B. LA VALORISATION DU PATRIMOINE DE L'ETAT ACTIONNAIRE : 150 MILLIARDS D'EUROS EN 2002

En 2002, les participations de l'Etat ont été valorisées à 150 milliards d'euros. En ce qui concerne son patrimoine de sociétés cotées, la valorisation de ses participations, si elle n'a pas retrouvé ses plus hauts niveaux de 1997, s'est redressée nettement en un an. Elle ainsi progressé de + de 60 % depuis septembre 2002.

Valorisation boursière des participations de l'Etat

 

Participations de l'État dans les sociétés cotées
(en millions d'euros)

Diminution par rapport à l'année précédente

Au 31/12/1997

102.182

 

Au 29/12/200

82.040

-19,71%

Au 28/12/2001

44.967

-45,19%

Au 15/09/2002

24.935

-45,75%

Au 09/09/2003

40.400

+62 %

Soit une diminution totale depuis 1997 de 61%

Certaines entreprises du patrimoine de l'Etat inspirent néanmoins de vives inquiétudes à votre rapporteur spécial . Il en est ainsi de GIAT au sujet duquel votre rapporteur spécial a obtenu les éléments suivants du gouvernement :

« GIAT Industries est aujourd'hui une société fortement déficitaire. Les résultats 2002 traduisent les difficultés persistantes de l'entreprise. Le chiffre d'affaires, qui s'établit à 777 millions d'euros, est en baisse de 2% par rapport à 2001. Le nombre de chars Leclerc livrés est resté stable.

Le résultat d'exploitation 2002, égal à -107 millions d'euros, s'est amélioré (90 millions d'euros en 2001) du fait de reprises de provisions pour perte à terminaison, de la diminution des sureffectifs en application du plan stratégique économique et social (PSES) et de l'amélioration de la marge des nouveaux contrats.

Le résultat net 2002 est négatif, à hauteur de -118 millions d'euros, ce qui représente toutefois une amélioration par rapport à 2001, où il était de -207millions d'euros. Les capitaux propres à fin 2002 étaient négatifs et s'élevaient à -256 millions d'euros. Le groupe n'est pas endetté, son financement reposant uniquement sur les fonds propres et avances apportés par l'Etat client.

Le niveau de prise de commandes, qui a chuté de moitié en 2002 pour s'établir à 303 millions d'euros , ne permet pas d'envisager une forte reprise de l'activité. Aucune commande d'importance à l'exportation, qu'il s'agisse du Leclerc ou du CAESAR, n'a été enregistrée. Aucun accord industriel n'a été conclu par GIAT Industries et ses filiales au cours de l'année 2002 et du premier semestre 2003. Les commandes en 2002 n'incluent aucun contrat supérieur à 30 millions d'euros et un faible niveau à l'exportation.

Les nombreuses tentatives de diversification passées se sont pour la plupart soldées par des pertes financières. Bien que GIAT s'attache à examiner les opportunités qui peuvent se présenter, la diversification n'offre pas de perspectives industrielles et financières favorables. Le chiffre d'affaires total pour la période 2003-2006 devrait atteindre environ 140 millions d'euros.

L'absence de perspectives d'activité suffisantes pour assurer la rentabilité à long terme de la société dans son format actuel a conduit sa direction à présenter le projet stratégique GIAT 2006 au conseil d'administration en avril dernier. Ce projet a été présenté et discuté avec les instances représentatives du personnel de GIAT Industries.

Il a été exposé au comité de groupe le 7 avril 2003. Les procédures d'information et de consultation des instances représentatives du personnel préalables à la mise en oeuvre de la restructuration industrielle et sociale sont en cours.

Ce projet vise à pérenniser l'entreprise et consacre la volonté de l'Etat de maintenir en France une industrie d'armement terrestre compétitive. Il est conforme aux termes de la lettre de mission adressée au président de GIAT Industries par les ministres de la défense et de l'économie, des finances et de l'industrie

Le groupe doit se concentrer sur son coeur de métier, les systèmes d'armes et blindés et les munitions, de la conception au maintien en condition opérationnelle (MCO). GIAT Industries a vocation à assurer la responsabilité d'ensemble du maintien en condition opérationnelle de nature industrielle du Leclerc. Cette responsabilité doit être étendue à l'ensemble des systèmes et matériel développés par l'entreprise pour le compte du ministère de la Défense, notamment dans le cadre des rénovations en cours.

La direction générale de GIAT Industries a proposé, à horizon de 2006, de resserrer l'effectif de l'entreprise à 2.500 salariés. Le nombre d'implantations serait réduit à Satory, Bourges, Roanne, La Chapelle St-Ursin et trois sites complémentaires, Tarbes pour la pyrotechnie, Toulouse pour le maintien en condition opérationnelle de boîtiers électronique et Tulle pour le MCO d'équipements mécaniques et d'outillage. Les discussions entre l'entreprise et les instances représentatives du personnel sur ces mesures et sur l'accompagnement social de la restructuration se poursuivent.

En étroite coopération avec la Délégation Interministérielle aux Restructurations de Défense, avec le soutien technique de la SOFRED et de la Caisse des Dépôts et Consignations, GIAT Industries poursuit sa politique de reconversion des sites fermés (Rennes, Le Mans, Salbris) et met en place les mesures appropriées pour les sites qui seront touchés dans les trois ans à venir.

L'Etat appuiera l'entreprise comme actionnaire et client et assumera ses engagements à l'égard du personnel sous statut à reclasser. A l'issue du processus de consultation sociale, prévu à la mi-octobre par l'accord de méthode signé le 12 mai 2003, un contrat d'entreprise sera signé entre l'entreprise et l'Etat. Ce contrat reprendra les engagements des deux parties, et détaillera notamment le soutien financier nécessaire, qui pourrait être de l'ordre de 1 milliard d'euros.

Sur la base des projections de la direction générale, qui tiennent compte notamment des perspectives de prises de commandes de l'Etat français, la mise en oeuvre de ce plan permettrait d'atteindre un niveau de marge opérationnelle de l'ordre de 4,7% en 2006 pour un chiffre d'affaires compris entre 450 millions d'euros et 500 millions d'euros. GIAT serait alors comparable en taille et en résultats à ses principaux concurrents européens.
»

A côté de certaines réussites industrielles indéniables, l'expérience GIAT Industries constitue ainsi un lourd et coûteux revers pour l'Etat actionnaire.

GIAT industries a bénéficié de la part de l'Etat de 5 recapitalisations successives :

- en 1991, une première recapitalisation de 160 millions d'euros ;

- en 1996, une deuxième recapitalisation a été effectuée pour un montant de 567 millions d'euros ;

- en 1997 a eu lieu une troisième recapitalisation d'un montant de 564 millions d'euros ;

- en 1998, une quatrième recapitalisation d'un montant de 1,52 milliard d'euros; elle a été versée en deux fois, d'une part au travers d'une avance d'actionnaire versée dès le 6 février 1998 et enfin le solde le 25 janvier 1999.

- enfin une augmentation de capital de 591 millions d'euros a été souscrite à la fin de l'année 2001 de façon à ramener les fonds propres de GIAT au dessus de la moitié du capital social de l'entreprise. 305 millions d'euros ont été libérés immédiatement et le solde en août 2003.

Outre les différentes opérations de recapitalisation depuis 1990, GIAT a bénéficié en 1998, d'importantes exonérations de pénalités sur le contrat Leclerc-EMAT pour un montant de 63,4 millions d'euros.

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