2. L'effet controversé de la baisse du taux du livret A

La deuxième explication de la baisse des crédits malgré les objectifs ambitieux en matière de construction sociale est la baisse du taux du livret A qui donnera en 2004 un avantage de taux aux opérateurs, et permettra de diminuer la contribution du budget de l'Etat.

La subvention de l'Etat représente en moyenne 7 % du montant total de l'opération pour le PLUS et 14 % pour le PLAI , alors que les prêts sur fonds d'épargne de la Caisse des dépôts et consignations représentent respectivement 67,3 % et 31,8 % des plans de financement.

Ainsi, avant même l'aide budgétaire, l'aide de taux est une des composantes essentielles de l'aide à la construction sociale, comme le montre le graphique ci-après.



Les seules évolutions du budget de l'Etat ne permettent pas de mesurer l'ampleur des aides publiques à la construction sociale, les avantages de taux étant supérieurs aux aides budgétaires .

AVANTAGES CONFÉRÉS RELATIFS AUX OPERATIONS PLA

(en millions d'euros)

 

1 997

1 998

1 999

2 000

2 001

Aides perçues

442,1

233,2

181,2

219,2

263,9

Avantages de taux

570,0

344,3

260,3

486,3

514,4

Avantages fiscaux

592,9

507,6

523,5

585,1

530,5

Autres aides aux producteurs

258,5

386,4

444,3

490,6

570,1

Ensemble

1 863,5

1 471,5

1 409,3

1 781,2

1 878,8

Source : compte du Logement

Les subventions budgétaires moyennes devraient diminuer en 2004, passant d'environ 5.000 euros à 3.000 euros . Cette diminution sera cependant intégralement compensée, selon le ministère chargé du logement, par l'effet de la baisse du livret A.

Par ailleurs, la baisse du taux du livret A allègera la dette des bailleurs sociaux de 27 millions d'euros dès 2004 , puis 70 millions d'euros en 2005 et de plus de 240 millions d'euros les années suivantes.

Effet de la baisse du taux du livret A sur l'endettement des organismes HLM
(y compris SEM) hors activité nouvelle

Année

Impact sur l'annuité

En % de la charge financière

2004

- 27

- 0,5 %

2005

- 70

- 1 %

2010

-240

- 5 %

2015

-370

- 9 %

2020

-420

- 13 %

Cependant, selon les organismes de logement social, s'il est vrai que la baisse du taux du livret A correspond en moyenne à 90 % des subventions versées actuellement , la crainte d'une évolution à la hausse du taux dans les années à venir les amène à nuancer l'impact positif de la baisse du taux du livret A (les prêts au logement social ont une durée de 35 ans).

Il semble donc que les objectifs de construction sociale ne pourront être atteints en 2004 qu'à la condition d'une mobilisation de tous les acteurs, et d'une mise en place rapide du programme de rénovation urbaine.

L'impact de la baisse du taux du livret A sur la construction sociale : le point de vue des organismes de logements sociaux

L'impact de la baisse du taux du livret A sur l'activité des organismes de logement social est double :

- d'une part le taux d'intérêt de la dette indexée sur le taux du livret A baisse automatiquement de 0,75 %. C est le cas de la plus grande partie de l'encours des organismes HLM. L'effet, très positif sur les comptes des organismes, ne se fera pas sentir immédiatement. Les modalités de la baisse consistent, par le mécanisme de la double révision, à réduire la progressivité des annuités : si l'annuité progresse actuellement de 0,50 %, elle baissera désormais de 0,22 % par an. Ce lissage joue à la baisse comme à la hausse. En pratique, 2005 sera la première année d'effet plein sur la charge financière qui baissera alors de 60 millions d'euros pour l'ensemble des organismes HLM pour une charge financière de près de 5.800 millions d'euros.

- d'autre part le taux des nouveaux prêts a été abaissé et le financement locatif le plus utilisé, le PLUS, est passé de 4,20 % à 3,45 %. Cette baisse significative va réduire nettement le poids de la charge financière dans les nouvelles opérations. Pour une opération PLUS au coût moyen en zone 2, l'effet de la baisse du taux sur l'équilibre financier équivaut à une subvention de près de 6.000 euros, soit 90 % du montant moyen de la subvention de l'Etat en 2002.

En réalité ceci n'est vrai que si le taux du prêt reste inchangé pendant toute la période d'amortissement : 35 ans. Si le taux d'intérêt devait à nouveau augmenter de 0,75 % dans cinq ans, l'équivalent subvention serait ramené à moins de 1.500 euros. En cas d'augmentation plus rapide (deux ans), le gain serait à peu près nul.

Au moment où l'Etat se dessaisit de la prérogative de fixer la valeur du taux du livret A et par conséquent des prêts au logement social, il ne peut garantir que l'avantage résultant de la récente baisse sera pérenne.

C'est pourquoi la baisse du taux du livret A doit être mise à profit pour réaliser davantage d'opérations dont l'équilibre financier sera mieux assuré, sans revenir sur le niveau actuel des subventions unitaires.

Source : Union sociale pour l'habitat

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