CHAPITRE II


LES PERSONNELS MILITAIRES D'ACTIVE

I. LE COÛT DE LA PROFESSIONNALISATION

Les mesures relatives au personnel d'active concernent essentiellement le financement du coût de la professionnalisation

Les mesures de revalorisation de la condition militaire seront, en effet, très modestes et profiteront surtout à la Gendarmerie.

(En millions de francs)

Mesures acquises

Revalorisation indemnitaire ......................................................

0,817

Mesures nouvelles

· Revalorisation de l'indemnité pour charges militaires : ........

27,452

· Augmentation du contingent des primes de qualification pour les officiers de la Gendarmerie : ...................................

0,165

· Requalification des emplois de la Gendarmerie (repyramidage) : ...................................................................

5

Total : ....................................

33,434



On peut signaler, en outre, que l'allocation versée à certaines veuves de militaires sera augmentée pour en rapprocher le montant de celui d'une pension de reversion. Le coût de cette mesure est de 1,6 milliard de francs.

Le coût de la professionnalisation , quant à lui sera élevé. Il se mesure en emplois créés et en mesures d'accompagnement.

Coût des emplois créés :

(En millions de francs)

Emplois créés

Nombre

Coût budgétaire en 1998

Militaires du rang engagés dans l'armée de l'Air (MTA)

1 816

160,3

Engagés volontaires de l'armée de Terre (EVAT) ..........

5 879

560,4

Officiers de Marine .......................................................

69

22,9

Officiers de Gendarmerie ..............................................

Appelés dans la Gendarmerie .........................................

230

413

76,5

Service de santé :

18,9

· Officiers ..................................................................

3

· Élèves .....................................................................

47

· Sous-officiers ..........................................................

40

· Militaires du rang ....................................................

50

· Médecins vacataires .................................................

10

Service des Essences : militaires du rang .......................

113

13,3

Direction générale de la sécurité extérieure ....................

65

24

Personnels civils des armées ..........................................

1 466

234

Total .......................................

10 201

1 113



Quant aux mesures d'accompagnement de la professionnalisation , elles mobiliseront 1 379 millions de francs. On note, en particulier, la forte augmentation de la dotation consacrée aux pécules qui passe de 668 millions de francs en 1997 à 939 millions de francs. Une forte demande s'exprime, du reste, dans ce domaine.

(En millions de francs)

· Extension en année pleine de la revalorisation de la solde des militaires du rang engagés ............................................................

376

· Aménagement de la solde des élèves-officiers ...............................

42

· Aides au départ et à la mobilité : ..................................................

962

* Pécules (ancien et nouveau régimes y compris ceux associés aux articles L5 et L6, autres pécules pour les officiers de la Délégation générale pour l'armement ..........................................

939

* Indemnités de départ sous-officiers et caporaux-chefs .................

17

* Congés complémentaires de reconversion ...................................

5

Total ..........................................

1 380

Au-delà de ces constatations, en quelque sorte instantanées, se pose une question majeure : celle du coût total de la professionnalisation c'est-à-dire l'addition du coût des mesures transitoires et des mesures permanentes.

Il est assez frappant de constater qu'il n'existe aucune évaluation officielle de ce coût dans tous ses éléments et dans ses bases de calcul - en tout cas aucune évaluation portée à la connaissance du Parlement. C'est, au contraire, celui-ci qui a essayé de cerner ce coût dans divers rapports. Pourquoi nos projets de lois ne sont-ils pas assortis à l'instar des pratiques de nos voisins britanniques, d'une évaluation de leur coût ? Apprenons au moins cela de la " mère des Parlements " !

Certes, la professionnalisation coûtera cher. Non pas seulement en rémunérations mais aussi en dépenses d'infrastructure et de fonctionnement. A moins de lésiner sur certains postes et de ne pouvoir recruter de façon satisfaisante ni en nombre ni en qualité, c'est là un risque qu'il faut d'ores et déjà mesurer et mesurer à la fois en taux de probabilité et en dépenses pour le conjurer. Encore faut-il bien voir que nos procédures de la dépense publique ne nous permettront pas d'ajuster rapidement au marché de l'emploi les offres de rémunérations ; nous ne disposons pas pour cela de la souplesse du dispositif de l'armée américaine. Or il est toujours long et malaisé de façonner une réputation, source d'attractivité à l'engagement. Mais en sens inverse les réputations se défont vite et durablement. Les difficultés de recrutement des armées professionnelles sont récurrentes ; elles ont conduit du reste les représentants de certaines d'entre elles à s'étonner de voir la France abandonner la formule de l'armée mixte ...

Sans doute faut-il mettre en balance les économies générées par la réduction du personnel des armées et les dépenses supplémentairs dues à la professionnalisation. Encore faut-il ne pas considérer nécessairement comme économies ce qui résulte simplement d'un abattement budgétaire dicté par la seule contrainte pécuniaire. On peut, certes, diminuer les crédits de fonctionnement courant ou des munitions ; mais cela se fera au détriment des conditions de vie des engagés et de leur instruction. Et on ne peut durablement compter sur la détérioration de l'emploi pour alimenter un flux de recrutements. Ce d'autant moins qu'existe d'ores et déjà tout un appareil de protection sociale et que se mettent maintenant en place les " emplois-jeunes ".

S'ajoute à cela un autre facteur conjoncturel : la diminution de la ressource en appelés sera selon toute vraisemblance, plus rapide que prévue, compte tenu des dispositions de la loi portant réforme du service national concernant les reports d'incorporation. Pourra-t-on la compenser par une professionnalisation anticipée c'est-à-dire encore plus coûteuse ?

A travers le coût de la professionnalisation , c'est, en fait, la question même du format de nos armées qui est posée. Le coût de la professionnalisation - et cela dans la perspective d'une contrainte budgétaire durable - ne conduira-t-il pas à rétrécir ce format ? Mais à dimensions encore plus réduites de nos armées devront correspondre nécessairement des missions encore plus réduites. Quels choix seront faits ? Quelle sera la cohérence réelle de notre appareil de Défense ?

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