B. LA MISE À L'ARRÊT ATTENDUE DU SERVICE NATIONAL UNIVERSEL
Le PLF 2026 ne prévoit aucun financement pour le Service national universel (SNU), entérinant ainsi la suspension du dispositif annoncée par le Gouvernement en septembre dernier. Cette décision marque la fin d'un projet largement critiqué, qui n'a jamais réellement su trouver sa place au cours de ses 6 années d'expérimentation.
Crédits consacrés au SNU depuis son lancement (en millions d'euros)
Cette mise à l'arrêt était attendue : le vote du budget pour l'année 2025 avait déjà marqué un coup d'arrêt dans le déploiement du dispositif. Les crédits consacrés, d'un montant de 160 millions d'euros en 2024, avaient été en effet abaissés à 65 millions dans la dernière LFI, signe de l'essoufflement progressif du dispositif.
Le nombre de séjours organisés a donc été ramené à 33 000 en 2025, bien loin des 80 000 jeunes envisagés au départ. Parmi ces 33 000 participants, 11 921 ont pris part au label « Classes et Lycées Engagés », créé en 2024 pour tenter de redynamiser le SNU. Cependant, contrairement à l'ambition affichée, ce label est loin d'avoir permis d'atteindre les objectifs fixés en matière de mixité sociale : seuls 6 % des jeunes ayant participé à un séjour Classes et lycées engagés (CLE) étaient issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville en 2025 (contre 6,4 % en 2024 et 8 % des 15-17 ans à l'échelle nationale), et 25 % provenaient de lycées professionnels (contre 40,7 % en 2024 et 35 % des 15-17 ans au niveau national).
Dès son lancement, le SNU avait suscité de vives critiques. Les acteurs du terrain ont régulièrement pointé du doigt son manque de clarté pédagogique, ses dysfonctionnements organisationnels, son coût disproportionné au regard des résultats, et son caractère obligatoire, perçu davantage comme une contrainte qu'une réelle opportunité d'engagement.
Le rapporteur se réjouit de la suppression du dispositif, qui répond à une demande récurrente de la commission depuis son lancement. Il regrette toutefois vivement que les crédits consacrés jusqu'alors au SNU ne soient pas reventilés entre les autres actions du programme.
Selon le ministère des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative, une refonte du dispositif est en cours afin de faire évoluer le SNU vers un « parcours d'engagement citoyen ».
Le rapporteur sera très attentif aux orientations qui seront annoncées. Plutôt que de créer de nouveaux dispositifs potentiellement coûteux et peu efficaces, il invite le Gouvernement à renforcer dès à présent l'action publique sur des programmes existants, évalués et davantage en phase avec les besoins des jeunes, à l'instar du service civique.
