B. L'AMÉLIORATION DE LA PRÉSENCE DES ENSEIGNANTS DEVANT LES ÉLÈVES

A la suite de la mission confiée au recteur Daniel Bloch en septembre 1997 diverses mesures destinées à améliorer la présence des enseignants dans les classes et à mieux organiser leur remplacement ont été proposées.

Ces propositions, dont certaines ont été reprises dans une note de service applicable pour la présente année scolaire, tendent d'abord à informer systématiquement les familles en cas d'absence des enseignants et à interdire l'utilisation des locaux des collèges publics pour l'organisation du baccalauréat.

Une réflexion est par ailleurs engagée pour établir un système d'information fiable sur l'absentéisme des enseignants, améliorer l'élaboration des sujets d'examen et réformer les mécanismes de remplacement dans le cadre de la déconcentration du mouvement des enseignants.

1. L'absentéisme des enseignants

a) Dans le premier degré

L'absentéisme des enseignants dans le premier degré se situe actuellement un peu au-delà de 5 % des effectifs en moyenne et reste depuis plusieurs années à un niveau stable, avec cependant une tendance à une légère augmentation (5,40 % en 1980, 5,35 % en 1990, 5,70 % en 1997). Dans les deux tiers des départements, le taux d'absentéisme est inférieur à la moyenne nationale, mais il demeure plus important dans les départements d'outre-mer (sauf en Martinique), en Corse et dans certains départements fortement urbanisés.

En 1996-1997, pour un taux de féminisation de 76 % du corps enseignant du premier degré, la part des congés de maternité représentait 36,13 % du total des congés pour maladie et maternité, et la durée moyenne du congé de maternité s'élevait à 107 jours. Si cet absentéisme reste prévisible, tel n'est pas le cas des absences consécutives aux congés de maladie qui correspondent le plus souvent à des absences de courte durée.

b) Dans le second degré

En 1991-1992, le taux d'absence annuel s'élevait à 5,6 % pour les enseignants du second degré. Cette moyenne recouvrait des situations différentes d'une académie à une autre (4,7 % à Bordeaux, 6,4 % à Créteil, 7,3 % en Antilles-Guyane). Une enquête plus récente effectuée en 1994-1995, sur les heures d'enseignement dans le second degré, à partir des indicateurs utilisés pour le pilotage des établissements secondaires, évalue pour sa part le taux d'absence devant élèves à un peu plus de 3 %.

2. Une nécessaire amélioration du système de remplacement

a) Dans le primaire

Le système des titulaires remplaçants

Dans chaque département, une partie des enseignants titulaires est affectée au remplacement des absences, l'importance de ce contingent étant fixée par l'inspecteur d'académie, en fonction des besoins et après avis des organismes consultatifs.

Les enseignants dits " titulaires remplaçants " reçoivent la même formation que leurs collègues et perçoivent une indemnité de sujétions spéciales. Ils sont rattachés à une école et répartis soit dans une brigade départementale, soit dans des zones d'intervention localisées (Z.I.L.). Ces dernières, constituées de groupes d'environ vingt-cinq classes, sont, en règle générale, destinées au remplacement des congés de faible durée. Les brigades départementales, dont le rayon d'action est plus important, sont gérées par les services de l'inspection académique et permettent, en particulier, le remplacement des congés plus longs et notamment des personnels en formation continue.

Le fonctionnement du dispositif des titulaires remplaçants fait apparaître des disparités entre les départements, tenant à la différence des moyens mis en place et à l'évolution du rythme des absences. A titre indicatif, pour l'année 1997, 18 939 emplois étaient affectés au remplacement des congés de maladie et de maternité, soit 6,15 % des emplois, ce qui permet théoriquement de satisfaire les besoins de remplacement pour cette forme de congés. L'évolution des absences n'étant pas uniforme tout au long de l'année scolaire, il peut être fait appel en complément aux personnels affectés au remplacement des stagiaires de la formation continue afin de mieux assurer la couverture des absences dues à la maladie et à la maternité.

La réforme du système de remplacement des enseignants du premier degré en formation continue

En 1997, 4 422 emplois étaient affectés au remplacement des absences des enseignants au titre de la participation à des stages de formation continue.

Le relevé de conclusions relatif à l'enseignement primaire, signé le 10 juillet 1998, envisage un nouveau mode d'organisation de la formation continue des enseignants des écoles qui comprendra désormais des formations obligatoires et des formations facultatives.

La formation est obligatoire lorsque son objet est d'actualiser des connaissances, des compétences et des savoir-faire indispensables à la fonction d'enseignant. Elle serait organisée en IUFM à partir de plans académiques ou nationaux et est prise sur le temps d'enseignement devant les élèves. Dans ce cas, le remplacement des enseignants en formation serait assuré par les personnels chargés de remplacement ou par les professeurs des écoles stagiaires des IUFM.

La formation est facultative quand son objet n'est pas directement nécessaire à l'évolution du métier. Fondée sur le volontariat, elle se déroulerait hors du temps d'enseignement devant les élèves, serait assurée en milieu universitaire et devrait être diplômante ou qualifiante.

Les moyens disponibles pour le remplacement des maîtres absents ou en formation feront l'objet, selon les académies et les départements, d'une évaluation précise quant à leur utilisation. Une concertation départementale sera organisée afin de rendre plus efficace le dispositif de remplacement dans le premier degré, en évitant le cloisonnement entre les structures et en facilitant l'intervention des enseignants rattachés à une Z.I.L. au delà de 20 km. Une meilleure utilisation des titulaires remplaçants sera recherchée lorsqu'ils n'ont pas de remplacement à effectuer. Les maîtres chargés du remplacement devront, en dehors des périodes de remplacement, être présents dans les écoles de rattachement pour y exercer des activités pédagogiques auprès des élèves.

b) Dans le second degré

La gestion du remplacement des enseignants du second degré doit permettre de faire face à des absences de courte durée (moins de quinze jours) qui sont souvent imprévisibles et donc difficiles à gérer.

La recherche d'une gestion optimale des moyens disponibles, adaptée à chaque type d'absence, devrait permettre d'assurer une meilleure couverture des besoins de remplacement.

Les travaux de la table ronde " Pas de classe sans enseignant ", présidée par le recteur Bloch, visaient à définir les principes d'organisation et de gestion permettant de faire face au remplacement. Ils ont permis d'identifier vingt mesures destinées à assurer la présence des enseignants dans les classes et à organiser leur remplacement.

La proposition n° 14 tend notamment à éviter les départs en cours d'année scolaire. Le rapport estime qu'il convient de mieux prendre en compte les exigences éducatives, d'éviter de perturber les élèves et les établissements en faisant, d'une part, mieux coïncider les départs à la retraite ou en congé de fin d'activité, vers l'université ou l'étranger avec la fin de l'année scolaire et en programmant, d'autre part, avant la fin de l'année scolaire précédente, les détachements et les mises à disposition.

La mise en oeuvre de ce dispositif nécessite cependant d'aligner la législation sur celle prévue pour les enseignants du premier degré qui ont l'obligation de rester en activité jusqu'à la fin de l'année scolaire s'ils remplissent en cours d'année la condition d'âge pour obtenir la jouissance immédiate de leur pension.

S'agissant des affectations vers le supérieur, les départs vers l'étranger ou les mises à disposition, les recteurs devraient désormais disposer des arrêtés ou des avis de mutation au plus tard en juin, de manière à leur permettre de pourvoir à la rentrée scolaire au remplacement des personnels concernés. Les vacances de poste postérieures à cette date feront l'objet d'un avis donné par le recteur de l'académie d'origine et aucun départ ne devrait être autorisé après la rentrée scolaire.

La gestion des détachements apparaît plus facile dans la mesure où bon nombre de missions d'enseignement à l'étranger ou en outremer ont une durée qui coïncide avec les périodes scolaires en vigueur en France.

La proposition n° 16 vise à renforcer les pouvoirs de l'établissement en matière de gestion des absences de courte durée. Il reviendrait aux chefs d'établissement de rechercher les solutions permettant la prise en charge des élèves dont le professeur est absent, soit en rétribuant un enseignant volontaire de l'établissement en heures supplémentaires, soit en recrutant un vacataire.

Enfin, la proposition n° 20 concerne les conditions d'exercice des remplaçants et part du constat que le dispositif actuel révèle notamment une inadéquation entre les besoins en moyens de remplacement des académies et le potentiel d'enseignants dont elles disposent. La mise en oeuvre du mouvement national à gestion déconcentrée devrait permettre de mieux adapter les moyens existants aux besoins.

Les modalités d'application des mesures visant à préserver les heures d'enseignement destinées aux élèves devraient être examinées lors du comité de suivi de la table ronde d'octobre 1998.

3. La nécessité d'améliorer la gestion des personnels de l'éducation nationale

En dépit d'efforts de modernisation, les mécanismes de gestion des personnels de l'éducation restent obscurs et de larges incertitudes subsistent quant à l'emploi effectif de trop nombreux enseignants et non-enseignants. Les revendications récentes des lycéens ont révélé en effet que malgré une progression constante du budget de l'éducation et une augmentation régulière des personnels intervenant dans un mouvement de baisse régulière du nombre des élèves, toutes les académies réclament toujours plus de professeurs et de moyens.

On peut, en effet, s'étonner que quelque 500 000 enseignants ne soient pas en mesure de répondre de manière satisfaisante aux besoins d'encadrement de 5,7 millions de collégiens et de lycéens.

Force est de reconnaître que le législateur qui ne connaît que des lignes d'emplois non ventilés n'a pas les moyens de contrôler les affectations réelles en postes, ainsi que leur répartition et qu'il n'est pas en mesure d'appréhender la réalité de la gestion des carrières.

L'éducation nationale recourt chaque année à toujours plus de maîtres auxiliaires alors que des enseignants en surnombre existent ; à chaque rentrée des postes restent vacants alors que des enseignants n'ont pas de poste.

Afin de faire la lumière sur la situation et la gestion de ces moyens considérables, le Sénat a décidé de créer une commission d'enquête. Elle devrait permettre ainsi de connaître avec précision les effectifs véritables des enseignants et non-enseignants, les effectifs éventuellement inemployés, ceux qui sont en situation de disponibilité ou en détachement dans divers organismes (mutuelles, syndicats, associations), le nombre de stages de formation, les arrêts maladie de longue durée.

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