3. L'asile territorial : un droit au séjour pour les déboutés du droit d'asile

Lorsqu'un étranger ne répond pas aux conditions pour bénéficier du statut de réfugié, le ministre de l'Intérieur, éventuellement saisi par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) ou par la Commission de recours des réfugiés (CRR), peut accorder un droit au séjour au titre de l'asile territorial aux personnes qui seraient néanmoins exposées à des risques dans leur pays d'origine ou dont la situation personnelle justifierait l'attribution d'un titre de séjour.

Cette procédure, qui peut en effet s'avérer utile, est suivie par l'administration, sans que pour cela il soit apparu jusqu'à présent nécessaire d'inscrire des dispositions spécifiques dans la loi.

Selon le rapport de M. Patrick Weil, l'asile territorial est accordé chaque année à quelques centaines de personnes persécutées par des groupes terroristes.

L'officialisation -par les articles 26 et 31 du projet de loi- de ce qui n'est aujourd'hui qu'une pratique souple et bien établie risquerait fort de complexifier et surtout de multiplier les procédures auxquelles pourrait accéder un demandeur d'asile, qu'il soit sincère ou non.

L'asile territorial pourrait en effet apparaître comme un recours contre les décisions de l'OFPRA et de la Commission des recours des réfugiés -bien qu'il ne puisse être assimilé au statut de réfugié-, le débouté du statut de réfugié " tentant alors une nouvelle chance ".

Une autorisation provisoire de séjour lui serait délivrée pour couvrir la durée d'instruction, puis, en cas de rejet, il lui resterait encore la possibilité de saisir la juridiction administrative.

Au terme de ces procédures successives, en cas d'échec, l'intéressé pourrait peut-être espérer, compte tenu de sa durée de présence en France, une régularisation.

Pour les mêmes raisons, un étranger débouté du droit d'asile dans un autre pays européen pourrait être tenté de solliciter l'asile territorial en France et donc s'y installer pendant le déroulement des procédures et, en cas de rejets successifs, attendre sa prochaine régularisation.

Il n'est pas acceptable que la France puisse devenir l'instance d'appel offerte aux déboutés du droit d'asile dans les autres pays européens.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page