g) Reconduction de la dotation relative aux « autres interventions de politique internationale »

Le chapitre 42-37 inclut, au titre de la coopération, le Fonds d'urgence humanitaire (FUH), créé en 1989 et qui finance un ensemble varié d'opérations 35( * ) , et les opérations exceptionnelles et aides aux sorties de crise (dont la spécificité est reconnue depuis 2002 et qui fait donc l'objet d'un nouvel article), dont les dotations sont reconduites comme en 2002 et en 2003, avec respectivement 9,3 millions d'euros et 7,6 millions d'euros.

h) Reconduction des contributions obligatoires et augmentation de 11,5 % des contributions volontaires aux organismes internationaux

Une faible part - moins de 12% - des contributions obligatoires à des dépenses internationales est retenue au titre de la coopération . Ces versements sont en effet destinés aux agences spécialisées des Nations Unies, telles que l'OMS, l'OIT, l'UNESCO ou la FAO, et à d'autres organisations internationales (OTAN, Bureau international des poids et mesures, Organisation pour le traité d'interdiction complète des essais nucléaires...). Parmi les organisations et fonds du système des Nations Unies bénéficiant de contributions obligatoires, sept sont intégralement pris en compte par le CAD au titre de l'APD (le PNUD 36( * ) , le FNUAP 37( * ) , l'UNICEF, le HCR, l'UNRWA 38( * ) , le PAM et l'ONUDI 39( * ) ) et font également l'objet de contributions volontaires 40( * ) .

La faiblesse des contributions volontaires est une caractéristique majeure de l'APD française depuis plusieurs années. La France ne figurait ainsi en 2001 qu'au 12 e rang des pays donateurs , ce qui n'est pas sans conséquence pour son influence au sein de ces enceintes 41( * ) , et la part d'APD que la France consacre au système des Nations Unies (3,1 % en 2000) est la plus faible de l'ensemble des membres du CAD (9,6 % en moyenne). Les ministres des affaires étrangères et de l'économie, des finances et de l'industrie ont le 15 juillet 2002 conjointement demandé aux inspections générales des finances et du ministère des affaires étrangères de leur présenter une vision globale des contributions françaises aux différentes institutions multilatérales. Ce rapport, remis en décembre 2002, dresse un constat sévère du niveau et de l'impact des versements . C'est pourquoi le CICID, dans le relevé de conclusions de sa session du 11 décembre 2002, a recommandé que les ministères concernés examinent la possibilité de consacrer une part de l'accroissement de l'aide publique au développement à l'augmentation des contributions au système des Nations Unies, en sélectionnant celles des agences des Nations Unies qui interviennent dans des domaines ou des zones correspondant aux priorités françaises, ainsi que de se mettre en situation de répondre plus substantiellement aux appels des institutions de l'ONU en cas de crise. Le ministère des affaires étrangères a fait ce travail d'identification et, pour donner effet aux recommandations du CICID, a demandé l'inscription d'une mesure nouvelle de 6 millions d'euros sur l'article 10 du le chapitre 42-32 (contributions volontaires) dans le projet de loi de finances pour 2004. En raison de la contrainte budgétaire, cette mesure nouvelle n'a toutefois pas été accordée .

Rapport conjoint de MM. Marcel Tremeau, ministre plénipotentiaire, et Gilbert Mourre, inspecteur général des finances, sur l'impact des contributions françaises aux institutions multilatérales et à l'aide communautaire

Le rapport décrit dans un premier temps les grandes caractéristiques de l'APD globale versée par les membres du CAD (affectation d'environ les deux tiers à l'aide bilatérale, priorité accordée à l'Afrique sub-saharienne...) et les engagements pris par la France, qui nécessiteront un minimum de deux milliards de dollars d'APD supplémentaire d'ici 2007.

La part consacrée par la France aux institutions de l'ONU est de loin la plus faible de tous les principaux donateurs, puisqu'elle était en 2000 de 8,6 % de l'aide multilatérale et de 2 % de l'APD française totale. Les contributions volontaires de la France ne la placent qu'au douzième rang des contributeurs.

Le rapport examine également les modes de fonctionnement des principaux partenaires. La DFID britannique semble constituer le meilleur exemple de recherche d'une synergie optimale entre les différents compartiments de l'aide. A défaut de disposer d'une organisation aussi centralisée, les autres donateurs manifestent le même souci de cohérence, par le biais d'une concertation étroite, et dans certains cas quotidienne, entre administrations et agences spécialisées. Nos partenaires possèdent tous, selon des modes et montants différents, des fonds de réserve d'urgence en cas de crises, qui leur permettent de répondre très rapidement aux appels de fonds ou de contributions spéciales . L'influence de ces pays s'exerce en outre par d'autres leviers : diffusion large d'un discours simple et global, mécanismes de concertation et contacts réguliers avec les enceintes multilatérales, présence quasi-systématique dans les colloques traitant du développement.

Les rapporteurs relèvent que les organisations du système onusien ont, selon nos partenaires, accompli de grands efforts pour se réformer , s'auto évaluer et mieux coordonner les agences. Le problème majeur de la coordination entre PNUD et Banque mondiale n'est toutefois pas réglé. Ils constatent également la part importante que prennent, chez nos principaux partenaires, les opérations dites « bi-multi » permettant de choisir, soit en cofinancement avec d'autres, soit au moyen de fonds fiduciaires spécifiques, les programmes leur paraissant les mieux adaptés aux objectifs recherchés et souvent exécutés par leurs ONG. Parallèlement, s'exprime le souci de ne pas « affecter » intégralement les contributions et de préserver une certaine souplesse de gestion aux agences multilatérales.

L'organisation française leur apparaît moins cohérente ou unifiée : éparpillement des guichets, dispersion des intervenants (ministères techniques), absence de pilotage central, insuffisante présence française dans les colloques et « think tanks », absence d'un véritable fonds d'urgence permettrant de réagir à des appels de fonds en temps de crise.

Pour remédier à cette situation, le rapport formule en dernier lieu les recommandations suivantes : disposer des instruments d'évaluation adéquats de l'action des organisations multilatérales, plus large utilisation des fonds fiduciaires, augmentation des contributions au cas par cas en fonction des priorités sectorielles et géographiques, relèvement de la contribution à l'AID (groupe de la Banque mondiale, meilleur pilotage via le CICID.

Le ministère de l'économie des finances et de l'industrie a formulé les observations suivantes dans ses réponses au questionnaire de votre rapporteur :

« Le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, qui est responsable du suivi de l'activité de la Banque mondiale, partage pleinement l'analyse des rapporteurs quant à sa place de premier rang dans le système multilatéral de développement.

« Le ministère ne méconnaît pas l'importance qu'il y a à relever l'influence de la France dans ces institutions, et, dans le cadre des débats au sein du CICID, plaide pour une sélection rigoureuse des agences, programmes et organisations spécialisées du système de l'ONU qui pourraient bénéficier d'une hausse de nos contributions volontaires (chapitre 42-32 du budget du ministère des affaires étrangères) en fonction de leurs secteurs et zones d'intervention correspondant à nos priorités, et de leur prise en compte dans l'APD. Enfin, s'agissant de l'aide européenne, qui absorbe 62 % du total de notre aide multilatérale, il convient de rappeler que notre part de contribution au FED, qui en est le principal instrument, est nettement plus élevé que notre part dans la clé budgétaire communautaire. Le MINEFI est favorable à une prochaine budgétisation du FED, qui permettra de réduire la part contributive de la France pour l'aligner sur sa part de contribution au budget communautaire et dégagera des moyens permettant notamment de réorienter, en niveau, ses contributions à certaines organisations et institutions multilatérales de développement.
»

Source : rapport conjoint IGMAE / IGF ; ministère de l'économie, des finances et de l'industrie

La hausse de 11,5 % des contributions volontaires repose exclusivement sur une mesure nouvelle de 10 millions d'euros au profit du Fonds multilatéral unique (FMU) au titre de la francophonie 42( * ) , dont la France est de loin le premier contributeur et qui fait l'objet d'un versement de 46,7 millions d'euros 43( * ) . Lors du sommet de Beyrouth d'octobre 2002, le Président de la République a annoncé un soutien annuel accru à hauteur de 20 millions d'euros supplémentaires dans le cadre d'un plan de relance de la francophonie . Cet engagement a été pris en compte en loi de finances rectificative pour 2002, mais l'intégralité n'a toutefois pu être versée aux opérateurs en 2003 44( * ) . L'augmentation de 10 millions d'euros de la dotation au FMU en 2004 constitue, avec l'effort sur les bourses et échanges, une traduction de ce plan de relance.

Dans son acception la plus large, l'ensemble des crédits concourrant à l'action francophone s'élèvent en 2003 (hors comptes spéciaux du Trésor soutenant l'industrie cinématographique) à 813,2 millions d'euros, inscrits dans leur très grande majorité au budget des affaires étrangères.

Les orientations actuelles de la francophonie

On compte aujourd'hui environ 112 millions de francophones dans le monde, 65 millions de « francophones partiels » et 51 pays « ayant le français en partage » (soit environ 600 millions de personnes). La francophonie dépasse le simple cadre de la communauté culturelle et entend jouer un rôle - mais les espérances ne sont pas toujours conformes à la réalité - sur la scène politique internationale, et s'est pour cela dotée d'un cadre juridique, la Charte de la Francophonie, et d'institutions visibles telles que le Secrétaire général, élu pour un mandat de quatre ans (Abdou Diouf, qui a succédé à Boutros Boutros-Ghali lors du sommet de Beyrouth d'octobre dernier), l'AIF (Agence Internationale de la Francophonie), le CPF (Conseil Permanent de la Francophonie), l'AIMF (Association Internationale des Maires des capitales et métropoles Francophones) et des conférences ministérielles régulières.

Au cours des dernières années, la francophonie multilatérale a entrepris, sous l'impulsion de la France et sous l'égide de l'OIF, une profonde rénovation de ses objectifs, de ses méthodes et de ses instruments . Les efforts ont été concentrés sur quelques grands objectifs : promotion de la diversité culturelle et linguistique (60 % des moyens budgétaires sont consacrés à ces programmes), enracinement de la démocratie dans l'espace francophone (20 % des budgets), formation en français (notamment au moyen de bourses en faveur des étudiants et des enseignants), modernisation de la gestion municipale en partenariat avec l'Association Internationale des Maires Francophones (AIMF).

Premier contributeur de la francophonie multilatérale (la contribution française représente à peu près les deux tiers du financement des opérateurs), la France a également favorisé le développement de la dimension politique de la Francophonie. Le Sommet de Beyrouth a ainsi adopté le Plan d'action de Bamako sur les pratiques de la démocratie, des droits et des libertés qui prévoit, sous l'égide de l'OIF, une forte augmentation des actions de la coopération multilatérale francophone en faveur de la consolidation des institutions juridique et judiciaire, de la promotion des droits de l'Homme, de la tenue d'élections libres, fiables et transparentes et du maintien de la paix dans l'espace francophone. Par ailleurs, les campagnes d'explication menées auparavant par la France, notamment lors de la préparation de la réunion du Réseau international des politiques culturelles (RIPC) au Cap, ont porté leurs fruits. L'engagement des francophones a été acquis en faveur de l'adoption par l'UNESCO d'une convention sur la diversité culturelle.

La préparation du Sommet de Ouagadougou, qui se tiendra à l'automne 2004, va inciter la France à faire porter les efforts de l'OIF sur :

- la poursuite de la rénovation des instruments et des méthodes, perçue notamment sous l'angle de l'accès aux financements internationaux ;

- la promotion de la langue française, par le renforcement du Plan d'action pluriannuel, signé en janvier 2002 par la France, la Communauté française de Belgique, le Luxembourg et l'Agence intergouvernementale de la Francophonie en faveur du français dans les organisations internationales.

Par ailleurs, la contribution supplémentaire d'un montant de 20 millions d'euros annoncée par le Président de la République lors du Sommet de Beyrouth dans le cadre de la relance budgétaire de la Francophonie multilatérale, sera pour l'essentiel consacrée à :

- la promotion de l'Etat de droit (formation des magistrats, suivi des pratiques de la démocratie, mise en réseau des professionnels du droit, informatisation des listes électorales dans les pays du Sud) ;

- le renforcement du plan de relance du français au sein des institutions européennes ;

- le développement de l'activité de l'Agence universitaire de la Francophonie (bourses de mobilité en faveur des étudiants et enseignants, développement des pôles universitaires spécialisés en Afrique, extension du réseau des campus numériques dans les universités francophones) ;

- l'accroissement du nombre des auditeurs de l'Université Senghor d'Alexandrie ;

- l'amplification des programmes de modernisation de la gestion municipale et d'informatisation de l'état-civil menés par l'AIMF ;

- la poursuite des études sur la Maison de la Francophonie qui, en 2006, regroupera en un lieu unique à Paris les bureaux des opérateurs ( AIF, AUF, AIMF), de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) et d'associations telles que Association francophone d'amitié et de liaison.

Source : ministère des affaires étrangères

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