C. LE RETOUR TANT ATTENDU DE L'INFLATION EN 2017 ?

Alors qu'en cette fin d'année 2016, l'inflation continue de montrer un dynamisme modéré, celle-ci pourrait se redresser en 2017 en France et, de manière plus générale, dans la zone euro. Cette évolution serait permise, notamment, par la stabilisation des prix de l'énergie.

1. L'atonie persistante des prix à la consommation en 2016
a) Une hausse limitée de l'inflation dans la zone euro...

Selon les données publiées le 17 octobre dernier par Eurostat 42 ( * ) , le taux d'inflation annuel de la zone euro s'est élevé à 0,4 % en septembre 2016 - en hausse par rapport au mois d'août, où il était de 0,2 %. À titre de rappel, l'indice des prix à la consommation harmonisés (IPCH) avait stagné en 2015 (+ 0,0 %) après avoir progressé de 0,4 % en 2014.

b) ...de même qu'en France...

De même, s'agissant de la France, l'inflation sur douze mois a progressé de 0,4 % en octobre , comme au cours du mois précédent 43 ( * ) . L'indice des prix à la consommation (IPC) serait stable sur un mois, après une baisse de 0,2 % en septembre, du fait « du recul saisonnier des prix des services liés au tourisme après les vacances estivales » 44 ( * ) . En 2015, le taux d'inflation avait été nul, après une hausse de 0,5 % en 2014.

c) ...dans un contexte de rebond des prix de l'énergie

Le redressement progressif de l'inflation s'inscrit dans un contexte de rebond des prix des produits pétroliers . Ainsi, l'Insee relève qu'« après deux mois de repli, les prix de l'énergie rebondissent en septembre 2016 (+ 0,8 %) » 45 ( * ) , cette hausse mensuelle concernant aussi bien les produits pétroliers (+ 1,4 %) que le gaz naturel et le gaz de ville (+ 0,4 %) - dynamique qui semble se perpétuer au mois d'octobre. De même, dans sa dernière note de conjoncture, l'Insee estime que « d'ici la fin de l'année, du fait de sa composante énergétique, [l'inflation] s'élèverait légèrement, à + 0,6 % en décembre, pour rejoindre le niveau de l'inflation sous-jacente » 46 ( * ) .

Toutefois, l'inflation sous-jacente, qui s'élevait à + 0,7 % sur un an en septembre 2016, resterait relativement faible : « d'une part, l'effet inflationniste de la dépréciation passée de l'euro se dissipe, d'autre part, la baisse passée des prix des matières premières continuerait de se diffuser sur les prix des biens et services » 47 ( * ) .

2. Les perspectives d'inflation à court et moyen termes

Pour autant, l'inflation se redresserait progressivement au cours de l'année 2017 . Concernant la zone euro, la Commission européenne, le consensus de la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI) et le Consensus Forecasts anticipent une progression des prix à la consommation supérieure à 1 % en 2017 , rompant ainsi avec l'atonie des années passées. Toutefois, à moyen terme, le consensus de la BCE prévoit une l'inflation de 1,8 % en 2021, contre 1,9 % en 2020 dans l'enquête réalisée au dernier trimestre de l'an dernier - ce qui peut laisser supposer que le retour de l'inflation aux alentours de 2 % pourrait être moins rapide qu'anticipé jusqu'à présent.

Tableau n° 9 : Prévisions d'évolution des prix à la consommation
pour la zone euro

(évolution en %)

2016

2017

2018

2021

Commission européenne (1)

0,3

1,4

1,4

Consensus de la Banque centrale européenne (BCE) (2)

0,2

1,2

1,4

1,8

FMI (3)

0,3

1,1

1,7

Consensus Forecasts (octobre 2015)

0,2

1,3

(1) Commission européenne, « European Economic Forecast. Autumn 2016 », Institutional Paper 38 , nov. 2016.

(2) Banque centrale européenne, enquête trimestrielle auprès des prévisionnistes, quatrième trimestre 2016.

(3) Fonds monétaire international, World Economic Outlook. Subdued Demand. Symptoms and Remedies , octobre 2016.

Source : commission des finances du Sénat (à partir des documents cités)

Pour ce qui est de la France, la Commission européenne anticipe une progression de l'indice des prix de 1,3 en 2017 et le FMI de 1 %, alors que le Consensus Forecasts d'octobre entrevoit une inflation de 1,2 %. Ceci pourrait contribuer à desserrer l'étau que représente une faible inflation pour la consolidation des finances publiques , comme s'est attaché à le montrer, à plusieurs reprises, votre rapporteur général 48 ( * ) .

Il convient de noter qu'au-delà de la stabilisation des prix de l'énergie, deux autres facteurs pourraient contribuer à une normalisation de l'inflation. En premier lieu, différents éléments semblent indiquer que la Banque centrale européenne (BCE) pourrait de nouveau assouplir sa politique monétaire en décembre prochain et, notamment, étendre encore son programme étendu de rachats d'actifs (voir supra ). En particulier, le 20 octobre dernier, le président de la BCE, Mario Draghi a déclaré que l'institution continuerait à utiliser tous les instruments qui sont à sa disposition et que l'appréciation du Conseil des gouverneurs bénéficierait, en décembre prochain, « des nouvelles projections macroéconomiques établies par les services [de la BCE] s'étendant jusqu'à 2019 et des travaux des comités de l'Eurosystème relatifs aux options permettant une bonne mise en oeuvre du programme de rachats jusqu'en mars 2017, ou au-delà, si nécessaire » 49 ( * ) . Quoi qu'il en soit, une évolution du programme de rachats de la banque centrale pourrait être rendue nécessaire par l'attrition des actifs éligibles à ces rachats - en particulier parce qu'une part croissance de ceux-ci affichent désormais des taux d'intérêt négatifs.

En second lieu, la probabilité d'une hausse des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine en décembre prochain paraît dorénavant relativement élevée ; en effet, dans un communiqué de presse publié à la suite de la réunion du Comité de politique monétaire de septembre, la Réserve fédérale a indiqué que « le Comité estim[ait] que les arguments en faveurs d'une hausse des taux directeurs s'[étaient] renforcés mais [avait] décidé, pour le moment, d'attendre des signes de la poursuite des progrès vers l'atteinte des objectifs » 50 ( * ) fixés. Or, la hausse des taux directeurs américains favoriserait une appréciation du dollar par rapport à l'euro et, par suite, une hausse de l'inflation importée dans la zone euro.

Dans ces conditions, le Haut Conseil des finances publiques a estimé que les hypothèses d'inflation retenues par le Gouvernement en 2016 et 2017, soit respectivement 0,1 % et 0,8 %, étaient « raisonnables » 51 ( * ) .


* 42 Communiqué de presse 198/2016 d'Eurostat du 17 octobre 2016.

* 43 Insee, « En octobre 2016, les prix à la consommation augmentent de 0,4 % sur un an », Informations Rapides, n° 285, 28 octobre 2016.

* 44 Insee, « En septembre 2016, les prix à la consommation baissent de 0,2 % sur un mois ; ils sont en hausse de 0,4 % sur un an », Informations Rapides , n° 265, 12 octobre 2016, p. 1.

* 45 Ibid. , p. 2.

* 46 Insee, op. cit. , octobre 2016, p. 5.

* 47 Id.

* 48 Voir rapport général (n° 164, 2015-2016), op. cit. , p. 41-44.

* 49 Déclaration introductive à la conférence de presse de Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, du 20 octobre 2016 [traduction de la commission des finances du Sénat].

* 50 Communiqué de presse de la Réserve fédérale américaine du 21 septembre 2016 [traduction de la commission des finances du Sénat].

* 51 Avis du Haut Conseil des finances publiques n° HCFP-2016-3 du 24 septembre 2016, op. cit. , p. 7.

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