Article 2
(art. 21-8 du code civil)
Faculté de décliner la qualité de Français

Cet article a pour objet de permettre au jeune étranger né et résidant en France, qui remplit les conditions prévues à l'article 1er pour l'acquisition automatique de la nationalité française à sa majorité, de décliner la qualité de Français par déclaration entre 17 ans et demi et 19 ans.

A cette fin, il propose une nouvelle rédaction de l'article 21-8 du code civil qui prévoit actuellement la perte du droit à la manifestation de volonté de devenir Français par le jeune étranger qui a fait l'objet de certaines condamnations pour des faits graves commis entre 18 et 21 ans. Ces dernières dispositions deviennent en effet sans objet dans le cadre du projet de loi qui prévoit dans son article 1er la suppression de la procédure de manifestation de volonté à laquelle serait substituée l'acquisition automatique de la nationalité française à 18 ans.

La nouvelle rédaction proposée pour l'article 21-8 du code civil prévoit la possibilité, pour le jeune étranger susceptible d'acquérir automatiquement la nationalité française à sa majorité, de refuser cette nationalité, comme le prévoyait le droit en vigueur antérieurement à la réforme de 1993.

Cependant, l'article 2 du projet de loi prévoit d'ouvrir à l'intéressé cette faculté de décliner la qualité de Français dans les six mois qui précèdent sa majorité ou dans les douze mois qui la suivent, alors que l'ancien article 45 du code de la nationalité ne permettait de la décliner que dans l'année précédant la majorité et sous réserve de l'autorisation du ou des titulaire(s) de l'autorité parentale.

Le renoncement à l'acquisition de la nationalité française ferait donc désormais l'objet d'une démarche volontaire et personnelle de l'intéressé, qui ne serait plus soumise à l'autorisation des parents et qui pourrait être effectuée à partir de l'âge de 17 ans et demi jusqu'à l'âge de 19 ans, sous la seule condition de prouver la possession d'une autre nationalité (afin d'éviter l'apatridie).

Cette démarche prendrait la forme d'une déclaration reçue par le juge d'instance (ou éventuellement par le consul à l'étranger), dans les conditions prévues aux articles 26 et suivants du code civil.

D'un point de vue pratique, on voit mal comment ces dispositions pourraient être mises en oeuvre car s'il est concevable d'imposer une démarche auprès d'un juge pour bénéficier d'un avantage ou pour exercer un droit, il est en revanche assez illusoire d'attendre des intéressés qu'ils l'accomplissent pour y renoncer. En d'autres termes, soit par négligence, soit par indifférence, tout laisse à penser que beaucoup de jeunes qui ne souhaiteraient pas acquérir la nationalité française s'abstiendraient de manifester leur refus, d'autant que les obligations liées à la nationalité française seront désormais considérablement réduites en raison de la suppression du service national dans sa forme actuelle. Les intéressés deviendraient de ce fait Français, à la fois sans le vouloir et sans le savoir.

L'article 2 du projet de loi précise en outre explicitement que, dans l'hypothèse où cette déclaration serait souscrite par l'intéressé après sa majorité -c'est-à-dire à une date à laquelle l'acquisition automatique de la nationalité serait en principe déjà intervenue-, celui-ci serait réputé n'avoir jamais acquis la qualité de Français.

En résumé, alors que dans le droit actuel une démarche volontaire (la manifestation de volonté) est exigée pour l'acquisition de la nationalité française à raison de la naissance et de la résidence en France, l'abstention de procéder à cette démarche présumant le renoncement à cette nationalité, le projet de loi prévoit à l'inverse que ce renoncement serait subordonné à une démarche volontaire en l'absence de laquelle serait présumée l'acceptation de la nationalité française.

L'Assemblée nationale a adopté l'article 2 sans modification.

Votre commission des Lois souhaite le maintien de la manifestation de volonté, et donc de l'article 21-8 du code civil dans sa rédaction actuelle.

Par coordination avec la suppression de l'article 1 er du projet de loi, elle vous propose donc de supprimer également l'article 2.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page