B. DES CRÉDITS CERTES PRÉSERVÉS POUR 2026, MAIS BIEN EN DEÇÀ DES BESOINS RÉELS DU SECTEUR

À périmètre constant, les crédits consacrés au développement de la vie associative au sein du PLF 2026 s'élèvent à 55,6 millions d'euros, un montant stable par rapport à la loi de finances pour 2025.

Or, cette stagnation budgétaire, qui s'inscrit dans un contexte de hausse continue des charges, revient de fait à une baisse en valeur réelle des moyens disponibles. Cette situation fragilise davantage encore un secteur déjà éprouvé, contraint de faire face à une demande sociale accrue tout en voyant ses marges de manoeuvre financières se réduire inexorablement.

1. Une stagnation paradoxale des crédits consacrés au développement de Guid'asso dans un contexte de montée en puissance du dispositif en 2026

Le réseau Guid'Asso, qui se développe progressivement depuis 2021 sur l'ensemble du territoire, a vocation à être un service de proximité d'accueil, d'orientation, d'information et d'accompagnement des associations entièrement gratuit, quels que soient leur domaine d'intervention et leur territoire d'implantation.

Les acteurs du monde associatif se montrent unanimement satisfaits de la mise en oeuvre du dispositif. Fin 2024, Guid'Asso se compose de 1585 points d'appui (contre 846 en 2023 soit une hausse de 87 %), dont deux tiers d'associations et un tiers de collectivités territoriales, répartis sur 11 régions.

En 2025, la finalisation du déploiement du réseau Guid'Asso s'est opérée dans les dernières régions, notamment le Grand Est, la Guadeloupe et la Martinique, ainsi qu'en Île-de-France et Guyane. La généralisation effective est attendue pour fin 2026.

Le rapporteur s'inquiète de la stagnation des crédits octroyés au développement du réseau, alors que le maillage du territoire doit se poursuivre en 2026. Lors de son audition, la direction de la jeunesse de l'éducation populaire et de la vie associative a reconnu que le budget était en effet très serré pour permettre la montée en puissance du réseau. La généralisation ne pourra être effective si, comme les années précédentes, une partie de ces crédits venait à être gelée au cours de l'exercice à venir.

2. Une revalorisation du FONJEP toujours attendue, dans un contexte de fortes tensions pour les associations employeuses

Le Fonds de coopération de la jeunesse et de l'éducation populaire (FONJEP) constitue un outil essentiel de soutien à l'emploi au sein du secteur associatif. Créé en 1964, il vise à accompagner la structuration et la professionnalisation des associations engagées dans des missions d'intérêt général, notamment dans les domaines de la jeunesse, de l'éducation populaire, de la cohésion sociale, de la culture, du sport ou encore de l'environnement.

Le dispositif repose sur l'attribution de postes FONJEP, qui correspondent à une aide financière annuelle destinée à cofinancer le salaire d'un professionnel recruté par une association. Cette aide, attribuée pour 3 ans et renouvelable deux fois, permet de stabiliser les emplois et d'assurer la continuité des missions portées.

Le rôle du FONJEP s'avère donc crucial pour accompagner les associations employeuses dans le contexte actuel particulièrement tendu pour le secteur associatif et soutenir des actions qui ne pourraient être menées uniquement par des bénévoles.

Or, si le FONJEP avait bénéficié d'une enveloppe complémentaire, appelée FONJEP « jeunes », pour financer 2 000 postes supplémentaires dans le cadre du plan de relance, l'ensemble de ces financements se sont achevés en 2025. Le nombre de postes soutenus par le dispositif en 2025 devrait donc s'établir aux alentours de 7 000 postes, retrouvant le niveau d'avant-crise sanitaire, mais bien en deçà des besoins actuels du secteur.

Par ailleurs, le montant de la subvention FONJEP n'a pas évolué depuis 2011 et s'établit toujours à 7 164 euros annuels par poste, ce qui représente entre 10 % et 15 % du coût global d'un poste salarié. Dans un rapport publié en 2016, la Cour des comptes estimait déjà que le faible montant du poste ne permettait pas d'avoir un véritable effet levier pour d'autres cofinancements.

Dans ce contexte, le rapporteur réitère son appel à revaloriser le montant des postes Fonjep afin de porter la subvention annuelle à 10 000 euros, comme cela a été fait pour les postes relevant du ministère de l'Europe et des affaires étrangères en 2023, et à soutenir davantage le déploiement du dispositif pour aider les associations employeuses.

3. Un Fonds pour le développement de la vie associative à moyens constants, malgré des demandes en constante progression

Le Fonds pour le développement de la vie associative (FDVA) constitue un instrument financier essentiel de soutien aux associations en facilitant la structuration des organisations, la professionnalisation de leurs dirigeants bénévoles et le financement de leurs activités.

Le FDVA 1, d'une part, est destiné à la formation des bénévoles, notamment ceux assumant des responsabilités dans la gouvernance associative.

Le FDVA 2, d'autre part, vise à financer le fonctionnement des associations et des projets innovants contribuant au développement de la vie associative locale ou nationale. Depuis 2020, une quotepart des sommes acquises à l'État est également affectée au FDVA. Entre 2021 et 2023, cette quotepart annuelle a été reconduite à hauteur de 20 %, avant d'être relevée à 40 % en loi de finances pour 2024.

En 2025, près de 33 965 associations ont effectué une demande de subvention au titre du FDVA 2, pour réaliser un total de 38 812 projets. Parmi elles, seulement 22 063 associations ont été financées, soit 65 %, correspondant à 23 026 projets. Ainsi, plus d'une association demandeuse sur trois n'a pas été soutenue.

Le FDVA est particulièrement sollicité. Le nombre de demandes ne cesse d'augmenter, tout comme le nombre d'associations voyant leurs demandes refusées (+ 37,2 % entre 2023 et 2025).

Le montant moyen des subventions octroyées est également en baisse : il s'élevait à 2 409 euros en 2020 et 2 340 euros en 2024, contre 2 000 euros en 2025. Les planchers ont en effet été abaissés dans tous les territoires de métropole ces dernières années pour soutenir davantage de très petites associations à budget constant. Ainsi, 83 % des associations soutenues sont de très petites associations, pour la plupart non affiliées à un réseau (50,7 % d'entre elles).

Augmenter les montants accordés au FDVA, par la revalorisation de la quote-part des sommes acquises à l'État affectée au dispositif par exemple, constituerait un acte fort pour soutenir les associations, notamment les plus fragiles d'entre elles, et répondre à l'appel lancé par le monde associatif le 11 octobre dernier.

Le rapporteur déplore donc un maintien en trompe-l'oeil des crédits en faveur de la vie associative, dans un contexte de forte dégradation de la situation du secteur. Il appelle le Gouvernement à mettre en place un véritable plan de sauvegarde pour éviter l'effondrement à venir du tissu associatif français.

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La commission de la culture, de l'éducation, de la communication et du sport a émis, lors de sa réunion plénière du 19 novembre 2025, un avis défavorable à l'adoption des crédits consacrés à la jeunesse et à la vie associative au sein de la mission « Sport, jeunesse et vie associative » du projet de loi de finances pour 2026.

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