B. UN RALENTISSEMENT DE L'ACTIVITÉ TOUT AU LONG DE L'ANNÉE QUI PÈSERA SUR L'EXERCICE 2020

1. Le profil infra-annuel de la croissance française témoigne d'un essoufflement marqué de l'activité

Si la croissance effective s'est donc une nouvelle fois établie à un niveau supérieur à la croissance potentielle en 2019, l'économie française semble progressivement s'essouffler .

À moyen terme, ce ralentissement est particulièrement visible lorsque l'on suit l'évolution du PIB en glissement annuel , en comparant le niveau du PIB pour un trimestre donné à ce qu'il était au même trimestre de l'année précédente.

Croissance du PIB en glissement annuel

(glissement annuel de séries trimestrielles, taux d'évolution en volume)

Source : commission des finances du Sénat (d'après les données de l'Insee)

Ainsi mesurée, la croissance française a connu une forte accélération entre le troisième trimestre 2016 (0,8 %) et le dernier trimestre 2017 (3,1 %), au cours duquel elle a même dépassé les 3 %, avant d' entrer dans une phase de ralentissement progressif , brièvement interrompue entre le quatrième trimestre 2018 et le deuxième trimestre 2019.

À court terme, le ralentissement de l'activité est encore plus flagrant lorsqu'il est mesuré de trimestre à trimestre. Alors qu'il avait augmenté de 0,5 % au premier trimestre, le PIB a ainsi fortement décéléré, avant de connaître un léger recul (- 0,1 %) au dernier trimestre.

Croissance du PIB de trimestre à trimestre

(taux d'évolution du PIB en volume)

Source : commission des finances du Sénat (d'après les données de l'Insee)

Avant même le déclenchement de la crise sanitaire, l'économie française connaissait donc un ralentissement marqué , sous le double effet de l'arrivée à maturité du cycle économique et du ralentissement du commerce mondial - ce qui constitue un handicap important pour l'exercice 2020 .

2. L'acquis de croissance pour 2020 est au plus bas depuis 2012

En effet, plus le profil infra-annuel de la croissance de l'année précédente est ascendant, plus l'économie dispose d'une « rampe de lancement » favorable pour l'exercice à venir. À l'inverse, un profil descendant est fortement handicapant pour la croissance de l'exercice suivant.

L' acquis de croissance , qui correspond à la croissance qui serait enregistrée sur l'ensemble de l'année si l'activité restait au même niveau qu'au dernier trimestre de l'exercice précédent, permet à cet égard de quantifier la « rampe de lancement » dont dispose l'économie en début d'exercice.

Pour l'exercice 2020, l'acquis de croissance est ainsi limité à 0,1 %. Autrement dit, si la croissance de trimestre à trimestre était nulle tout au long de l'exercice 2020, la croissance 2020 s'élèverait malgré tout à 0,1 %.

Acquis de croissance pour 2020

(produit intérieur brut trimestriel, en milliards d'euros)

Source : commission des finances du Sénat (d'après les données de l'Insee)

Il faut remonter à 2012 pour trouver une « rampe de lancement » aussi peu favorable pour l'économie française.

Acquis de croissance à la fin de l'exercice

(taux d'évolution en volume)

Source : commission des finances du Sénat (d'après les données de l'Insee)

Plutôt que de profiter de la conjoncture favorable dont il a encore bénéficié l'an dernier afin de reconstituer des marges de manoeuvre sur le plan budgétaire, le Gouvernement a préféré différer une nouvelle fois le redressement structurel des comptes publics.

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