IV. DES ÉVOLUTIONS BUDGÉTAIRES FLATTEUSES QUI SOULÈVENT DES INTERROGATIONS

Les crédits augmentent de manière significative aussi bien en ce qui concerne le noyau dur des crédits gérés par la délégation interministérielle à la ville (DIV) inscrits sur le " bleu " budgétaire, qu'en ce qui concerne l'ensemble des crédits, éventuellement contractualisés, gérés par les autres ministères et les partenaires de l'Etat, inscrits sur le " jaune " budgétaire.

A. LES CRÉDITS RELEVANT DU MINISTRE DÉLÉGUÉ À LA VILLE ENREGISTRENT UNE NETTE AUGMENTATION DES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT

1. Les mesures nouvelles du bleu " ville "

Comme l'a souligné M. Claude Bartolone en commission, les crédits du bleu ville dépassent le seuil symbolique du milliard de francs : ils passent de 754 millions de francs à 771 millions de francs en 1999 en section de fonctionnement tandis que les crédits d'investissement relevant de la DIV restent à peu près au même niveau (213 millions de francs de crédits de paiement en 1999 contre 227 millions de francs en 1998).

Les 240 millions de francs de mesures nouvelles se répartissent comme suit :

156,5 millions de francs (+ 42 %) sont ajoutés au titre de la participation du ministère aux contrats de ville , ceci afin de prendre en compte la prolongation d'un an de ces contrats.

Afin d'adapter le calendrier des contrats de ville aux décisions par le comité interministériel d'aménagement du territoire du 15 décembre 1997, les contrats de ville et autres conventions de développement social urbain sont prorogés d'un an jusqu'au 31 décembre 1999. Il s'agit de tirer ainsi les conséquences de la décision de conclure les contrats de plan Etat-régions sur la période 2000-2006.

Le ministère indique que les crédits nouveaux précités seront destinés à soutenir, de façon significative, les initiatives locales engagées dans le cadre des contrats de ville et des projets dans les domaines des services publics de proximité, de l'éducation, de la sécurité et de l'emploi.

45 millions de francs sont mis en place au titre du suivi des grands projets urbains (GPU) sur lesquels sont conduites des opérations lourdes d'investissement et de réhabilitation.

Le programme gouvernemental du 30 juin dernier précise sur ce point que des moyens exceptionnels doivent être mis en place au profit de certaines communes engagées dans un GPU afin de les aider à faire face aux difficultés financières qu'elles connaissent du fait d'investissements importants. La liste des communes concernées et le montant des aides doivent être arrêté en CIV.

23,5 millions de francs sont consacrés aux projets de service public de quartier 5( * ) , il s'agit de passer des accords, notamment avec La Poste, pour renforcer la présence des services publics dans les zones sensibles.

Sur la base d'une consultation des habitants des quartiers en difficulté et d'un débat organisé au sein des commissions locales avec les responsables locaux des services publics, chaque préfet de département est chargé d'établir un diagnostic sur la répartition et l'organisation du réseau des services publics, en liaison avec les recteurs pour ce qui relève de la carte scolaire.

Une synthèse nationale doit être effectuée au début de 1999 par l'inspection générale de l'administration, qui formulera également des recommandations d'action aux ministères, aux établissements publics et aux entreprises nationales concernés.

Les diagnostics locaux et les recommandations nationales doivent servir de base à la négociation du volet concernant les services publics dans les futurs contrats de ville.

Par ailleurs, la création des maisons des services publics doit être encouragée et des partenariats avec les réseaux nationaux de service public établis. Parmi ceux-ci, et compte tenu du rôle particulier de La Poste dans les quartiers en difficulté, une démarche spécifique sera mise en oeuvre avec l'exploitant public, qui se concrétisera par une convention visant à définir des objectifs d'adaptation de l'offre de services et d'accès au service public correspondant aux besoins de ces quartiers.

10 millions de francs sont affectés aux dépenses déconcentrées pour un " programme de formation des acteurs de la politique de la ville ".

Ces crédits, qui se sont élevés à 3 millions de francs en 1998, permettent de financer des formations pour favoriser l'adaptation au poste de travail des agents nouvellement nommés, en leur permettant de mieux connaître leur quartier d'affectation et les démarches liées à la politique de la ville ainsi que de former les agents en poste à l'accueil en termes de connaissance des usagers et de leurs besoins.

2. Les observations de votre commission

a) Les opérations " ville-vie-vacances " nécessitent un accompagnement de l'Etat auprès des collectivités locales concernées

Les opérations " ville-vie-vacances " bénéficient de 5 millions de francs supplémentaires en 1999, permettant de porter à 50 millions de francs le montant des crédits du ministère de la ville.

Compte tenu de la participation des différents ministères, le coût global de l'opération pour l'Etat a été de 84,6 millions de francs en 1998 pour 865.000 jeunes accueillis dans 91 départements .

•  Le 30 mars 1998, Mme Martine Aubry a déterminé, par circulaire, les objectifs des opérations " ville-vie-vacances " en tenant compte des expériences passées : axées autour du déroulement de la Coupe du monde de football, les opérations en 1998 devaient favoriser la mixité et la diversité sociale et culturelle, tout en permettant d'accueillir de manière plus significative les jeunes filles qui sont souvent les " oubliées " du dispositif.

La circulaire souligne à juste titre le besoin d'encadrement qui est très réel pour assurer le succès des opérations : il a été demandé aux préfets de porter une attention particulière au contenu éducatif des actions proposées, de veiller à ce que l'encadrement dispose d'une réelle expérience et d'accorder une attention toute particulière aux opérations qui ne se déroulent pas dans le département d'origine.

Pour prévenir d'éventuels incidents pouvant se produire sur des sites de tourisme populaire (sites balnéaires, en particulier littoral girondin et roussillonnais), deux départements (Gironde et Pyrénées-orientales) ont mis en place, comme l'année dernière, un " plan littoral " : il s'agit d'un dispositif d'accueil d'animateurs de rue et de renforcement de la surveillance venant compléter les renforts de sécurité (gendarmerie, police nationale, police municipale). Il a été demandé de signaler immédiatement les incidents pouvant être provoqués par des jeunes estivants relevant du dispositif " ville-vie-vacances ". Un troisième département, l'Hérault, envisage la création d'un plan littoral.

La réponse au questionnaire budgétaire de votre rapporteur indique que, d'une manière générale, les orientations de la circulaire du 30 mars 1998 ont été respectées, même si, sur certains sites, la préoccupation de la prise en charge des 10-13 ans continue à être posée : le rajeunissement des jeunes commettant des actes de délinquance semble être, à ce propos, une donnée forte à laquelle des réponses devraient être apportées. Des partenariats plus étroits avec les collectivités territoriales devraient être mis en place afin de déterminer la responsabilité des réponses pour ces publics.

•  Concernant la mise en oeuvre du programme pour 1999 , le ministère travaille sur trois pistes :

- le " ciblage " du programme doit être amélioré : en effet, il apparaît à la DIV que les jeunes de 10 à 14 ans sont plutôt demandeurs de consommation d'activités, ce qui entre en contradiction avec l'objectif de responsabilisation, visant à rendre les jeunes acteurs " de leurs activités ".

- S'agissant du champ territorial, le ministère envisagerait de doter de moyens plus conséquents les départements dans lesquels les problèmes sont les plus aigus. Si l'extension du programme à 91 départements a permis de répondre aux difficultés des jeunes, le ministre indique que la faible dotation de certains départements ne permet pas de mettre en place un véritable programme départemental.

Le ministère souhaite donc améliorer la dotation des 42 derniers départements entrés dans le dispositif, en utilisant des indicateurs identiques sur l'ensemble du territoire (et non plus une dotation forfaitaire) et accroître la dotation des départements prioritaires, sur la base des besoins en matière de lutte contre les exclusions et de prévention de la délinquance.

- l'encadrement doit être renforcé : l'un des paramètres de réussite du programme tient à la formation des personnels d'encadrement dont le niveau serait souvent insuffisant. De ce fait, le ministère préconise un véritable plan de formation de ces personnels, soit localement, soit nationalement. Un rapprochement avec les ministères chargés de ces formations pourrait permettre de mettre en place un programme, cofinancé par l'Union européenne, sur cette question.

Il importe particulièrement de souligner que, dans les stations qui accueillent beaucoup de touristes, la cohabitation réussie entre, d'une part, les familles d'estivants et, d'autre part, les jeunes accueillis au titre des opérations " ville-vie-vacances " et ceux qui viennent par leurs propres moyens des quartiers sensibles, suppose un effort réel d'encadrement, de surveillance et parfois de médiations, en cas de conflits .

Le coût global des opérations " ville-vie-vacances " est de l'ordre de 300 millions de francs , la subvention de l'Etat jouant en quelque sorte un rôle de levier. Ainsi, en 1997, la subvention de l'Etat versée par la délégation interministérielle à la ville (DIV) a représenté 27 % de la dépense totale et entraîné la mobilisation des autres partenaires que sont les caisses d'allocations familiales (5,26 %), le Fonds d'action sociale (5,24 %), les communes (30,37 %), les conseils généraux (9,03 %), les associations (12,03 %), les familles (6,30 %) ainsi que d'autres financeurs (4,12 %) tels que les sociétés d'HLM, de transport ou des entreprises privées.

Les opérations " ville-vie-vacances " mobilisent fortement les collectivités locales concernées, soit par des subventions directes, soit indirectement, par les coûts induits dans le domaine de l'accueil et de la prévention.

Votre commission ne peut que souligner que les communes ne peuvent assumer à elles seules les surcoûts de fonctionnement résultant des opérations " ville-vie-vacances " et qu'il est donc particulièrement important d'évaluer tous les aspects du coût de la mise en oeuvre de ces opérations avant d'en élargir le champ ou d'en réformer les modalités de fonctionnement.

b) L'augmentation importante des dépenses de fonctionnement de la délégation interministérielle à la ville

Il apparaît une augmentation importante des dépenses de fonctionnement de la délégation interministérielle à la ville (DIV) qui passent de 13 à 20 millions de francs, soit une mesure nouvelle de 6,8 millions de francs (+ 54 %). Les dépenses dites de communication passent de 3,4 à 5 millions de francs (+ 47 %).

Votre rapporteur ne conteste pas l'augmentation des dépenses de fonctionnement dès lors qu'elles ont pour objet d'aider les collectivités locales à mieux faire face aux dépenses induites par les instruments contractuels de la politique de la ville. En revanche, l'augmentation des frais de fonctionnement des organismes chargés de la gestion de la politique de la ville apparaît plus critiquable.

Parmi les dépenses de fonctionnement supplémentaire, votre rapporteur s'interroge sur l'utilité de la création d'un nouvel organisme de concertation et de réflexion en matière de politique de la ville : en effet, le CIV du 30 juin dernier a décidé la création, en lien avec les associations d'élus locaux, d'un organisme ayant pour vocation essentielle de capitaliser, de valoriser et de diffuser les connaissances et pratiques. Selon le Gouvernement, cet organisme, dénommé provisoirement " institut pour la ville ", mettrait en communication les acteurs des politiques urbaines, ferait circuler entre eux l'information et favoriserait l'accessibilité des données de base.

Il convient de rappeler qu'il existe déjà un Conseil national des villes placé auprès du Premier ministre et présidé par lui, ou par l'un des deux vice-présidents désignés parmi les maires qui en sont membres. Il comprend vingt-cinq élus locaux ou nationaux et quinze personnalités qualifiées désignées par le Premier ministre sur proposition du ministre de la ville. Il a pour objet de concourir à l'élaboration de la politique de la ville par ses propositions d'orientations et de mise en oeuvre.

Au demeurant la DIV, qui comptait 85 agents dont 32 agents contractuels au 1 er août 1998, a pour mission, comme le rappelle le " jaune " budgétaire, d'assurer la mobilisation des différents acteurs de la politique de la ville dans un souci de cohérence et d'efficacité. Elle est un foyer d'initiatives, de réflexions et de propositions. Elle anime aussi les réseaux des professionnels du développement social urbain et les services déconcentrés de l'Etat, assure le suivi de l'exécution des contrats passés avec les collectivités territoriales et les échanges internationaux et européens avec les Etats confrontés à des problèmes de développement social urbain analogues.

La mission du futur Institut apparaît donc pour le moins difficile à définir par rapport aux deux institutions existantes, sauf à considérer que celles-ci jouent mal leur rôle.

•  S'agissant des dépenses d'investissement, le Fonds social urbain (FSU), qui permet au ministère de la ville de financer certaines opérations urgentes d'investissement en dehors des contrats de plan, connaît une baisse continue de ses crédits : les autorisations de programme passent de 200 à 180 millions de francs tandis que les crédits de paiement passent de 120 à 110 millions de francs. Bien que le Gouvernement mette en avant une sous-consommation des crédits à ce chapitre, il paraît peu souhaitable d'affaiblir le financement d'opérations visant notamment à désenclaver certains quartiers et à l'intégration urbaine.

B. LA HAUSSE DE L'EFFORT PUBLIC GLOBAL EN FAVEUR DE LA VILLE REPOSE ESSENTIELLEMENT SUR LES EFFORTS DES PARTENAIRES DE L'ETAT OU SUR DES DÉCLARATIONS D'OBJECTIF

Concernant l'ensemble de l'effort public consacré à la ville, le Gouvernement fait valoir que celui-ci atteindra, pour la première fois cette année, 31,2 milliards de francs, soit un niveau proche de l'objectif souhaité par M. Jean-Pierre Sueur dans son rapport (35 milliards de francs par an pendant les dix prochaines années par analogie avec les emplois-jeunes).

Il convient de rappeler que l'évolution du budget de l'Etat est concernée directement en matière de politique de la ville à quatre échelons.

- Les crédits dont la gestion relève directement de la Délégation elle-même et qui, soit sont inscrits sur le bleu budgétaire du ministère des affaires sociales, soit transitent par le fonds d'intervention pour la ville (FIV).

Ces crédits s'élèvent à 1,6 milliard de francs en 1999 contre 1,38 milliard de francs en 1998 : ils comprennent à la fois les moyens inscrits en investissement et en fonctionnement au titre de l'agrégat " ville " dans le bleu budgétaire du ministère de l'emploi et de la solidarité, examinés ci-dessus, ainsi que des transferts de gestion provenant du fonds d'aménagement pour la région d'Ile-de-France (FARIF), ou d'autres ministères, au titre des opérations d'été en faveur des jeunes par exemple.

- Les crédits des différents ministères afférents aux contrats de ville représentent 2,1 milliards de francs en 1999 contre 2,2 milliards de francs en 1998 et se situent en légère diminution par rapport à 1998.

Ils comprennent à la fois des crédits qui ont fait l'objet d'un engagement contractualisé dans les contrats de ville (1.108 millions de francs), tels que les investissements du ministère du logement affectés à la réhabilitation des logements HLM, et les crédits ordinaires des ministères qui viennent financer les actions inscrites aux programmes d'action des contrats de ville sans faire l'objet d'engagements pluriannuels (993 millions de francs).

- Les crédits des différents ministères qui concourent indirectement à la politique de développement social urbain mais qui ne sont pas consommés dans le cadre des contrats de ville , comme les crédits consacrés par le ministère du travail aux emplois de ville.

Ces crédits passent de 7,1 milliards de francs en 1997 à 9,9 milliards de francs en 1998 essentiellement en raison du financement des emplois-jeunes.

- Le manque à gagner en recettes de l'Etat au titre des dépenses fiscales et sociales et de leur compensation versée aux collectivités locales, ou aux régimes de sécurité sociale, s'élève en estimation à 2,6 milliards de francs en 1999 au lieu de 2,5 milliards de francs en 1998.

1. L'augmentation de l'effort de l'Etat est largement imputable aux objectifs annoncés sur les emplois-jeunes

Parmi les mesures nouvelles recensées dans l'effort public, près de 3 milliards de francs sont imputables à la mise en oeuvre des emplois-jeunes. Le Gouvernement retient par convention 20 % des crédits inscrits au budget " emploi " pour le financement des emplois-jeunes ( chapitre 44-01, article 10 ) qui s'élèvent au total à 13,9 milliards de francs en 1999.

Le fondement de cette clé de répartition conventionnelle est la décision du CIV du 30 juin 1998 prévoyant que " 20 % " au moins des embauches réalisées au titre des emplois-jeunes concernerait les jeunes issus des quartiers relevant de la politique de la ville ou pour des activités de service réalisées au sein de ces quartiers.

Le choix d'une clé de répartition conventionnelle est compréhensible à condition de souligner qu'elle s'applique à des emplois qui sont financés mais dont les contrats ne sont pas nécessairement encore signés à ce jour. En outre, le bilan précis devra être dressé pour connaître la proportion exacte des emplois-jeunes qui jouent effectivement un rôle du point de vue de la politique de la ville afin de savoir si le taux de 20 % est réellement tenu.

Enfin, il est important de souligner que même si l'Etat prend en charge, pendant cinq ans, 80 % du coût de la rémunération de l'emploi-jeune par référence au SMIC, le solde demeure à la charge des employeurs et notamment des collectivités locales concernées.

2. La contribution importante des collectivités territoriales

Il importe de préciser que, pour la première fois cette année, le jaune budgétaire fait apparaître une ligne correspondant à la contribution des collectivités territoriales évaluée à 3,1 milliards de francs en 1999 compte tenu des engagements pris au titre des contrats de plan. Cet engagement ferait suite à un montant de crédits de 2,5 milliards de francs en 1998.

Seules les données disponibles pour 1997, font apparaître la répartition entre les différentes catégories de collectivités territoriales : sur un montant total de 2,34 milliards de francs, les communes se sont engagées à hauteur de 1,4 milliard de francs sur les contrats de ville, les départements à hauteur de 533 millions de francs et les régions à hauteur de 431,12 millions de francs.

Il convient de se féliciter de la nouvelle présentation du " jaune " budgétaire qui permet de faire apparaître de manière plus précise l'étendue des engagements des collectivités locales.

On observera toutefois que le montant des dépenses des collectivités locales, qui sont destinées aux quartiers sensibles mais qui ne sont pas individualisées dans les contrats de plan, tel que par exemple les dépenses induites par les opérations ville-vie-vacances, ne sont pas prises en compte dans le montant de l'intervention des collectivités locales.

Pour réaliser une parfaite symétrie avec la présentation de l'effort du budget de l'Etat, il conviendrait, en pratique, de faire apparaître les dépenses des collectivités locales qui contribuent à la politique de la ville même si elles ne sont pas contractualisées . Bien entendu, cette donnée ne pourrait qu'être estimée à partir d'un échantillon représentatif afin de ne pas alourdir les charges statistiques.

En second lieu, votre commission souligne que pour comparer la réalité de l'évolution de l'effort public et la portée du montant de 31 milliards de francs annoncé par le Gouvernement, il faut réintégrer la participation des collectivités territoriales qui n'était pas incluse les années précédentes, ce qui conduit à un effort public global de 24 milliards de francs pour 1998. Le jaune procède d'ailleurs de façon tout à fait exacte à la " reconstitution rétroactive " de l'effort public global pour 1997 et 1998. Il reste que les annexes des années précédentes ne permettent plus d'établir de série homogène.

Enfin, la commission constate avec une certaine perplexité que, concernant la participation des collectivités locales, le Gouvernement affiche, de manière volontariste, un objectif de hausse de leur participation aux contrats de ville en 1999.

Cet affichage peut sembler surprenant dans la mesure où les collectivités locales seront dans l'attente de la mise en place des nouveaux contrats de ville qui seront en préparation pour la période 2000-2006. En outre, les niveaux d'intervention des régions s'inscrivaient plutôt en baisse en 1997.

Comme le rappellent les réponses aux questionnaires, les annexes financières des contrats de ville qui retracent annuellement l'effort financier de l'Etat et des collectivités locales montrent d'une part, un " décollage " difficile de la consommation des crédits régionaux au début du XI ème Plan et un tassement, voire une régression de cet engagement à partir de l'année 1997 (- 59 % par rapport à 1996).

Le Gouvernement estime que l'explication principale pourrait trouver sa source dans le taux du montant subventionnable des opérations sur lesquelles interviennent les régions (généralement 30 %) et qui laisse une part à financer considérée comme trop importante pour les communes maîtres d'ouvrage. Il est précisé que plusieurs régions envisagent de porter ce taux à un niveau supérieur afin de réaliser la totalité de leur engagement financier quinquennal sur les deux dernières années d'exécution du contrat de plan, à savoir 1998-1999.

Il reste que l'on peut s'interroger sur la volonté de lancer des investissements parfois différés depuis longtemps alors que le cycle des nouveaux contrats de plan est sur le point de débuter.

3. L'effort public de l'Etat continue d'intégrer les dotations relatives à la solidarité urbaine

Le second poste qui évolue fortement est celui de la dotation de solidarité (DSU) qui augmente de près d'un milliard de francs. Cette année encore, votre commission s'est étonnée que le Gouvernement inscrive toujours, au titre de l'effort de l'Etat, des dotations qui relèvent de la solidarité financière entre communes.

Deux dotations sont ainsi inscrites : tout d'abord, le Fonds de solidarité des communes de la région d'Ile-de-France (FSCRIF) qui représente 700 millions de francs en 1999 et qui est constitué exclusivement des contributions prélevées sur les communes de la région. A cet égard, M. Jean-Pierre Sueur rappelle dans son rapport que la Cour des comptes considère que les crédits du fonds en question ne font que transiter par le budget de l'Etat et qu'il est donc abusif de les retenir au titre de l'effort financier de l'Etat.

Pour ce qui concerne la DSU, il convient de souligner que cette dotation est une fraction de la DGF que l'Etat est, en tout état de cause, tenu de verser aux communes et qu'elle correspond à un financement des villes entre elles dans le cadre d'une politique de péréquation en faveur des communes les plus défavorisées.

Toutefois, une nuance est à apporter cette année puisque l'augmentation d'un milliard de francs de la DSU est imputable pour moitié à une nouvelle répartition au sein de la DGF et pour moitié à une dotation exceptionnelle de l'Etat, de 500 millions de francs, qui devrait être reconduite en 2000 et 2001.

Il reste que la solidarité financière entre collectivités territoriales ne peut être qu'abusivement mise au crédit de l'effort public de l'Etat en faveur de la politique de la ville.

4. L'affichage du montant des prêts de la Caisse des dépôts et consignations dans l'effort public soulève des interrogations.

Enfin, 3 milliards de francs sont imputables à l'intervention de la Caisse des dépôts et consignations.

Il s'agit de la mise en place de deux enveloppes de prêt à taux réduit de 10 milliards de francs, chacune destinée respectivement à permettre le financement d'investissements d'infrastructure par les collectivités locales et des travaux sur les logements par les HLM et les SEM.

Il conviendra là encore d'examiner comment seront consommés les crédits en question par les emprunteurs dont il convient de remarquer qu'ils sont en priorité soit des communes soit des organismes d'HLM.

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