EXAMEN EN COMMISSION

Réunie le mercredi 16 juin 1999, sous la présidence de M. Alain Lambert, président, la commission a procédé à l'examen du rapport de M. Philippe Marini, rapporteur général , sur la loi de règlement pour 1997 .

M. Philippe Marini, rapporteur général, a tout d'abord rappelé que la loi de règlement pour 1997 fournissait l'occasion de revenir sur une année particulière, à un triple point de vue.

D'une part, c'était l'année sur laquelle se jugeaient les finances publiques des pays candidats à la monnaie unique. D'autre part, un changement de gouvernement était intervenu en cours d'année. Enfin, une amélioration sensible de la conjoncture était survenue en cours d'année, qui avait modifié l'orientation des finances publiques. Alors que depuis 1992, la gestion des finances publiques avait été marquée par les effets des difficultés économiques, l'année 1997 s'était caractérisée par le retour d'une relative facilité. Ainsi a-t-il estimé que si le Gouvernement s'en était ensuite attribué la paternité, l'audit des finances publiques qu'il avait commandé à l'époque ne prévoyait cependant pas ce retournement.

Il a relevé que l'année 1997 était intéressante car elle était révélatrice de la politique budgétaire du Gouvernement : sous couvert d'amélioration des déficits, il avait en fait choisi d'augmenter les dépenses et les prélèvements. Puis, il a rappelé que le cadrage macro-économique en 1997 s'était traduit par une sensible modification de la conjoncture.

L'année 1997 avait en effet vu la reprise amorcée dès 1996 s'ancrer à partir du deuxième trimestre : entre 1996 et 1997, le PIB a augmenté de 3,4 % en valeur et de 2,3 % en volume contre une expansion limitée à 1,2 % en 1996.

Ce supplément d'activité était venu pour l'essentiel de l'extérieur, la demande intérieure restant, quant à elle, peu dynamique en moyenne.

Ainsi, la consommation des ménages s'était révélée en moyenne très peu dynamique au regard de la progression de leur revenu qui avait atteint 3,4 % en valeur et 2,3 % en pouvoir d'achat, même si elle avait connu un rebond en fin d'année.

En effet, les ménages avaient profité de la baisse de l'impôt sur le revenu décidée par le Gouvernement précédent qui leur avait fait gagner environ 20 milliards de francs, mais ils avaient subi en contrepartie l'accroissement de la contribution sociale généralisée.

M. Bernard Angels a tenu à souligner que ce regain de consommation était lié, selon lui, au retour de la confiance à partir du second semestre de 1997, traduisant ainsi un changement notable par rapport à la situation antérieure au mois de mai 1997.

M. Philippe Marini, rapporteur général, a indiqué que la reprise s'était soldée par un taux de croissance moyen de 2,3 % qui n'avait pas permis d'éviter une progression du taux de chômage : il était passé de 12,3 % à 12,5 % en un an, même si l'accélération de l'activité en cours d'année avait permis un léger recul du taux en glissement qui, de 12,5 % en décembre 1996, s'était établi à 12,2 % en fin d'année, baissant ainsi pour la première fois depuis 1994.

Puis il a relevé que les recettes avaient été augmentées par la loi portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier (MUFF).

Il a rappelé qu'en juin 1997, le nouveau Gouvernement avait commandé un audit sur la situation des finances publiques, réalisé par MM. Nasse et Bonnet. Ceux-ci avaient mis en exergue l'insuffisance des recettes fiscales qui conduisait à un creusement du déficit budgétaire compris entre 15 et 17 milliards de francs. Ce rapport évaluait pour 1997 le déficit des administrations publiques au sens de Maastricht dans une fourchette allant de 3,5 à 3,7 % du PIB.

Ainsi, le projet de loi " MUFF " présenté par le Gouvernement à l'automne 1997 avait eu pour objet de faire face à cette difficulté. Il créait ainsi une surtaxe temporaire sur le taux de l'impôt sur les sociétés pour les entreprises qui réalisaient plus de 50 millions de francs de chiffre d'affaires, fixée à 15 % en 1997, et élargissait l'assiette de l'impôt sur les sociétés en y incluant les plus-values à long terme (hors titres de participation). Enfin, le régime des acomptes était modifié en conséquence pour assurer le rendement de ces mesures dès 1997.

Ces dispositions devaient rapporter respectivement 14,4 et 6,7 milliards de francs de recettes supplémentaires au budget de l'Etat, soit un total de 21 milliards de francs en 1997.

Il a toutefois souligné que cette majoration, dramatisée à l'époque, ne s'était pas révélée nécessaire puisque le solde d'exécution des recettes avait été en 1997 très proche des prévisions de la loi de finances initiale, à l'exception de la taxe à la valeur ajoutée (TVA). Au total, sans la loi " MUFF " du 10 novembre 1997, les recettes fiscales n'auraient été que très légèrement inférieures aux prévisions de la loi de finances, de l'ordre de 1,5 milliard de francs.

Ce constat était bien différent de celui fait par l'audit des finances publiques du 21 juillet 1997.

L'exécution de 1997 avait confirmé le diagnostic alors posé par la commission des finances, selon lequel les prélèvements supplémentaires décidés par le Gouvernement avaient été, de loin, supérieurs à ce que nécessitaient les moins-values de recettes.

Il a enfin tenu à relever que les dépenses avaient été stabilisées en francs constants.

La loi de finances initiale s'était fixée pour objectif de stabiliser les dépenses en francs constants. Pour y parvenir, le précédent Gouvernement avait décidé un gel de crédits d'une dizaine de milliards de francs. Au contraire, le Gouvernement actuel avait décidé d'augmenter les dépenses en loi de finances rectificative de fin d'année.

Aussi ce collectif présentait un intérêt certain car il illustrait une double orientation budgétaire : d'une part, l'absence d'une maîtrise volontariste de la dépense publique et d'autre part, le recours à des prélèvements fiscaux supplémentaires expliquant au total l'amélioration de 14,1 milliards de francs du solde budgétaire.

Par ailleurs, le décret d'avances du 9 juillet 1997 avait ouvert 9,9 milliards de francs de crédits supplémentaires correspondant pour l'essentiel à des engagements pris par le nouveau Gouvernement. Les principaux postes de dépenses étaient les suivants : 6,43 milliards de francs pour la revalorisation de l'allocation de rentrée scolaire, 2 milliards de francs pour la mise en place des emplois-jeunes et 0,6 milliard de francs pour la revalorisation du barème de l'aide personnelle au logement.

En contrepartie, un arrêté du même jour avait annulé 9,9 milliards de francs, que le précédent Gouvernement entendait supprimer définitivement en s'appuyant sur une régulation budgétaire opérée en mars 1997, négociée ministère par ministère dont votre rapporteur général avait alors estimé qu'elle constituait le " véritable exercice de maîtrise des dépenses ".

Au total, le solde d'exécution des lois de finances en 1997 avait permis à la France de se qualifier pour l'euro.

Le déficit budgétaire exécuté en 1997 s'était en effet établi à 267,7 milliards de francs soit 6 % au-dessous de ce que prévoyait la loi de finances initiale (284,8 milliards de francs). Cet écart était le premier de cette nature depuis 1987, le début des années 1990 ayant été marqué par des écarts en général très négatifs. Une telle amélioration avait été obtenue en majorant volontairement les dépenses d'une dizaine de milliards de francs, et les impôts de 23 milliards de francs.

Le déficit d'exécution, en amélioration de 27,7 milliards de francs par rapport à celui de 1996, représentait 3,29 % du PIB. Le résultat nettement positif des administrations publiques locales (+ 17,4 milliards de francs) et des organismes divers d'administrations centrales (+ 52,7 milliards de francs) avait permis à la France d'atteindre le ratio de 3 % du PIB en termes de besoin de financement des administrations publiques, malgré la persistance d'une situation dégradée pour les comptes sociaux (- 47,8 milliards de francs).

Il a relevé que, même si la France avait ainsi pu se qualifier pour la monnaie unique lors du Conseil européen des 2 et 3 mai 1998, sa dette publique avait toutefois continué à se dégrader rapidement, atteignant 57,2 % du PIB fin 1997 contre 55,7 % fin 1996.

En conclusion, il a rappelé que la loi de règlement était un exercice comptable qui n'appelait pas de commentaire particulier, son adoption ne valant pas pour autant, approbation de la politique budgétaire du Gouvernement.

Aussi, M. Philippe Marini, rapporteur général, a-t-il proposé l'adoption sans modification de l'ensemble du projet de loi, après avoir souligné les contraintes pesant en terme de calendrier sur l'examen de ce texte.

La commission en a pris acte. Elle a adopté, sous ces réserves, sans modification l'ensemble des articles du projet de loi de règlement du budget de 1997 .

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