2. Les facteurs de fragilité d'EDF

Il convient tout d'abord de rappeler que la situation financière d'EDF est bonne en dépit de la légère baisse de ses résultats enregistrée en 1997. Cette diminution est due, d'une part, à la douceur climatique exceptionnelle de l'année 1997, et, d'autre part, à la baisse des tarifs de l'électricité (- 4,6 %) intervenue en avril 1997 conformément au contrat d'entreprise conclu entre l'Etat et EDF pour la période 1997-2000. L'incidence de cette dernière mesure a été 3,6 milliards de francs sur les recettes de l'opérateur public au cours de l'année 1997.

Le tableau suivant retrace les comptes consolidés de l'entreprise :



Par ailleurs, l'endettement d'EDF a été ramené de 132,9 milliards de francs en 1996 à 125,9 milliards de francs à la fin de 1997, ce qui a permis de diminuer le montant de ses charges financières. Il convient de rappeler que le précédent contrat de plan conclu entre l'Etat et EDF pour la période 1993-1996 a été rempli puisque le désendettement cumulé depuis le début du contrat atteignait 62 milliards de francs en termes réels, soit 20 milliards de francs de plus que les objectifs assignés à l'entreprise.

A l'horizon 2000, l'objectif est de ramener l'endettement autour de 100 milliards de francs.

La société a enfin restructuré son bilan en application de la loi portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier du 10 novembre 1997 qui l'a rendue propriétaire des ouvrages de transport d'électricité du réseau d'alimentation générale (RAG). L'intégration des provisions pour renouvellement constituées par EDF sur ces ouvrages au résultat de l'entreprise a permis de tripler le montant des capitaux propres - ils ont été portés de 24,2 milliards de francs à 79,2 milliards de francs au 1 er janvier 1997 -, a épuisé le montant des reports à nouveau négatifs et a rendu EDF contributeur net de l'impôt sur les sociétés pour la première fois. La société a ainsi acquitté 3 milliards de francs d'impôt sur les sociétés en 1997.

EDF a en outre versé à l'Etat une rémunération de 2,5 milliards de francs dont 1,5 milliards au titre de la rémunération des dotations en capital au taux de 3 % et 1 milliard de francs de rémunération complémentaire égale à 40 % du résultat comptable après impôt sur les sociétés, conformément au contrat d'entreprise conclu avec l'Etat en avril 1997.

Toutefois, un certain nombre de handicaps continuent de peser sur l'opérateur public.

Votre rapporteur souhaite ainsi rappeler que les cotisations retraite représentent aujourd'hui 50 % de la masse salariale d'EDF, alors que ce pourcentage est inférieur à 25 % dans le secteur privé. Elles devraient atteindre 100 % de la masse salariale en 2020 si rien n'est fait. Ces charges de retraite expliqueraient la moitié du surcoût de la main d'oeuvre d'EDF , évalué par elle à 50 % par rapport à celui de ses éventuels concurrents, le reste étant essentiellement dû à la générosité des oeuvres sociales d'EDF - qui représentent 8,4 % de sa masse salariale contre 2,5 % au plus dans les autres entreprises - et au mode de calcul des heures supplémentaires.

Par ailleurs, il convient de rappeler que l'essentiel du coût du démantèlement de SUPERPHÉNIX devrait être pris en charge par EDF . Cela représente une somme de 14,2 milliards de francs, qui, a pour l'essentiel été provisionnée au cours des années 1996 et 1997, mais qui n'en reste pas moins pénalisante pour l'opérateur à la veille de l'ouverture du marché de l'électricité.

Enfin, comme le rappelle le rapport de la commission d'enquête sénatoriale sur la politique énergétique de la France, EDF est handicapée, par rapport à ses futurs concurrents, par le principe de spécialité qui lui interdit d'exercer des activités autres que son coeur de métier. Ainsi, l'article 46 de la loi du 8 avril 1946 lui interdit d'intervenir " au delà du compteur ", c'est-à-dire sur les installations intérieures. De même EDF n'est pas habilitée à élargir la panoplie de ses activités pour y intégrer des prestations de services complémentaires à la fourniture d'électricité.

Le respect de ce principe est contrôlé par l'Observatoire de la diversification qui veille sur les activités d'EDF comme de GDF. Pour l'heure, EDF intervient, par le biais de ses filiales, dans les secteurs de l'éclairage public (217 millions de francs de chiffre d'affaires en 1997), du traitement des déchets (723 millions de francs de chiffre d'affaires en 1997), de l'ingénierie pour compte de tiers (85 millions de francs de chiffre d'affaires) et de la vidéocommunication (108 millions de francs). Toutefois, l'Observatoire de la diversification l'a invitée à se retirer de ce dernier secteur.

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