PREMIERE PARTIE :
LA MOLDAVIE : ENJEUX STRATEGIQUES D'UN ETAT PARTAGÉ ENRE DEUX ZONES D'INFLUENCE
I. PRÉSENTATION : UNE ÉCONOMIE ENCORE FRAGILE MALGRÉ LE SOUTIEN EUROPÉEN
Petit pays d'Europe orientale enclavé entre l'oblast ukrainien d'Odessa et la Roumanie, avec laquelle il partage une histoire commune, la Moldavie compte 3,5 millions d'habitants, dont une importante diaspora de près d'1 million de personnes.
D'une taille comparable à celle de la région Pays de la Loire avec ses 33 850 km², le pays compte parmi les plus petits d'Europe.
La forte immigration qu'elle a connue, en provenance notamment de la Russie et de l'Ukraine, lui confère un caractère pluriethnique.
Avec un PIB de 16,6 milliards € en 2024, soit 7480 € par habitant (représentant 22,3 % de la moyenne UE en 2024), la Moldavie est aussi l'un des pays les plus pauvres d'Europe ; elle fait face à des défis structurels importants en matière de démographie, de productivité et d'environnement des affaires.
Sur le plan économique, la république moldave demeure principalement agricole (à l'exception de la Transnistrie, qui concentre une part importante de l'activité industrielle du pays). Elle a subi de plein fouet les conséquences du conflit ukrainien en raison de ses liens économiques historiquement étroits avec les deux belligérants ; trois ans après le début de la guerre, elle subit toujours un triple choc : un choc d'activité (croissance atone, +0,1 % sur l'année 2024), un choc d'attractivité (flux d'IDE inférieurs au niveau pré-COVID) et un choc énergétique majeur lié à la nécessité de sortir de sa dépendance indirecte à l'énergie russe, aggravée depuis l'interruption des livraisons de gaz russe à la région de Transnistrie au 1er janvier 2025.
La Commission européenne a adopté un nouveau plan de croissance pour la Moldavie qui devrait permettre au pays de bénéficier d'une aide financière de 1,9 milliards € pour la période 2025-2027. Les premiers décaissements sont à ce stade attendus pour l'été 2025, avec pour objectif un doublement de la taille de l'économie moldave à l'horizon 2030.
Grâce à l'accord de libre-échange approfondi signé en 20141, l'Union européenne est actuellement le premier partenaire commercial de la Moldavie, représentant plus de la moitié de son commerce total de marchandises en 2024, qui a généré un chiffre d'affaires de plus de 7,5 milliards d'euros. Ce chiffre dépasse celui des échanges de marchandises réalisés par la Moldavie avec l'Ukraine (11,1 %) et la Chine (9,8 %)2. L'Union européenne est également le premier investisseur étranger et le premier donateur d'aide pour la Moldavie.
1 L'UE et la République de Moldavie ont signé un accord d'association en juin 2014 et cet accord est pleinement en vigueur depuis juillet 2016. La zone de libre-échange approfondi et complet (ZLEAC) fait partie intégrante de l'accord. Elle réduit les droits de douane auxquels les entreprises européennes sont confrontées lorsqu'elles exportent vers la Moldavie et rend les procédures douanières plus efficaces. En outre, l'accord facilite davantage les échanges commerciaux en rapprochant progressivement la législation, les règles et les procédures moldaves, y compris les normes, de celles de l'UE.
2 La part des échanges de marchandises réalisés par la Moldavie avec la Russie a considérablement diminué et ne représente aujourd'hui, pour la Moldavie, que 2,5 % du total.
Source : https://www.consilium.europa.eu
La France est quant à elle le douzième client de la Moldavie et son neuvième fournisseur. Les échanges commerciaux entre les deux pays demeurent modestes mais connaissent une dynamique positive : la France achète principalement des produits agricoles et textiles et exporte surtout des produits agro-alimentaires, des machines (notamment agricoles), des automobiles ainsi que des produits chimiques. La France figure également au quatrième rang des pays investisseurs étrangers en Moldavie, comptant pour plus de 4000 emplois directs. Elle s'appuie notamment sur la présence de 240 sociétés françaises (dont Orange, Sanofi, Lafarge et Lactalis).

