II. UN PAYSAGE DU TRANSPORT AÉRIEN EN MUTATION

A. LE DEVELOPPEMENT DES COMPAGNIES « LOW COST » SE CONFIRME

1. Un développement important ces dernières années

Dans le contexte de crise du transport aérien consécutif aux attentats du 11 septembre 2001, le paysage du transport aérien se trouve profondément bouleversé. Les compagnies « low-cost » se développent de manière importante sur l'ensemble du territoire européen, grâce à des prix très inférieurs à ceux pratiqués par des grandes compagnies nationales.

Au cours des dernières années, de nombreuses compagnies à bas coûts ont vu le jour en Europe et en France. Certaines ont connu un essor rapide, à l'image d'EasyJet et de Ryanair, alors que d'autres ont disparu ou ont été rachetées par les plus robustes.

Le développement en France et en Europe des services offerts par les compagnies aériennes à bas coûts se traduit à la fois par une augmentation du nombre de liaisons exploitées et par une augmentation du nombre de passagers transportés.

Le trafic de passagers des compagnies à bas coûts en France a atteint 5,2 millions de passagers en 2002 et 7,9 millions en 2003, soit une augmentation de plus de 50 % (après une augmentation de 86 % entre 2001 et 2002). Le trafic des compagnies à bas coûts pour des liaisons intérieures à la métropole, inexistant en 2001, est de l'ordre de 1,1 million de passagers en 2003 pour environ 300.000 en 2002.

Sur le faisceau entre la métropole et l'Europe 6 ( * ) , la part globale des compagnies à bas coûts est de 16 % en 2003 contre 12 % en 2002 et 7 % en 2001. La part des compagnies à bas coûts dans le trafic intérieur à la Métropole est de 5 % en 2003 contre 1 % en 2002.

Au cours du premier semestre 2004, les compagnies à bas coûts européennes ont transporté, sur des liaisons touchant la France, 4,8 millions de passagers, un trafic en augmentation de 49 % par rapport à celui du premier semestre de l'année précédente. Les deux principaux transporteurs à bas coûts en France, sont EasyJet et Ryanair qui ont assuré respectivement 44 % et 28 % de ce trafic. Suivent Volareweb.com avec une part de 7 % puis, avec des parts de l'ordre de 2 ou 3 %, les six compagnies suivantes : bmibaby, Virgin Express, BasiqAir, Germanwings, FlyBE et Sterling.

Le modèle des compagnies « low cost » repose sur trois principes :

- un produit simple : pas de nourriture servie gratuitement à bord, espace limité entre les sièges, libre choix des places, absence de programme de fidélité, classe unique à bord des appareils ;

- des liaisons point-à-point : concurrence directe avec les autres modes de transport (voiture, train, avion), utilisation des aéroports régionaux, absence de correspondances ;

- de faibles charges d'exploitation : salaires et charges aéroportuaires moins élevés, flottes homogènes effectuant des rotations plus fréquentes, forte productivité, flexibilité du personnel, frais généraux peu élevés, structures commerciales limitées grâce au développement de la vente directe ou en ligne.

On notera que le succès des compagnies « low cost » favorise le développement des aéroports régionaux : le faible niveau des redevances attire les compagnies aériennes, qui espèrent par ailleurs bénéficier de facilités particulières, prétextant l'impact touristique et commercial de l'ouverture de lignes nouvelles pour la région d'implantation de l'aéroport.

2. Une meilleure desserte du territoire

L'essor des compagnies à bas coûts a d'abord largement profité aux régions françaises ; leur présence sur les deux grands aéroports parisiens s'est développée plus récemment, en particulier depuis 2003. Au total, en 2003 et 2004, une trentaine d'aéroports sont desservis par des transporteurs à bas coûts, avec Nice à leur tête, qui accueille à mi-2004 seize compagnies à bas coûts desservant un total de 40 destinations.

Desserte assurée par les transporteurs « low-cost »

3. Un développement au profit du consommateur ?

Selon les services de la DGAC, « de façon générale, l'appréciation de l'évolution des prix dans le transport aérien s'avère particulièrement difficile ».

En effet, les tarifs, désormais proposés à la vente par les transporteurs aériens, sont issus d'un système de gestion des recettes (technique dite du « yield management ») destiné à maximiser la recette vol par vol. L'adoption généralisée de cette technique de rentabilisation introduit une grande variété de tarifs, une modulation constante de l'offre tarifaire pour chaque vol et une évolution permanente des grilles tarifaires et du nombre de sièges proposés par tarif.

De plus, le montant du tarif commercialisé ne constitue pas à lui seul un critère suffisant pour caractériser l'évolution du marché du point de vue des consommateurs. Il est, en effet, nécessaire de prendre en compte d'autres éléments, notamment les conditions d'utilisation du billet proposé à la vente, le nombre de passagers concernés et le nombre de sièges offerts à ce tarif, la fréquence et la durée d'application de ce tarif, en d'autres termes « l'accessibilité » à ces tarifs.

L'objectif des compagnies à bas coûts consiste à réduire au maximum les coûts d'exploitation et de gestion, de façon à proposer des tarifs bas, jusqu'à deux ou trois fois plus faibles que ceux des concurrents sur une même liaison. Toutefois, tous les tarifs ne sont pas aussi réduits, contrairement aux publicités faites par les compagnies, qui n'affichent que leurs tarifs les plus bas, et souvent sans les redevances et taxes applicables ni les frais annexes.

Afin de mieux cerner la réalité des prix, les services de la DGAC indiquent que : « l'objectif des compagnies à bas coûts consiste à réduire au maximum les coûts d'exploitation et de gestion, de façon à proposer des tarifs bas, jusqu'à deux ou trois fois plus faibles que ceux des concurrents sur une même liaison 7 ( * ) . Toutefois, tous les tarifs ne sont pas aussi réduits, contrairement aux publicités faites par les compagnies, qui n'affichent que leurs tarifs les plus bas, et souvent sans les redevances et taxes applicables ni les frais annexes 8 ( * ) .

« Selon une étude parue en octobre 2002 9 ( * ) , les tarifs aériens des transporteurs à bas coûts en Europe seraient inférieurs de 20 à 50 % aux tarifs pratiqués par les opérateurs classiques. Grâce aux tarifs pratiqués, les transporteurs à bas coûts non seulement attirent une partie de la demande à basse contribution, mais aussi créent une demande supplémentaire.

« Sur le réseau intérieur, leur impact est sans doute plus limité dans la mesure où une concurrence très forte sur les prix existe depuis de nombreuses années, du fait de la présence du TGV. L'arrivée des compagnies à bas coûts sur le marché intérieur a néanmoins amené la compagnie dominante à ouvrir des contingents de place à des tarifs très bas, voisins de ceux de ses concurrents aériens et ferroviaires.

« Sur le réseau européen, les transporteurs dits classiques cherchent aussi à adapter leurs produits et leur prix à cette nouvelle donne du marché. Ainsi, face à la montée en puissance des compagnies à bas coûts, les grilles tarifaires des compagnies traditionnelles telles Iberia, British Airways, Air France ou encore Swiss ont été simplifiées et revues à la baisse.

« On peut donc penser que l'arrivée des compagnies à bas coûts sur les marchés européens et français a eu un effet globalement positif sur les prix des billets » .

Votre rapporteur spécial considère, en tout état de cause, que les compagnies aériennes « low cost » remplissent un rôle utile, en abaissant les prix des billets d'une part, en permettant une meilleure desserte du territoire d'autre part. De plus, il peut sembler que la question de la concurrence avec les opérateurs historiques ne joue qu'à la marge. En effet, le type de clientèle visé n'est pas précisément le même, tout comme les prestations trouvées à bord des avions.

En conséquence, loin de constituer un phénomène alarmant, le développement de ces compagnies paraît plutôt positif.

* 6 Le trafic pris en compte est celui entre la métropole, d'une part, les 24 pays actuels membres de l'Union européenne hormis la France, ainsi que l'Islande, la Norvège et la Suisse d'autre part.

* 7 Les tarifs des billets des compagnies aériennes à bas coût augmentent à mesure que le jour de la réservation se rappoche de celui du vol.

* 8 Par exemple, Easyjet, dont les ventes se font essentiellement par téléphone ou par internet, facture 6,5 euros chaque transaction effectuée par carte bancaire.

* 9 Etude Arthur D. Little, octobre 2002, « Le phénomène «bas-tarifs » : évolution ou révolution ».

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