C. LES CRÉDITS INSCRITS DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998

1. La nature des dépenses inscrites en 1997

En 1997, quatre types de dépenses sont inscrites au chapitre 44-75 :

Le mécanisme dit de "ristourne dégressive" sur les bas salaires.

La ristourne dégressive représente un allégement de charges sociales sur les salaires d'un niveau de 1.210 francs au niveau du SMIC, et dégressif de façon linéaire jusqu'à 1,33 SMIC . Pour le secteur du textile, de l'habillement, du cuir et de la chaussure, le seuil a été fixé à 1,5 SMIC entre le 1 er août 1996 et le 31 décembre 1997.

La compensation des exonérations de cotisations sociales dans les DOM instituées par la loi du 25 juillet 1994, dite loi "Perben".

La compensation de l'exonération de cotisations d'allocations familiales pour les catégories d'employeurs auxquelles la ristourne dégressive ne s'applique pas : les employeurs installés dans une zone de revitalisation rurale, les employeurs relevant de régimes spéciaux de sécurité sociale, et les entreprises "nouvelles" au sens du code général des impôts.

Les primes à l'apprentissage instituées par la loi du 16 octobre 1996.

2. L'évolution des crédits en 1998

En 1998, les crédits du chapitre 44-75 diminuent de 3,9 milliards de francs.

Cette diminution s'explique par le transfert au budget de l'emploi des primes à l'apprentissage, ainsi que des frais de remboursement à l'UNEDIC des frais d'inscription des demandeurs d'emploi.

Evolution des crédits de 1997 à 1998

(en milliards de francs)

1997 (LFI)

1998 (PLF)

Ristourne dégressive

Abattement famille

EXO-DOM

Primes à l'apprentissage

Aide au premier emploi des jeunes (résiduel)

Versement à l'UNEDIC (transfert de l'ANPE à l'UNEDIC de l'inscription des demandeurs d'emploi)

40.349,96

175

704,9

5.270


146

250

41.772,79

527,21

704,9

(transfert au budget de l'emploi)
0

0

Total

46.895,86

43.004,90

L'évolution de la progression de la ristourne dégressive sur les bas salaires, + 1,4 milliard de francs s'explique par :

- une progression tendancielle du coût de la ristourne dégressive : + 4,9 milliards de francs,

- l'inscription d'une provision de + 3 milliards de francs au sein de ces crédits, destinée à financer la future loi sur les 35 heures,

- en sens inverse, une économie de 6,5 milliards de francs due à :

4 milliards de francs procurés par la proratisation de la ristourne dégressive au temps partiel ;

2,1 milliards de francs liés à l'abaissement du seuil de 1,33 à 1,3 SMIC pour l'application de la ristourne ;

0,4 milliard de francs liés au gel du SMIC au niveau de 1997 pour le calcul de la ristourne en 1998.

3. La traduction de choix très contestables

a) L'illisibilité des documents budgétaires.

Le caractère indifférencié du chapitre 44-75 rend son décryptage particulièrement difficile: ainsi il est quasiment impossible de repérer, à la lecture des documents budgétaires, la mesure de gel du SMIC au niveau 1997 pour le calcul de la ristourne de 1998. Plus grave encore, l'inscription de 3 milliards de francs pour les 35 heures n'est pas signalée, car elle figure au sein de la progression des crédits de la ristourne dégressive.

b) Des décisions graves

Le ralentissement de l'allégement des charges sociales sur les bas salaires a été relativisé dans la présentation faite par le gouvernement : toutefois, son effet est loin d'être négligeable. En effet, l'économie qui en résulte est de 2,1 milliards de francs.

Par ailleurs, le gouvernement invoque le coût excessif de la ristourne dégressive. 40 milliards de francs auraient été dépensés pour 40.000 emplois. Or le Conseil supérieur de l'emploi des revenus et des coûts faisait état l'an dernier de créations de 40 à 50.000 emplois par tranche de dix milliards dépensés.

En tout état de cause, votre rapporteur estime que cette politique de réduction du coût du travail doit absolument s'inscrire dans la durée, pour préserver l'emploi peu qualifié dans le contexte actuel des restructurations industrielles.

Son coût est justifié par le fait qu'elle concerne près de 5 millions de salariés. Son effet est indéniable : les documents de préparation de la conférence nationale sur l'emploi, les salaires et la durée du travail, soulignaient d'ailleurs, en octobre dernier, que " la relative bonne résistance de l'emploi, dans une conjoncture peu favorable résulte pour partie des premiers effets de la baisse du coût du travail au voisinage du salaire minimum (- 12,6 % depuis 1993) ".

Or, le gouvernement freine cette politique en abaissant le seuil des salaires concernés, et en gelant la base de calcul des exonérations au niveau de 1997.

La provision pour les "35 heures" s'élève à 3 milliards de francs pour 1998.

En l'absence de justification plus précise, on peut penser que ces crédits correspondent à peu près à l'encouragement à la réduction du temps de travail de 9.000 francs par salarié, dispensé à quelque 700.000 emplois, sur la moitié d'une année.

Cette politique, d'abord incitative, se révélera, on le sait, coercitive à compter du 1er janvier 2000, pour les entreprises de plus de 20 salariés. L'ensemble des entreprises devraient appliquer l'horaire de 35 heures à partir du 1er janvier 2002.

Comment ne pas mesurer le danger que fera courir cette nouvelle contrainte sur les entreprises françaises, dans un contexte de compétition internationale sans merci ?

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