III. SOUTIEN AUX ASSOCIATIONS : IL EST URGENT D'INVERSER LA TENDANCE

A. UN MONDE ASSOCIATIF AU BORD DE LA RUPTURE

1. Des trésoreries associatives à bout de souffle

La fragilité de la trésorerie des associations constitue l'un des symptômes les plus inquiétants de la crise que traverse le monde associatif. De nombreuses structures locales vivent en flux tendu : d'après une étude réalisée par le Mouvement associatif, le Réseau national des maisons des associations (RNMA) et Hexopée en septembre 2025 sur la santé financière des associations, 30 % des associations employeuses déclarent avoir moins de trois mois de trésorerie dont 5 % ont moins d'un mois d'exploitation en réserve. Si l'on considère ces chiffres, ce sont près de 90 000 emplois associatifs qui sont directement menacés à court terme, faute de trésorerie.

En effet, les fonds de roulement, déjà faibles avant la crise sanitaire, ont été largement entamés pour compenser les pertes d'activité liées au Covid-19, puis les hausses des coûts de l'énergie et des loyers. De nombreuses structures de petite taille vivent désormais « au jour le jour », la moindre variation de trésorerie pouvant provoquer un arrêt brutal d'activité. Ce fonctionnement sous tension permanente mine la capacité d'action et la stabilité du tissu associatif local.

2. Des financements publics en diminution

Les associations font également face à une érosion continue du financement public, qui constitue pourtant leur principale source de revenus.

Près d'une association employeuse sur deux déclare avoir vu ses financements publics diminuer en 2025, selon l'enquête réalisée par le Mouvement associatif, le RNMA et Hexopée en septembre 2025. Pour une association sur 5, cette baisse a même été supérieure à 20 %.

Cette situation reflète une tendance de fond : en 20 ans, la part des subventions dans le budget des associations a diminué de 41 %, comme le rappelait le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans un rapport publié en mai 2024. Les subventions de fonctionnement, historiquement au coeur du partenariat entre l'État, les collectivités et le monde associatif, ont été progressivement remplacées par des appels à projets, souvent ponctuels, ciblés et administrativement lourds. Les collectivités locales, elles-mêmes confrontées à des contraintes budgétaires sévères, ont également réduit leur soutien.

3. Des conséquences très inquiétantes sur les activités de nombreuses structures, malgré des besoins croissants

Les alertes émanant du terrain, des têtes de réseau et des collectivités locales convergent : les associations, petites et grandes, ont de plus en plus de difficultés à équilibrer leurs budgets et à maintenir leurs activités dans la durée. Ainsi, 28 % des associations ont dû diminuer leurs activités en 2025, et près de 15 % des associations ont été contraintes d'augmenter la participation financière de leurs usagers, alors que le modèle associatif vise à rester accessible à tous, y compris aux publics non solvables.

Soutenabilité des salaires : les associations employeuses tirent la sonnette d'alarme

Alors que le monde associatif représente environ 1,8 million de salariés, soit près de 10 % de l'emploi privé en France, près de 40 % des associations déclarent également devoir réduire leur masse salariale en 2025, et 9 % des associations indiquent devoir procéder à des licenciements ou des plans de sauvegarde. Plusieurs associations d'importance comme le Secours Catholique ont annoncé pour la première fois en 2025 la suppression de plusieurs centaines de postes.

De nombreuses associations employeuses alertent sur la soutenabilité des salaires. Ceux-ci non seulement constituent des coûts contraints mobilisant une part incompressible du budget, mais peuvent aussi voir leur part s'accroitre en raison des augmentations de salaires jugées nécessaires à cause de l'inflation, prévues dans le cadre de conventions collectives ou règlementairement. La situation des associations du secteur sanitaire et social est particulièrement significative à cet égard.

En effet, l'arrêté du 5 août 2024 portant extension d'un accord conclu dans le secteur sanitaire, social et médico-social privé à but non lucratif a eu notamment pour effet d'étendre la prime dite « Ségur » aux salariés du secteur social et médico-social privé. D'un montant de 248 euros brut et hors charges patronales et devant être versée parfois rétroactivement au 1er janvier 2024, cette prime met, sans compensation de l'État, les associations du secteur dans des situations très compliquées. L'exemple de l'Association des paralysés de France (APF) France handicap en est l'illustration. Créée en 1933, l'association emploie plus de 15 000 personnes au sein de 450 structures : foyers d'accueil ou médicaux, services d'aide, instituts médico-éducatifs, établissements d'accompagnement par le travail ou entreprises adaptées, auxquels s'ajoutent des délégations départementales. En 2024, l'association a annoncé, pour la première fois de son histoire, la mise en place d'un plan social de grande ampleur impliquant la suppression de 300 à 400 postes, suite à l'annonce d'un déficit de 37,7 millions d'euros.

Source : Mouvement associatif/Haut conseil à la vie associative

Pour la première fois le 11 octobre dernier, les associations, à l'appel du Mouvement associatif, ont manifesté sur l'ensemble du territoire pour alerter sur la situation du secteur.

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