B. L'INCIDENCE DES FACTEURS DÉMOGRAPHIQUES

1. Le départ en retraite des baby-boomers

Le choc démographique que représentent les départs en retraite des nombreux baby-boomers d'après guerre, constitue le lointain écho de la « montée des jeunes » évoquée par Alfred Sauvy dans les années 50 et 60. Ce phénomène est d'autant plus brutal qu'il intervient après le répit fourni à l'assurance vieillesse par les classes creuses nées à la fin des années 30 et au début des années 40.

La population atteignant soixante ans et ayant au moins un trimestre validé au régime général est ainsi passée de 670.000 à 850.000 personnes entre 2005 et 2006, soit une progression de 27 %. Le graphique suivant en fournit une illustration saisissante :

Source : Cnav

Il convient toutefois de noter que le dispositif des carrières longues permettra de lisser quelque peu dans le temps cette augmentation brutale. Par ailleurs, les assurés sociaux cessent leur activité professionnelle ou partent en retraite à des âges très variables, allant de cinquante ans à cinquante-cinq ans dans certains régimes spéciaux jusqu'à soixante-cinq ans pour les professions libérales. Mais la tendance de fond est inéluctable.

Evolution des grands équilibres de la Cnav sur la période 2006-2010

(en milliards d'euros courants)

2006

2007

2008

2009

2010

Solde de la Cnav
(PLFSS 2007 - Annexe B scénario économique haut)

- 1,9

- 2,4

- 3,5

- 4,1

- 3,8

Coût des retraites anticipées

1,3

1,8

2,0

2,0

1,9

Coût lié au papy-boom

0,3

1,0

1,8

2,8

3,8

Source : Cnav

Les services de la Cnav se sont efforcés d'isoler l'impact du départ en retraite des baby-boomers dans les comptes du régime général. La croissance spontanée des dépenses imputable à ce seul phénomène est spectaculaire et s'élève à un milliard d'euros supplémentaire par an en 2008, comme en 2009 et en 2010.

2. La déformation structurelle de la pyramide des âges

Le processus de vieillissement de la population française, qui se poursuit régulièrement depuis le milieu des années 60 remet en cause à terme l'équilibre et la pérennité même des régimes de retraite par répartition. Il provoque une inversion de la structure de la pyramide des âges, comme l'illustre le graphique suivant qui projette, à l'échéance 2050, la composition par tranches d'âges de la population française actuelle :

Source : Institut national d'études démographiques-
revue population et sociétés (n° 383 d'octobre 2002)

En 2004, pour la première fois, l'espérance de vie à la naissance a dépassé quatre-vingts ans tous sexes confondus, soit soixante-seize ans et six mois pour les hommes et quatre-vingt-trois ans et dix mois pour les femmes. Le progrès est encore plus visible à l'âge de soixante ans : alors que l'espérance de vie à cet âge était encore proche de son niveau du XIX e siècle au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour les hommes, qui pouvaient espérer vivre au-delà encore treize à quatorze ans, elle atteint désormais vingt et un ans et six mois en 2004, soit six ans de plus qu'en 1954. La progression est similaire quoique plus ancienne, pour les femmes, depuis 1945 : elle s'est élevée à vingt-six ans et six mois en 2004, soit sept ans et huit mois de plus qu'en 1954.

Selon certains démographes, sur sa tendance actuelle, l'espérance de vie des Français pourrait atteindre quatre-vingt-onze ans en 2100 et celle des Françaises quatre-vingt-quinze ans. Comme le note Jacques Vallin de l'Ined, « la baisse sans précédent de la mortalité aux grands âges observée au cours des dernières décennies fait exploser le nombre des plus vieux. Atteindre son centième anniversaire, fait exceptionnel il y a cinquante ans, devient presque banal : en France, par exemple, alors que le nombre des centenaires était estimé à 200 en 1950, l'Insee l'évaluait à 6.840 au 1 er janvier 1998. Dans ses projections fondées sur le recensement de 1990, l'Insee prévoyait 150.000 centenaires en 2050, soit une multiplication par 750 en un siècle ».

Ces évolutions démographiques inédites auront évidemment des conséquences sur les systèmes de retraite. Les dernières estimations de l'Insee publiées cette année font toutefois état de plusieurs éléments favorables. Alors que l'on attendait dès 2007 une baisse de la population active, la croissance du nombre des actifs devrait se poursuivre jusqu'en 2015, puis se stabiliser ensuite jusqu'en 2050 entre 28,2 et 28,5  millions de personnes. L'Insee a par ailleurs révisé à la hausse les projections de population pour la France métropolitaine qui compterait ainsi 70 millions d'habitants en 2050, soit 9,3 millions de plus qu'en 2005.

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