EXPOSÉ GÉNÉRAL

Mesdames, Messieurs,

La proposition de loi organique tendant à améliorer le régime applicable à la formation de l'Assemblée de la Polynésie française dont le Sénat est saisi est présentée par M. Gaston Flosse et les membres du groupe du Rassemblement pour la République et a été déposée sur le bureau du Sénat le 30 juin 1999.

Cette proposition de loi organique comprend trois articles qui traitent de sujets distincts proposant d'opérer trois modifications dans la loi n° 52-1175 du 21 octobre 1952 relative à la composition et à la formation de l'Assemblée territoriale de la Polynésie française. L'article premier, tendant à augmenter le nombre de sièges pour la circonscription des Iles-du-Vent, en constitue le coeur et répond à un voeu formulé par cette assemblée délibérante le 27 mai 1999 (délibération n° 99-092) 1( * ) .

La Polynésie française deviendra un pays d'outre-mer après l'adoption par le Congrès du Parlement, convoqué à Versailles le 24 janvier prochain, du projet de loi constitutionnelle relatif à la Polynésie française et à la Nouvelle-Calédonie voté en termes identiques par l'Assemblée nationale le 10 juin 1999 et par le Sénat le 12 octobre 1999. Elle comprend, aux termes de l'article 1 er de la loi organique statutaire du 12 avril 1996, cinq archipels qui constituent autant de circonscriptions électorales en vertu de l'article 1 er de la loi du 21 octobre 1952 susvisée. Ces circonscriptions pour les élections à l'Assemblée de la Polynésie française sont : les Iles-du-Vent, les Iles-Sous-le-Vent, les Iles Australes, les Iles Tuamotu et Gambier et les Iles Marquises.

La répartition des sièges à l'Assemblée de la Polynésie française entre ces circonscriptions a périodiquement été modifiée au gré des évolutions démographiques constatées depuis 1946, date à laquelle la Polynésie française est devenue un territoire d'outre-mer doté d'une assemblée délibérante.

Près de quinze ans s'étant écoulés depuis la dernière modification opérée par la loi n° 85-1337 du 12 décembre 1985, un ajustement paraît aujourd'hui nécessaire. Notons que ce constat a également été dressé par M. Émile Vernaudon, député de la Polynésie française, qui a, sur ce même sujet, déposé une proposition de loi organique sur le bureau de l'Assemblée nationale le 9 mars 1999 2( * ) .

I. UNE RÉPARTITION DES SIÈGES PRENANT EN COMPTE À LA FOIS LES ÉVOLUTIONS DÉMOGRAPHIQUES ET LA SPÉCIFICITÉ GÉOGRAPHIQUE DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE

L'évolution de la répartition des sièges à l'Assemblée de la Polynésie française entre les cinq circonscriptions électorales depuis 1946 est la suivante :


Circonscription

1946

1952

1957

1985

Iles-du-Vent

10

12

16

22

Iles-Sous-le-Vent

5

5

6

8

Iles Australes

1

2

2

3

Iles Marquises

2

2

2

3

Iles Tuamotu et Gambier

2

4

4

5

Total

20

25

30

41

Les différentes modifications de la répartition des sièges entre les cinq circonscriptions ont été consécutives aux recensements de 1946, 1951, 1956 et 1983, résultant successivement de l'article 2 du décret n° 46-2379 du 25 octobre 1946 portant création d'une assemblée représentative dans les Établissements français de l'Océanie, de l'article 1 er de la loi n° 52-1175 du 21 octobre 1952 relative à la composition et à la formation de l'assemblée territoriale des Établissements français de l'Océanie, de l'article 1 er de la loi n° 57-836 du 26 juillet 1957 relative à la composition et à la formation de l'Assemblée territoriale de la Polynésie française et de l'article 1 er de la loi n° 85-1337 du 18 décembre 1985 modifiant et complétant la loi n° 52-1175 du 21 octobre 1952.

La circonscription des Iles-du-Vent, ayant connu de très loin la plus forte poussée démographique depuis 1946, a bénéficié à chaque révision de la plus importante augmentation du nombre de sièges à l'Assemblée de la Polynésie française.

En cinquante ans (1946-1996, 1996 correspondant au dernier recensement effectué), sa population est passée de 29.438 habitants à 162.686 habitants : elle a donc plus que quintuplé pour représenter aujourd'hui 74,1 %, soit près des trois quarts, de la population totale. Corrélativement, le nombre de sièges attaché à cette circonscription a un peu plus que doublé, passant de 10 à 22.

Sur la même période, les autres circonscriptions ont connu une progression démographique nettement moins importante :

- la population des Iles-Sous-le-Vent a un peu plus que doublé pour représenter un peu plus de 12 % de la population totale actuelle, avec un nombre de sièges porté de 5 à 8 ;

- la population des Iles Tuamotu et Gambier a subi une progression comparable pour regrouper 7 % de la population actuelle, le nombre de sièges, porté de 2 à 5 ayant connu une progression proportionnelle à celle de la population ;

- la population des Iles Australes (3 % de la population actuelle) a augmenté des deux tiers, le nombre de sièges ayant triplé pour s'élever à 3 aujourd'hui ;

- la population des Iles Marquises a été multipliée par 2,7 (3,7 % de la population actuelle), le nombre de sièges ayant été porté de 2 à 3.

Le tableau suivant retrace, sur la période considérée, l'évolution de la part de la population de chaque circonscription par rapport à sa part de sièges au sein de l'assemblée délibérante :


 

Iles du Vent

Iles Sous le Vent

Iles Tuamotu et Gambier

Iles Marquises

Iles Australes

 

% pop.

% APF

% pop.

% APF

% pop.

% APF

% pop

% APF

% pop.

% APF

1946

53

50

22,5

25

12

10

5,5

10

7

5

1952

56,3

48

20,8

20

11,4

16

5,2

8

6,3

8

1957

58

53,3

20,2

20

11

13,3

5,4

6,7

5,4

6,7

1985

73,8

53,7

11,4

19,5

7,1

12,2

3,9

7,3

3,8

7,3

1996

74,1

53,7

12,2

19,5

7

12,2

3,7

7,3

3

7,3

L'ensemble de ces données statistiques permet de constater que s'il existe une corrélation entre l'évolution du poids démographique de chaque circonscription et celle de sa représentation au sein de l'assemblée de la Polynésie française, le lien n'est pas proportionnel. La cohésion politique et institutionnelle de cette collectivité nécessite de prendre en considération, au-delà du seul critère démographique, sa spécificité géographique.

En effet, une extrême dispersion géographique et une grande diversité de situation d'un archipel à l'autre, tant du point de vue économique que culturel, caractérise la Polynésie française (4.200 km2 de terres émergées répartis entre 118 îles ou îlots au milieu de 5,5 millions de km2 d'océan), les 48 communes étant réparties de la façon suivante entre les subdivisions administratives : 13 aux Iles-du-Vent, 7 aux Iles-Sous-le-Vent, 6 aux Iles Marquises, 17 aux Iles Tuamotu et Gambier et 5 aux Iles Australes 3( * ) .

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