3. L'évolution récente des effectifs
Les
emplois budgétaires autorisés par le Parlement
gérés par la police nationale (cf. tableau
ci-après
22(
*
)
) se sont
accrus de 12.965 unités entre 1997 et 2003 (soit une progression de
9,5 %), et
le nombre total d'emplois gérés par la police
nationale
, y compris les surnombres (au nombre de 2.162 en 2002), s'est
accru de
15.127 unités
au cours de la même
période (soit une progression de 11,1 %). Si l'on retient la
période
1997-2003
, l'
augmentation
n'est apparemment que
de 9.971 unités
, soit une progression de 7,3 %.
Le tableau ci-après établit toutefois que la hausse des emplois
de la police nationale intervenue sur la période 1997-2002
résulte aux deux-tiers de la progression du nombre total de policiers
auxiliaires et d'emplois-jeunes (porté de 10.475 en 1997 à 20.000
en l'an 2002).
En effet, les emplois de personnels actifs ne se sont accrus au cours de la
même période que de 4.687 unités (soit une progression de
4,1 %).
La progression des effectifs réels de la police nationale entre le
1
er
janvier 1997 et le 1
er
janvier 2002
(+ 10.923 personnes) fut toutefois nettement moindre que celle des emplois
budgétaires entre 1996 et 2001 (+ 14.333) ou entre 1997 et 2002
(+ 15.127).
Cette situation résultait notamment du fait que les postes d'adjoint de
sécurité étaient loin d'être tous pourvus : au
1
er
janvier 2002, seuls 77,8 % des emplois d'adjoint de
sécurité étaient effectivement pourvus. Par ailleurs,
votre rapporteur avait montré dans le cadre de l'examen de la LOPSI que
cette hausse des effectifs s'inscrivait pour partie en trompe-l'oeil.
Dans une moindre mesure, cette augmentation était due à la
pratique entre 1998 et 2001 des
surnombres
, liés à une
mauvaise gestion des décalages entre les vacances d'emplois, la
formation de nouveaux fonctionnaires et leur affectation opérationnelle.
Cette pratique a cessé à partir de l'exercice budgétaire
2002 : au 1
er
janvier 2002, les surnombres avaient
diminué à 2.162. Le ministère de l'intérieur ayant
indiqué à votre rapporteur spécial que
1.028 surnombres supplémentaires avaient été
résorbés en 2002, le tableau ci-après indique 1.134
surnombres au 1
er
janvier 2003, alors que cette information
n'apparaît plus dans les tableaux d'effectifs communiqués par le
ministère.
Les hausses d'effectif entre 1997 et 2002 ont ainsi principalement
concerné les
emplois-jeunes
(adjoints de sécurité
ou gendarmes adjoints) et les volontaires, notamment sur la période
1997-2000 : ce n'est qu'en toute fin de législature que le
précédent gouvernement a tiré les leçons qui
s'imposaient et infléchi ses priorités en recrutant des
fonctionnaires titulaires supplémentaires qui, compte tenu de leurs
délais de formation, ne sont d'ailleurs pour la plupart pas encore
opérationnels.
En effet, le recours aux adjoints de sécurité a posé des
difficultés organisationnelles, dues notamment à une formation
plus courte que les fonctionnaires titulaires et à leur nomination
fréquente dans des postes dits sensibles où il aurait
été préférable d'affecter des fonctionnaires
titulaires.
Ces difficultés organisationnelles ont été accrues par la
politique d'
aménagement et de réduction du temps de travail
(ARTT)
conduite par le précédent gouvernement.
En 2002, une réponse à votre rapporteur du ministère de
l'intérieur, de la sécurité intérieure et des
libertés locales avait permis d'évaluer les effets potentiels de
l'ARTT à
une perte de capacités opérationnelles
équivalant à 5.543 emplois équivalents à temps
plein
23(
*
)
.
Le ministère de l'intérieur, de la sécurité
intérieure et des libertés locales souligne le coût qu'a
représenté la mise en place de l'ARTT dans la police nationale,
du fait de la permanence du service public qu'elle assure.
Les mesures conduites au titre de l'ARTT en 2002 ont représenté
31,3 millions
d'euros
24(
*
)
.
Un complément de 30
millions d'euros
a été obtenu en loi de finances
rectificative pour compléter le dispositif de rachat de jours. Les
crédits s'élèvent à 13,23 millions d'euros en
année pleine pour payer les astreintes qui donnaient lieu jusqu'alors
à une compensation en temps, et «
7 jours d'ARTT ont
été « rachetés », car ils ont
été travaillés, pour tous les policiers, quels que soit
leur grade ou leur affectation
»
25(
*
)
, l'ARTT conduisant de
manière absurde à un rachat de jours travaillés.
Les besoins sont les plus importants en 2003 (5.393 départs), en 2004
(4.211 départs) et en 2005 (4.309 départs).
EMPLOIS BUDGETAIRES DE LA POLICE NATIONALE 1970-2003
CORPS |
1970 |
1980 |
1981 |
1982 |
1983 |
1984 |
1985 |
1989 |
1991 |
1993 |
1995 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
I - PERSONNELS ACTIFS |
||||||||||||||||||
Hauts fonctionnaires |
51 |
68 |
68 |
66 |
66 |
66 |
66 |
73 |
73 |
73 |
77 |
85 |
85 |
89 |
90 |
90 |
90 |
90* |
Commissaires |
1.801 |
1.992 |
1.988 |
1.996 |
2.056 |
2.057 |
2.057 |
2.084 |
2.135 |
2.133 |
2.129 |
2.092 |
2.076 |
2.051 |
2.039 |
2.037 |
2.032 |
2.026 |
Inspecteurs
|
13.087
|
13.839
|
14.139
|
14.381
|
15.081
|
15.106
|
15.106
|
15.679
|
15.708
|
15.846
|
15.946
|
17.559 |
16.900 |
16.414 |
15.920 |
15.683 |
15.283 |
14.933 |
Gradés et gardiens
|
72.236
|
84.950
|
84.662
|
89.613
|
90.648
|
90.651
|
90.651
|
92.470
|
92.960
|
92.958
|
92.834
|
93.379
|
94.043
|
94.491
|
94.960
|
95.160
|
98.235
|
99.541
|
Sous-total actifs |
89.736 |
103.122 |
103.148 |
108.316 |
110.153 |
110.182 |
110.182 |
112.499 |
113.121 |
113.255 |
113.232 |
113.158 |
113.147 |
113.088 |
113.052 |
113.013 |
115.683 |
116.633 |
Surnombres |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
234 |
1.190 |
2.190 |
3.162 |
2.162 |
1.134 |
Sous-total actifs avec surnombres |
|
|
|
|
|
|
|
112.499 |
113.121 |
113.255 |
113.232 |
113.158 |
113.381 |
114.278 |
115.242 |
116.175 |
117.845 |
117.767 |
II - PERSONNELS ADMINISTRATIFS, TECHNIQUES ET SCIENTIFIQUES |
||||||||||||||||||
Titulaires
|
|
|
|
|
|
|
|
10.013
|
9.915
|
11.677
|
12.130
|
12.770
|
12.657
|
12.579
|
12.703
|
13.381
|
13.619
|
14.474
|
Sous-total administratifs |
2.933 |
8.488 |
9.417 |
11.225 |
11.658 |
11.680 |
11.656 |
10.527 |
10.522 |
12.061 |
12.548 |
13.218 |
13.118 |
13.040 |
13.167 |
13.861 |
14.133 |
15.055 |
Total police nationale |
92.669 |
111.610 |
112.565 |
119.541 |
121.811 |
121.862 |
121.838 |
123.026 |
123.643 |
125.316 |
125.780 |
126.376 |
126.265 |
126.128 |
126.219 |
126.874 |
129.816 |
131.688 |
Total avec surnombres |
|
|
|
|
|
|
|
123.026 |
123.643 |
125.316 |
125.780 |
126.376 |
126.499 |
127.318 |
128.409 |
130.036 |
131.978 |
132.822 |
III - POLICIERS AUXILIAIRES |
|
|
|
|
|
|
|
3.000 |
3.925 |
5.325 |
8.325 |
8.825 |
8.325 |
4.150 |
2.075 |
|
|
|
IV - ADJOINTS DE SÉCURITÉ |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1.650 |
8.250 |
15.850 |
20.000 |
20.000 |
20.000 |
14.000 |
Votre
rapporteur souligne le caractère structurel de ces
dépenses qui alourdissent le coût unitaire dans la police
nationale :
dans le projet de loi de finances pour 2004
,
le
ministère de l'intérieur, de la sécurité
intérieure et des libertés locales demande
des
crédits à hauteur de 9,38 millions d'euros pour la poursuite
de mesures mises en place en cours d'année, «
une enveloppe
supplémentaire de 46,8 millions d'euros pour indemniser les jours
supplémentaires pour l'ensemble des corps de maîtrise et
d'application et de commandement et d'encadremen
t » et 5,79
millions pour transformer en paiement une récupération en temps,
soit au total 62 millions d'euros.
Enfin, l'ARTT a aggravé un
problème récurrent
de
la police nationale : les
heures supplémentaires
sont pour
la plupart non rémunérées et les agents ont la
faculté de capitaliser les heures supplémentaires qu'ils ne
peuvent pas ou ne souhaitent pas récupérer de manière
à anticiper leur départ en fin de carrière.
Près de 70 % des départs sont ainsi anticipés et
l'âge moyen effectif de départ à la retraite est proche de
53 ans. Or il n'est pas possible de pourvoir le poste de ces
« pré-retraités » car il n'est pas
administrativement vacant, ce qui perturbe considérablement le
fonctionnement des services.
Comme l'indique le tableau ci-après intitulé
«
prévision des départs à la retraite des
personnels actifs de la police nationale
»,
40.186
départs à la retraite
de personnels actifs de la police
nationale sont prévus
entre 2003 et 2012
, soit
34 % des
effectifs
au 1
er
janvier 2003.
Prévisions des départs à la retraite des
personnels
actifs de la police nationale entre 2003 et 2012
Source : MISILL