III. LA MISSION DE M. HENRI GUILLAUME

Une mission sur les orientations et les modalités de la politique de la technologie et de l'innovation a été confiée à M. Henri Guillaume, ancien président de l'ANVAR.

Cette mission analysera notamment deux questions essentielles :

la création d'entreprises par des chercheurs.

A l'heure actuelle, moins d'une centaine d'entreprises de haute technologie sont créées tous les ans en France et, parmi elles, une quarantaine le sont à l'initiative de chercheurs ou d'enseignants-chercheurs. Or, de telles entreprises ont un taux d'échec remarquablement faible : un cas sur six, contre un cas sur deux pour les autres entreprises. Ces entreprises sont en moyenne trois fois plus créatrices d'emplois que les autres. Nombre d'entre elles sont promises à une forte croissance et il est possible de constater qu'une bonne fraction des entreprises candidates à l'entrée sur le nouveau marché sont nées dans ces conditions.

On recense actuellement seulement quinze entreprises créées par des chercheurs de l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA). Elles représentent près de 800 emplois. A l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), on recense treize entreprises représentant 600 emplois. Dix-huit entreprises créées par des chercheurs mis en disponibilité sont répertoriées au CNRS, chiffre qui ne prend pas en compte les entreprises créées avec le concours scientifique d'un chercheur demeurant en activité. Cinq entreprises ont été créées par des chercheurs de l'Institut national de recherche agronomique (INRA).

Un fort développement de ces créations d'entreprises est attendu dans le domaine des industries de la santé et des biotechnologies.

C'est le développement de ces entreprises sur une large échelle aux Etats-Unis, qui explique l'essor considérable des biotechnologies.

A cet égard, le statut de la fonction publique doit pouvoir évoluer. En effet, en l'état actuel du droit, la prise d'intérêts par des chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs ou techniciens de recherche, dans une entreprise qui entretient des liens avec leurs laboratoires, est contraire à la loi du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires ainsi qu'à l'article 432-13 du code pénal.

L'intéressement des équipes de recherche à l'exploitation économique des inventions auxquelles elles ont directement participé

Le statut des EPST avait prévu qu'un décret fixerait les limites dans lesquelles chaque établissement pouvait intéresser les inventeurs aux résultats de l'exploitation commerciale de leurs inventions. Les décrets n° 96-857 et 96-858 du 2 octobre 1996 "relatifs à l'intéressement de certains fonctionnaires et agents de l'Etat et de ses établissements publics auteurs d'une invention ou ayant participé directement à la création ou à la découverte d'une obtention végétale ou à des travaux valorisés" comblent une lacune réglementaire. Le premier prévoit que certains salariés auteurs d'une invention bénéficient d'une rémunération supplémentaire ; le second concerne les créateurs de logiciels, de variétés végétales ou de travaux valorisés.

L'intéressement est versé conformément aux principes suivants :

- les sommes versées globalement aux inventeurs représentent 25 % du produit hors taxes des redevances perçues par l'établissement du fait de l'exploitation de l'invention, sans plafonnement, après déduction de la totalité des frais directs perçus par la personne publique bénéficiaire ;

- l'intéressement est versé à l'intéressé, en complément de sa rémunération d'activité, sans limitation de cumul des rémunérations ;

- le cas échéant, l'intéressement continue à lui être versé, pendant le temps d'exploitation de l'invention, s'il quitte ses fonctions, pour quelque cause que ce soit, ou est admis à faire valoir ses droits à pension de retraite.

FIST (France Innovation scientifique et transfert)

Cette société anonyme au capital de 7,5 millions de francs, créée en octobre 1992, sélectionne, protège, évalue et négocie les projets d'innovations technologiques issus du CNRS, mais aussi d'autres organismes académiques et des petites et moyennes entreprises. Son capital, à l'origine réparti entre différents EPST et EPIC est actuellement en phase de rachat par le CNRS, et lorsque ces opérations seront terminées, son capital sera détenu à hauteur de 70 % par le CNRS et 30 % par l'ANVAR.

Son équipe de 11 personnes associe des compétences scientifiques (sciences du vivant et sciences de la matière), des compétences juridiques (droit des contrats et gestion des portefeuilles de brevets), industrielles et financières.

Fin 1996, FIST affiche un résultat positif pour le quatrième exercice consécutif. En 4 ans d'activité, près de 400 dossiers répartis également en sciences du vivant et en sciences de la matière ont été examinés. La majorité de ces dossiers ne jouissait pas d'une protection par brevet ; FIST a jugé qu'environ 150 de ces projets étaient suffisamment porteurs pour justifier une recherche de partenaires, conseillé le dépôt de plus d'une centaine de demandes de brevets français. Fin 1996, FIST avait négocié avec succès plus d'une soixantaine d'accords, ayant généré 20 millions de francs pour les propriétaires des technologies. Les partenaires industriels sont pour 80 % des sociétés françaises incluant les filiales françaises de groupes internationaux et pour plus de 50 % avec des PME-PMI. Les sociétés étrangères partenaires sont principalement des sociétés anglaises et américaines. A la fin août 1997, la société avait déjà reçu 112 dossiers de valorisation contre une moyenne de 95 dossiers par an les années précédentes.

Les objectifs à court terme de FIST, sont tout d'abord de répondre à l'augmentation du nombre de dossiers de valorisation issus du CNRS, suite à la structuration de sa valorisation qui a pris effet fin juin 1997, et initier la nouvelle activité d'accompagnement à la création d'entreprises par des chercheurs CNRS. En outre, FIST souhaite développer ses services auprès de nouvelles clientèles, notamment les universités et les PME.

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