2. Les constats de l'observatoire nationale de la vie étudiante sur les étudiants étrangers en France
L'observatoire national de la vie étudiante
(OVE) a
publié en mars 2003 un rapport intitulé «
Les
étudiants étrangers en France : l'état des
savoirs
», qui établissait notamment les
constats
suivants :
- «
l'Afrique envoie ses étudiants essentiellement en
France : 41 % des étudiants africains à l'étrangers
choisissent la France, 14 % vont aux Etats-Unis, 9 % en Allemagne et 8 % au
Royaume-Uni. Tandis que 51 % des étudiants étrangers dans les
universités françaises sont africains, ils ne sont que 6 % aux
Etats-Unis, 8 % au Royaume-Uni et 10 % en Allemagne, 17 % au Canada et un tiers
en Belgique
»
- cela résulte notamment de ce que le choix de la France est souvent
conditionné par des déterminants historiques et linguistiques,
mais aussi, notamment pour les étudiants africains, par la
présence de famille ou de compatriotes ;
- ainsi, «
le souhait des pouvoirs publics, exprimé au
milieu des années 1970, d'accueillir davantage d'étudiants des
pays développés au détriment des étudiants du Sud,
ne s'est pas traduit dans les faits... Malgré les efforts
considérables de ces dernières années, la France n'a pas
encore su attirer massivement les étudiants issus des pays
émergents ou des pays développés
» ;
- les étudiants étrangers se heurtent d'ailleurs à
«
l'absence d'une politique d'accueil
...
ces
difficultés, qui perdurent depuis plus de 30 ans, [montrant] que les
universités tardent à prendre toute la mesure des enjeux
économiques, sociaux et culturels de la mobilité internationale
des étudiants... Ainsi, les étudiants étrangers se
plaignent des mauvaises conditions d'accueil dans les universités
françaises, où rien n'est prévu pour faciliter leur
adaptation et où les professeurs, souvent les seuls interlocuteurs
« visibles », se montrent en général peu
disponibles à leur égard
» ;
- en particulier, «
le manque d'informations et/ou une mauvaise
orientation sont les problèmes les plus importants que rencontrent les
étudiants étrangers, et sont l'une des causes
»
d'un échec scolaire relativement élevé ;
- au total, «
les étudiants étrangers, surtout ceux
qui viennent des pays en voie de développement se trouvent face à
une université qui est très peu préoccupée de leurs
problèmes. A leurs yeux, l'université est peu
« intégratrice », et donne l'image d'un univers
faiblement organisé. Le nombre d'étudiants dans les grands
établissements, la distance avec les enseignants qui reste souvent
importante, les relations d'amphi et de cours surchargés,
réduisent la chance pour des étudiants étrangers de
développer des relations
sociales en dehors des cours. Cette
université de masse se distingue du secteur sélectif (les Ecoles,
grandes ou petites), où les emplois du temps sont contraignants, la
proximité avec les enseignants plus grande, et le travail collectif plus
fortement présent
» ;
- par ailleurs, «
la gratuité de l'enseignement
supérieur constitue l'une des motivations des étudiants pour
choisir la France comme pays d'étude... [mais/et] la plupart des
enquêtes font état de difficultés matérielles
importantes... [avec] des conditions de vie précaires, voire
acrobatiques
» ;
- ces difficultés matérielles se traduisent par une obligation de
travailler, au risque, parfois «
de tuer, voire de transformer la
migration des étudiants en une migration traditionnelle, de force de
travail, et d'éloigner les étudiants de leurs
études
» ;
- enfin, le logement «
constitue un problème
majeur
» (cf. infra).