conventions avec les associations lauréates. Un processus de contrôle et d'évaluation de la bonne mise en oeuvre des projets et de la bonne utilisation des subventions a également été instauré, témoignant du dynamisme du dispositif.
Dans ce contexte, le coup de rabot imposé au plan dans le PLF 2026 interroge. La dotation de 24,5 millions d'euros prévue, en baisse de 4,5 millions d'euros par rapport à l'exercice 2025, vient en effet affaiblir un dispositif en plein développement et dont les premiers résultats sont très prometteurs.
Cette baisse apparaît d'autant plus malvenue que près d'un jeune actif de 15-24 ans sur cinq est au chômage et risque le décrochage. Le mentorat, qui cible spécifiquement les publics les plus fragiles, a plus que jamais un rôle à jouer.
