II. LA RECHERCHE INDUSTRIELLE ET L'INNOVATION

Comme en 1997 et en 1998, les crédits consacrés au soutien de l'innovation, à la recherche industrielle et au développement technologique constituent la priorité du budget de l'industrie pour 1999, hors énergie, avec près de 19 % du total des crédits et 57 % des crédits de politique industrielle. Ils sont en progression par rapport aux moyens disponibles en 1998 (c'est-à-dire après régulation budgétaire).

La diminution de l'agrégat recherche industrielle et innovation ( 2.870 millions de francs pour 1999 en DO et CP et 3.088 millions de francs en DO et AP) résulte pour l'essentiel de la contraction des crédits du chapitre 66-01 " Développement de la recherche industrielle " qui a été l'objet en 1997 et depuis le début de l'année 1998 de régulations budgétaires significatives.

En effet, doté initialement de 1.673 millions de francs en crédits de paiement et de 1.688 millions de francs en autorisations de programme, ce chapitre a ainsi donné lieu, au cours de l'exercice 1997, à des annulations de crédits de 79 millions de francs en CP et de 257,7 millions de francs en AP. En outre, 185,7 millions de francs ont été reportés en autorisations de programme de l'exercice 1997 à l'exercice 1998 et 44 millions de francs en crédits de paiement. Enfin, au 31 août 1998, les autorisations de programme n'étaient engagées que pour 15,8 % de leur montant.

Cet agrégat comprend les crédits destinés, d'une part, à la diffusion des techniques au sein des PMI et à l'Agence nationale pour la valorisation de la recherche (ANVAR), et, d'autre part, aux grands programmes nationaux et européens.

Le thème de la société de l'information fera l'objet d'une priorité majeure avec 700 millions de francs de crédits. En effet, si la France dispose d'atouts incontestables dans ce domaine, grâce aux nombreux industriels qui y travaillent, elle est en passe de prendre un retard irratrapable par rapport à d'autres pays et notamment les Etats-Unis. Or un tiers de la croissance américaine est aujourd'hui tirée par les activités liées à la société de l'information. Son développement est donc un enjeu prioritaire pour la société française.

A. LA DIFFUSION DE L'INNOVATION DANS LES PMI

L'objectif de la politique technologique du ministère en charge de l'industrie est de procurer aux entreprises françaises les moyens, qualitatifs et financiers de développer leur capacité de recherche et d'innovation. C'est l'objet de l'Agence nationale de valorisation de la recherche (ANVAR).

Par ailleurs, pour permettre aux PMI de maîtriser et d'intégrer des technologies permettant d'améliorer leur compétitivité durablement par la réalisation d'un saut technologique significatif, le ministère a institué en septembre 1992 la procédure ATOUT.

1. L'Agence nationale de valorisation de la recherche

a) Le rôle de l'ANVAR

L'Agence nationale de valorisation de la recherche (ANVAR) mène en faveur des PME une politique incitative en matière de relations recherche-industrie, de transferts de technologie, de programmes d'innovation. Pour cela, elle s'appuie sur une aide spécifique dénommée aide à l'Innovation .

Ces aides peuvent concerner tous les stades du processus d'innovation et prennent la forme d'une subvention ou d'une avance remboursable dont le montant peut atteindre 50 % des dépenses retenus, sans toutefois pouvoir dépasser 40 % du montant total du programme. Tous les projets font l'objet d'une instruction décentralisée, et, après avis d'une commission régionale d'attribution des aides, d'une décision par le délégué régional concerné. Pour les programmes les plus importants, la décision est prise par le directeur régional de l' ANVAR.

Cinq axes majeurs sont au centre de ses interventions :

- privilégier les technologies-clés ;

- mieux accompagner les entreprises à potentiel de croissance, notamment en favorisant l'embauche de personnels qualifiés ;

- mettre sa capacité d'expertise technologique à disposition des acteurs publics et privés pour contribuer au développement de l'innovation ;

- faire évoluer les outils financiers pour offrir des financements plus adaptés aux entreprises innovantes à potentiel de croissance, en liaison avec le CEPME et la SOFARIS, et accroître son implantation au niveau régional ;

- mieux mettre en valeur les résultats de la recherche par une meilleure coordination des actions menées au niveau régional.

L'ANVAR participe régulièrement aux côtés de ses ministères de tutelle à des appels à proposition thématiques afin d'accélérer l'émergence de projets d'innovation sur des secteurs stratégiques.

L'ANVAR participe aussi, en liaison avec les ministères en charge de l'industrie et de la recherche, ainsi que les Conseils régionaux, au soutien du Réseau interrégional de diffusion technologique (RIDT) présent dans 21 régions métropolitaines. Le RIDT regroupe 1.348 prospecteurs ayant tous adhéré à son code de déontologie.

Enfin, le réseau de partenaires internationaux de l'agence (Eurêka, Commission européenne, Taftie 19( * ) ) ainsi que les accords de coopération passés avec différents pays (Etats-Unis, Canada-Québec, Corée, Israël, Tunisie et bientôt le Maroc) lui permettent d'offrir aux PME désireuses d'exporter un carnet d'adresses et un ensemble d'outils de mise en relation.

b) Bilan de l'action de l'ANVAR en 1997 et 1998

En 1997, les moyens en faveur de l'innovation étaient constitués par la dotation budgétaire de l'Etat, inscrite sur le chapitre 66-02 du budget de l'industrie, qui s'élevait en loi de finances initiale à 780 millions de francs en autorisations de programme et à 634,5 millions de francs en crédits de paiement.

Par ailleurs, compte tenu des prévisions de remboursement d'aides accordées antérieurement et des reprises d'AP, les crédits disponibles au titre des programmes relevant de l'aide à l'innovation s'élevaient à 1.466,7 millions de francs.

Après régulation budgétaire, les moyens disponibles s'élevaient à 1.354 millions de francs. Les arrêtés du 9  juillet et du 19 novembre 1997 ont en effet annulé 138 millions de francs en crédits de paiement (soit 22 % de la dotation initiale) et 97,5 millions de francs en autorisations de programme.

L'Agence est intervenue pour un montant total de 1.350 millions de francs sur 4.664 aides à l'innovation réparties comme suit :

- 1 527 mises au point de produits ou procédés nouveaux (depuis la faisabilité jusqu'à la préparation du lancement industriel) pour un montant de 1.099 millions de francs ;

- 640 recrutements pour l'innovation (97 MF) :

- 1 643 prestations du Réseau interrégional de diffusion technologique (49 MF) ; les prospecteurs du RIDT ont effectué plus de 16 600 visites d'entreprises en 1997 soit une augmentation de 25 % par rapport à 1996 ;

- 47 abondements à des sociétés de recherche sous contrat (86 MF) ;

- 726 projets jeunes (15 MF) ;

- 81 soutiens à des inventeurs indépendants (4 MF).

Au total, 1 900 entreprises ont reçu le soutien direct de l'ANVAR, hors prestation du Réseau de diffusion technologique. Sur ce nombre, 51 % recouraient à ses services pour la première fois.

L'ANVAR a par ailleurs été désignée en 1997 par décret comme l'organisme habilité à décerner la qualification d'entreprise innovante aux PME désireuses de trouver des fonds propres via un fonds commun de placement pour l'innovation (FCPI).

En 1998 , l'Agence s'est donnée pour priorités :

- l'élargissement du soutien au recrutement par les PME de personnel qualifié dans les domaines de l'innovation et le renforcement des liens entre centres de compétences et entreprises. Un accent particulier est mis sur l'embauche de docteurs ;

- la mobilisation de fonds propres en faveur des PME en créant une synergie avec l'ensemble du monde financier pour répondre aux besoins des entreprises, depuis les fonds d'amorçage jusqu'à l'entrée en bourse : 10 aides " Marché boursier " avaient été accordées au 30 juin 1998 ;

- la clarification du système d'aides aux entreprises : 97 % des décisions d'attribution d'aides sont prises par les délégués régionaux ; les différentes procédures de soutien existantes ont été regroupées en une seule aide, distinguant seulement la phase de faisabilité du projet de la phase de réalisation ;

- l'ouverture aux innovations dans les services mettant notamment en oeuvre les technologies de l'information, les télécommunications et la santé.

L'Agence a bénéficié pour cela de 840 millions de francs en autorisations de programme et de 665 millions de francs en crédits de paiement. Après intégration des perspectives de remboursement d'aides, reprises d'AP et régulation budgétaire, ses crédits s'élevaient au 1 er août 1998 à 1.375 millions de francs en AP et à 1.149 millions de francs en CP.

c) La consolidation des moyens de l'ANVAR en 1997

La subvention de fonctionnement de l'ANVAR pour 1999 reste constante à 237,7 millions de francs de même que les crédits destinés au Secrétariat général de la coordination nationale de la procédure EURÊKA (6 millions de francs). La dotation du réseau de diffusion technologique continue d'augmenter (+ 2,6 millions) pour atteindre 16,6 millions de francs.

Le budget pour 1999 est par ailleurs marqué par l'inflexion de la tendance à la diminution des crédits d'investissement de l'agence constatée depuis 1993-1994 : les crédits de paiement augmentent en effet de 1,3 % par rapport à 1998 pour s'établir à 673,5 millions de francs. Les autorisations de programme passent en revanche de 840 à 800 millions de francs. Comme les DRIRE dans le domaine du développement industriel, l'Agence simplifiera son dispositif d'aides en les regroupant au sein d'un unique contrat d'innovation technologique .

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