2. Le risque d'une remontée des taux d'intérêt

On peut en outre s'interroger cette année sur les conséquences de l'augmentation des taux d'intérêt en cours aux Etats-Unis, et leur impact possible sur le marché de l'immobilier.

Le gouvernement n'indique pas quelles sont ses hypothèses en matière d'évolution des taux d'intérêt .

En revanche, les conjoncturistes réunis au sein de la Commission économique de la Nation anticipent un début de remontée des taux longs aux Etats-Unis en 2006 et dans la zone euro, comme l'indique le graphique ci-après.

Les taux d'intérêt à 10 ans aux Etats-Unis et dans la zone euro

(en %)

Les courbes en pointillés indiquent la prévision du consensus des conjoncturistes ( Consensus Forecasts , octobre 2005)

Sources : Banque centrale européenne, Federal Reserve Board, Consensus Forecasts

Le processus de remontée des taux, déjà amorcé aux Etat-Unis, semble également enclenché en Europe pour des raisons internes tenant aux risques évoqués par certains banquiers centraux d'une reprise de l'inflation et d'une augmentation excessivement rapide de la masse monétaire : au début novembre 2005, en l'espace de deux mois, les taux longs européens sont remontés de 50 points de base.

Enfin, en dépit des dernières tendances du marché, il n'est pas exclu que l'augmentation du prix du pétrole se poursuive au-delà de l'hypothèse retenue par le gouvernement et par les conjoncturistes (de l'ordre de 60 dollars le baril), ce qui serait un facteur d'inflation. Dans ces conditions, il y a un risque que la hausse des taux longs soit accentuée par l'évolution du marché pétrolier, ce qui pourrait à son tour servir de déclencheur au retournement des marchés de l'immobilier dans le monde.

Le gouvernement reconnaît ce triple danger, et en a fait l'objet de son « scénario alternatif » défavorable . Il considère que la croissance du PIB de la France serait réduite de 0,75 point en 2006, et atteindrait donc 1,5 %. Il ne précise pas quelle serait l'ampleur, dans ce scénario, de la diminution des prix de l'immobilier et de l'augmentation des taux longs, mais cet ordre de grandeur semble vraisemblable, et compatible avec ce que votre rapporteur général a indiqué dans son récent rapport d'information sur le marché de l'immobilier 10 ( * ) .

3. Un scénario « favorable » toujours possible

Le gouvernement envisage également un scénario favorable, où l'appréciation des monnaies asiatiques et des importations accrues des pays producteurs de pétrole susciteraient une plus forte croissance de la zone euro. La croissance de l'économie française serait alors accrue de 0,75 point, et atteindrait donc 3 %. Cela supposerait que les prévisionnistes aient sous-estimé la croissance de 1,2 point, ce qui correspondrait à leur marge d'erreur habituelle (la croissance du PIB a été sous-estimée d'environ 1 point en 1999 et en 2000, et surestimée d'environ 1 point en 2001, 2002 et 2003).

Bien qu'un tel scénario ne soit pas invraisemblable, il ne pourrait bien entendu pas être retenu pour la construction d'un budget, qui doit se faire sur la base d'un principe de précaution.

Il ne faut pas confondre la prévision de croissance associée à un budget, qui constitue un objectif de la politique gouvernementale , avec le taux de croissance de référence, qui sert de base au calcul des anticipations de recettes fiscales inscrites dans le budget et en fonction desquelles le gouvernement va pouvoir déterminer sa marge de manoeuvre en matière de dépenses. La première exprime une volonté politique, le second est un choix technique qui pourrait d'ailleurs relever d'une instance non gouvernementale.

* 10 Rapport d'information n° 6 (2005-2006), 5 octobre 2005.

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