B. LE DÉFAUT DE COMPÉTITIVITÉ DES FILIÈRES AGRICOLES ET AGROALIMENTAIRES FRANÇAISES.

1. Le commerce extérieur, indicateur avancé de la perte de compétitivité agricole et agroalimentaire de la France.

La part de marché de la France dans les échanges agricoles et agroalimentaires européens est en déclin depuis le début des années 2000 , passant de 17 % en 2000 à 12 % en 2013, alors que l'Allemagne a connu le mouvement inverse.

Selon une étude du « think tank agroalimentaire » 2015, ce recul en Europe s'accompagne d'une perte d'influence de la France sur les marchés mondiaux « dont les écarts de compétitivité avec ses concurrents exportateurs sont une cause notoire ». L'atomisation des acteurs économiques est aussi repérée comme une des causes de notre faible compétitivité , empêchant de réaliser un niveau suffisant d'investissement.

Selon l'étude précitée, la part de marché de la France stagne, voire régresse fortement, dans la quasi-totalité des grandes zones du commerce mondial.

La balance commerciale agricole et agroalimentaire constitue un bon indicateur de la performance de la France . Si elle est encore globalement excédentaire, le solde des industries agroalimentaires hors boissons est négatif, à 4,1 milliards d'euros en 2014. L'exportation de boissons est donc décisive pour conserver un solde positif.

2011

2012

2013

2014

Solde Agriculture

4,5

2,7

4,2

2,6

Solde Boissons

9,5

10,7

10,8

10,5

Solde Industrie Agroalimentaire (hors boissons)

- 2,7

- 1,4

- 3,7

- 4,1

En milliards d'euros courants - source DGT

Le rapport Agriculture Innovation 2025 de MM. Jean-Marc Bournigal, Président directeur général de l'IRSTEA, François Houllier, Président directeur général de l'INRA, Philippe Lecouvey, directeur de l'ACTA, et Pierre Pringuet, Président d'AgroParisTech, remis au ministre de l'agriculture en octobre dernier rappelle l'impératif de compétitivité et recommande la mise en place d'un observatoire de la compétitivité de l'agriculture et de l'agroalimentaire , afin d'organiser la connaissance sur le sujet.

2. Une industrie agroalimentaire fragile.

Le maillon industriel est stratégique pour l'agriculture car il constitue le débouché naturel des productions . La performance économique de l'agriculture et de l'agroalimentaire est donc liée.

Or, les industries agroalimentaires françaises sont aujourd'hui fragiles : leur taux de marge recule sur longue période et leur taux d'autofinancement baisse de manière tendancielle depuis 2009.

En réalité, la filière souffre d'un déficit d'investissement entraînant un vieillissement de l'appareil productif.

La filière viande constitue une bonne illustration de ce phénomène : l'absence de modernisation de certains abattoirs de porcs ou de bovins, dont les cadences ne sont pas suffisantes, les condamne à brève échéance. Pour la première fois en 2014, le chiffre d'affaire des entreprises d'abattage a reculé 1 ( * ) .

En outre, les écarts de coûts de fonctionnement des ateliers de découpe, en particulier avec l'Allemagne, constituent des handicaps extrêmement forts. En particulier, les différences de coût salarial, qui peuvent représenter jusqu'à 10 centimes d'euros par kilo de porc entre la France et l'Allemagne, pénalisent les productions nationales.

Les industries agroalimentaires courent le risque de s'enfermer dans une spirale négative , avec des baisses de volume qui entraînent des baisses de rentabilité, débouchant à terme sur une réduction des capacités de production qui se répercuteront immanquablement sur la production agricole.


* 1 Source : Observatoire financier des entreprises agroalimentaires du Crédit Agricole, novembre 2015.

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