II. LA FORMATION DES SAGES-FEMMES APPARAÎT INADAPTÉE ET CONTRIBUE AU MAL-ÊTRE DE LA PROFESSION

A. UNE FORMATION PEU INTÉGRÉE À L'UNIVERSITÉ

Contrairement aux autres professions médicales, la formation de sage-femme est faiblement intégrée à l'université . Sur le modèle des professions paramédicales, elle est dispensée par trente-cinq écoles dont la responsabilité et le financement relèvent des régions et qui demeurent, majoritairement, adossées à un centre hospitalier .

Si l'intégration universitaire des écoles de sages-femmes a été autorisée dès 2009 par le législateur, près des deux tiers d'entre elles ne sont toujours pas intégrées. Dépendant d'un accord entre les différentes parties prenantes sur chacun des territoires, le processus semble à l'arrêt . Le degré de coopération entre l'école et l'université varie grandement d'un territoire à un autre, et constitue un important facteur d'inégalité entre étudiantes .

La faible universitarisation de la discipline entrave le développement de la recherche en maïeutique . Malgré la création d'une section « maïeutique » au sein du Conseil national des universités (CNU) en 2019, le nombre d'enseignants-chercheurs dans la discipline reste très marginal : une professeure des universités et vingt-sept sages-femmes maîtres de conférences qualifiées en 2022. La recherche française en maïeutique est très peu développée , alors même que la France compte parmi les pays où la formation est la plus longue et la profession la plus responsabilisée.

B. UNE FORMATION INADAPTÉE ET EN PERTE D'ATTRACTIVITÉ

Fondée sur des arrêtés de 2011 et 2013 et peu mise à jour depuis, la formation ne tient pas suffisamment compte des évolutions de la profession. Elle ne prépare pas suffisamment les sages-femmes à exercer leurs nouvelles compétences . Par ailleurs, la profession regrette que les lieux de stage ne tiennent pas suffisamment compte de la diversité, croissante, de ses modes d'exercice : le livre blanc publié en mars 2022 par sept organisations représentatives souligne qu'ils sont « hospitalo-centrés ».

Malgré ces lacunes, la formation actuelle est également décrite comme trop dense . Le nombre d'heures de stage et de cours réalisé entre la deuxième et la cinquième année d'études est très supérieur à celui observé en odontologie ou en pharmacie sur la même période : l'Association nationale des étudiants sages-femmes estime l'écart à 1 175 heures en moyenne. L'intensité des études contribuerait à détériorer le bien-être étudiant : plus des deux tiers des étudiantes déclaraient souffrir, en 2018, de symptômes dépressifs. Elle expliquerait également, partiellement au moins, la perte d'attractivité de la profession : selon le Conseil national de l'Ordre des sages-femmes, auditionné, environ 20 % des places offertes en deuxième année de maïeutique seraient restées vacantes à la rentrée 2022.

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