2.- Une anticipation de la loi du 11 mai 1998

Il est intéressant de relever qu'une instruction du 26 janvier 1998 concernant l'application de la circulaire du 24 juin 1997 a invité les préfets à différer " jusqu'à la promulgation de la loi " la notification de décisions défavorables concernant les personnes qui, sans remplir les conditions posées par la circulaire, répondraient à celles de la loi nouvelle. Cette instruction concerne particulièrement les personnes résidant de manière habituelle en France depuis 10 ans.

La circulaire du 24 juin 1997 s'est située dans la perspective du vote d'une nouvelle législation sur l'immigration, annoncée par le Premier ministre dans sa déclaration de politique générale.

Certes, il est précisé dans cette circulaire que son texte " ne saurait préjuger de celui du projet de loi qui sera soumis à l'automne au Parlement ". De fait, certains critères de régularisation ne sont pas repris par la loi du 11 mai 1998. Ainsi en est-il :

- pour le conjoint de Français, dont la condition d'entrée régulière, suspendue par la circulaire, est maintenue par la loi nouvelle, pour l'attribution de la carte de séjour temporaire.

- de l'interdiction du regroupement familial sur place, c'est-à-dire du droit à un titre de séjour pour des membres de famille entrés irrégulièrement en France, confirmée par la loi malgré les dérogations acceptées par la circulaire.

D'autres critères de régularisation préfigurent la loi de 1998 mais en apportant des assouplissements plus nets que le nouveau texte.

Ainsi l'étranger sans charge de famille devait, sous l'empire de l'ancienne législation, justifier de 15 ans de résidence habituelle pour obtenir de plein droit la carte de séjour temporaire. La circulaire autorise la régularisation après une durée de résidence qui devra " n'être qu'exceptionnellement inférieure à 7 ans ", à condition d'avoir été " pendant au moins une période en situation régulière ". La loi du 11 mai 1998 abaisse, pour sa part, de 15 à 10 ans la période de résidence habituelle.

Plus nombreux, en revanche, sont les critères de régularisation qui anticipent purement et simplement sur la nouvelle législation.

La circulaire anticipe sur la loi de 1998

Les familles constituées de longue date en France auront bénéficié, par anticipation, de la nouvelle législation. Ces personnes répondent désormais aux conditions fixées par l'article 12 bis (7°) nouveau de l'ordonnance de 1945 (" étranger dont les liens personnels et familiaux en France sont tels que le refus d'autoriser son séjour porterait à son droit au respect de sa vie privée et familiale une atteinte disproportionnée au regard des motifs du refus ").

De même, les étrangers malades et ceux qui pourraient courir des risques vitaux en cas de retour dans leur pays d'origine, régularisables selon la circulaire, ont acquis un droit au séjour avec la loi du 11 mai 1998.

En d'autres termes et sous réserve de quelques nuances, la circulaire anticipe bel et bien sur l'assouplissement apporté par la loi du 11 mai 1998 aux conditions de séjour en France.

Dans ces conditions, le report du 30 avril au 30 mai 1998 de la date à laquelle toutes les décisions devaient être prises pourrait ne plus s'expliquer seulement par l'encombrement de certaines préfectures, la nouvelle loi ayant été promulguée le 11 mai 1998.

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