D. LE DÉFI DE LA CRISE FINANCIÈRE
Suite à la crise du COVID-19, les finances publiques surinamaises se sont trouvées fortement dégradées, avec un endettement public atteignant 138 % du PIB en 2023.
Depuis 2021, le pays bénéficie d'un programme du FMI, qui a fourni au pays 690 M USD sur trois ans (2023-2025) dans le cadre d'une facilité de crédit élargie conditionnée à l'assainissement budgétaire et aux réformes structurelles. Le président Santokhi a fait de la restructuration de la dette une priorité et fait face à cette situation avec volontarisme : l'exécutif a adopté dans ce sens une série de réformes concernant la viabilité budgétaire de la dette, la politique monétaire, et la stabilité du secteur financier ; ainsi que des mesures fiscales, avec notamment l'extension de la couverture de la TVA à 60 % de la consommation des ménages et la suppression progressive des subventions à l'énergie.
Le Conseil d'administration du FMI a approuvé, le 24 mars dernier, la neuvième et dernière revue du programme EFF du Suriname, et constaté que l'intégralité de ses critères de performance quantitatifs avaient été atteints, à l'exception de la cible de déficit primaire de l'État.
À ce jour, la restructuration de la dette est presque achevée et l'assainissement budgétaire est en cours. Les négociations sur la dette ont abouti à un accord de rééchelonnement avec le Club de Paris en juin 2022, suspendant les remboursements jusqu'en 2028 et établissant des conditions comparables pour les autres créanciers19(*).
La découverte du potentiel pétrolier offshore a facilité la conclusion de ces accords, qui contiennent notamment des dispositions de récupération liées aux futurs développements pétroliers, garantissant des ajustements potentiels basés sur les performances économiques du Suriname.
Comme il apparaît dans le tableau ci-dessous, la situation économique et financière du pays affiche des évolutions très positives, qui devraient se poursuivre et se consolider au fur et à mesure que l'exploitation des ressources pétrolières offshore prendra forme - perspective que le président surinamais avait décrite comme « une lueur au bout du tunnel ».
Source : https://www.coface.com
Environ 26 % de la population vit cependant encore sous le seuil de pauvreté, avec moins de 5,50 USD par jour en moyenne - ce taux atteignant plus de la moitié de la population dans les régions de l'intérieur. C'est pourquoi, malgré un certain nombre de mesures compensatoires destinées aux populations les plus fragiles20(*), l'enjeu de la soutenabilité par la population des mesures d'austérité conserve son acuité21(*), et était au coeur des débats de l'élection qui s'est tenue le 25 mai dernier.
* 19 Des accords bilatéraux ont été conclus avec tous les membres du Club de Paris (à l'exception de l'Italie) et l'Inde.
Le Suriname a également signé en novembre 2024 un accord de rééchelonnement avec la Chine (qui détient 11,5 % de sa dette publique), couvrant les obligations envers l'Exim Bank et la Banque industrielle et commerciale de Chine, les premiers remboursements ayant été effectués le même mois.
* 20 Des dépenses sociales élevées ont été engagées afin de compenser pour les ménages vulnérables la suppression progressive des subventions. En outre, la sécheresse prolongée depuis 2022 a contraint les autorités à fournir une aide aux riziculteurs et à augmenter les coûts de production de l'électricité.
* 21 Les mesures d'austérité - augmentation et extension de la TVA, fin des subventions sur les carburants - ont aggravé le contexte social du pays. Des manifestations contre ces mesures et la vie chère ont éclaté en février 2023 et se sont traduites par des dégradations sur le bâtiment de l'Assemblée nationale à Paramaribo.