B. LES PROPOSITIONS DE LA COMMISSION EUROPÉENNE POUR 2000-2006

Dans la lignée de sa communication du 16 juillet 1997 "Agenda 2000 - pour une Union plus forte et plus large", la Commission a présenté, le 18 mars dernier, ses propositions de réforme des Fonds structurels pour la période 2000-2006.

L'effet conjoint de l'obligation de stabilité budgétaire et de la perspective du prochain élargissement de l'Union européenne amène la Commission à proposer :

- une réduction du nombre de ses objectifs , ramenés de 7 à 3, auxquels s'ajouteraient trois initiatives communautaires ;

- une concentration géographique ramenant progressivement la population couverte par les objectifs 1 et 2 de 51 % à une fourchette de 35 à 40 % ;

- une limitation des transferts à 4 % du PNB de l'Etat bénéficiaire ;

- le maintien de la solidarité financière au niveau atteint en 1999, soit 218,7 milliards d'euros pour la période 2000-2006 qui seraient répartis à raison des 2/3 sur le nouvel objectif 1et 1/3 réparti entre les objectifs nouveaux 2 et 3.

Le resserrement du nombre des objectifs serait opéré de la façon suivante :

- l'objectif 1, intitulé "promouvoir le développement et l'ajustement structurel des régions en retard de développement" serait analogue à l'objectif 1 actuel (augmenté de l'objectif 6 qui concerne la situation particulière des régions arctiques) mais son application serait concentrée sur les territoires dont le PIB par habitant serait inférieur au seuil de 75 % de la moyenne communautaire. Les régions actuellement éligibles à l'objectif 1 et qui ne figureraient plus sur cette nouvelle liste bénéficieront d'un soutien allant s'amenuisant.

Ce resserrement des critères d'éligibilité ne permettrait plus à la Corse et au Hainaut de bénéficier de l'objectif 1 auquel seules les régions d'outre-mer resteraient éligibles. Il conviendra donc de négocier au mieux le niveau de soutien accordé à ces deux régions métropolitaines pendant la phase de transition.

- l'objectif 2 intitulé "soutenir la reconversion économique et sociale, et les zones en difficulté structurelle regrouperait les problématiques préalablement traitées dans le cadre de l'objectif 2 (régions en déclin industriel, dont la France est le second bénéficiaire) et l'objectif 5b (développement rural, dont la France est le premier bénéficiaire).

Il conviendra de s'assurer que la fusion de ces deux objectifs n'entraîne pas une dilution de la spécificité rurale qui serait en contradiction avec nos intérêts en matière d'aménagement du territoire. Le Sénat devra inciter, par un contrôle attentif, le gouvernement à se montrer vigilant sur ce terrain.

En l'état actuel des choses, la commission propose la répartition suivante de l'intervention communautaire, en pourcentage de la population totale de l'Union : 10 % pour les zones industrielles et du secteur des services, 5 % pour les zones rurales, 2 % pour les zones urbaines, 1 % pour celles dépendant de la pêche. Toutefois, la commission propose de ne pas réduire la population des zones éligibles au nouvel objectif 2 dans un Etat membre de plus du tiers de la population éligible aux objectifs 2 et 5b. En outre, les régions naguère éligibles aux objectifs 2 et 5b et qui ne le seraient plus à l'objectif 2 nouveau, bénéficieraient d'un mécanisme de transition de quatre ans, mais dont l'importance n'est pas précisée.

- l'objectif 3 : soutenir l'adaptation et la modernisation des politiques et des systèmes d'éducation, de formation et d'emploi, se substituerait aux objectifs 3 et 4 actuels, et ne relève donc pas directement de l'aménagement dut territoire.

- la politique structurelle agricole ne serait plus mise en oeuvre dans le cadre d'un fonds structurel, et l'objectif 5a disparaîtrait. Les mesures d'accompagnement de la Politique agricole commune, et de développement rural en dehors des zones couvertes par l'objectif 1 seraient désormais financées par la section garantie du FEOGA (qui n'est pas un fonds structurel).

- les programmes d'initiative communautaire seraient ramenés de 13 à 3 :

- coopération transfrontalière, transnationale, interrégionale,

- développement rural,

- coopération transnationale pour les pratiques de lutte contre les discriminations et inégalités de toute nature dans l'accès au marché du travail.

La proportion des ressources des Fonds structurels consacrée à ces initiatives seraient ramenée de 9 % à 5 %.

L'adoption définitive des propositions de la commission pourrait avoir lieu avant les prochaines élections européennes de juin 1999. Les six mois qui viennent seront donc décisifs pour la défense dés intérêts des régions françaises et en particulier pour celles qui ne pourront plus bénéficier que des mécanismes de transition.

Page mise à jour le

Partager cette page