IV. PRINCIPALES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL

A. DES SECTEURS EN CRISE

1. La filière bovine

Depuis plus d'un an maintenant, les éleveurs de la filière bovine sont confrontés à une crise sans précédent, conséquence de la crise de l'ESB qui a touché de plein fouet le cheptel bovin français.

Si des mesures efficaces en faveur de la sécurité sanitaire et alimentaire, notamment la décision d'interdire totalement l'usage des farines animales dans l'alimentation animale et la mise en place d'un système d'épidémio-surveillance efficace, ont été prises par le gouvernement, il n'en reste pas moins que les éleveurs dans leur grande majorité restent confrontés à de graves difficultés financières.

La chute des cours couplée à la fermeture des débouchés pour les animaux ont entraîné des pertes de revenu très importantes dans les exploitations. Aujourd'hui ce sont les éleveurs de race à viande qui sont les plus pénalisés avec une chute des prix proche de 30 % sur les broutards par exemple. Les vaches de race allaitante sont elles aussi désormais concernées par la chute des cours de la viande. Les éleveurs sont confrontés à de graves difficultés de trésorerie et on estime à une sur quatre en moyenne le nombre d'exploitations menacée de faillite dans le secteur allaitant.

En octobre 2001, le ministre de l'agriculture, Jean Glavany, a présenté son plan de soutien aux éleveurs touchés par la crise, en raison notamment du constat d'échec des mesures communautaires mises en place (programme de retrait pour destruction et programme d'achat spécial). Les principales mesures annoncées ont été :

- des mesures de gestion du marché : notamment une optimisation des outils communautaires de gestion, la poursuite et l'adaptation du programme de l'achat spécial, prise en charge de la totalité du coût des tests effectués sur les bovins de plus trente mois et destinés à l'achat spécial, la régulation de la production de viande bovine par la maîtrise de la filière veau, dégagement des broutards lourds nés en 2000, ou encore la relance des marchés d'exportation ;

- une politique des prix et de la consommation : réflexion quant à la possibilité d'instaurer un prix minimum pour la viande bovine, des mesures concernant la traçabilité et l'étiquetage, l'extension de l'accord interprofessionnel sur la cotisation et l'élaboration d'un plan de communication dans le but de rassurer le consommateur ;

- des mesures relatives à la situation financière des éleveurs : engagement du ministère de respecter l'objectif de paiement de la PMTVA, octroi d'un acompte de 80 % de la PSBM et de la prime d'abattage.

Beaucoup de mesures sont encore à l'état de projet et les mesures concernant la situation financière des éleveurs apparaissent insignifiantes. S'agissant par exemple des difficultés des éleveurs en termes de revenu et de trésorerie, le ministre a annoncé qu'un « travail d'évaluation est en cours pour mesurer et identifier au mieux les difficultés réelles et les catégories d'éleveurs les plus touchés » dont les résultats ne devraient être connus qu'en toute fin d'année. Votre rapporteur spécial considère qu'il est aujourd'hui plus qu'urgent que ce travail d'évaluation aboutisse rapidement.

Au-delà des mesures, certes indispensables, de dégagement des marchés et de soutien à la consommation, un plan d'accompagnement des éleveurs doit être mis en place d'urgence, qui pourrait prendre la forme d'une aide directe complémentaire versée à la vache allaitante. Le plan annoncé par le ministre ne contient pas de mesures de sauvetage efficaces et immédiates pour les éleveurs. Des aides directes prenant en compte la réalité de la situation des éleveurs sont nécessaires ainsi que des remises d'annuité pour les emprunts.

2. La filière viticole

Le secteur de la viticulture est confronté depuis deux à trois ans à une crise importante résultant notamment d'une désaffection des consommateurs français (baisse de 5 millions d'hectolitres de la consommation en trois ans) touchant tant les vins de table que les vins à appellation d'origine contrôlée , d'un accroissement de la concurrence internationale exercée par les nouveaux producteurs des pays émergents ainsi que d'un accroissement de l'offre française et communautaire. La consommation en France et en Europe régresse et les perspectives de croissance du marché mondial ne permettent pas de compenser à court terme ces pertes de débouchés. La filière doit continuer à adapter l'offre quantitative et qualitative, et faire face à une concurrence internationale de plus en plus vive en conciliant une meilleure productivité et n développement de la qualité.

Alors que la nouvelle organisation commune de marché vitivinicole est entrée en vigueur le 1 er août 2000, des mesures de dégagement du marché notamment sont nécessaires afin de permettre à celui-ci de se rétablir et d'offrir des prix rémunérateurs aux producteurs. Le volet gestion de marché de la nouvelle OCM doit être revu à la lumière du nouveau contexte communautaire et international de retour à des excédents de vins de table.

De même, la restructuration de l'aval de la filière, aujourd'hui atomisée face à la concentration des acheteurs ou concurrents de la France, doit être encouragée et soutenue.

Un plan d'adaptation de la viticulture française a été annoncé par le ministre de l'agriculture et de la pêche le 25 septembre 2001 qui vise notamment à mettre en place une dotation de 15,2 millions d'euros (100 millions de francs) au sein du budget de l'ONVINS afin de renforcer l'aval de la filière. En outre, l'ONIVINS devrait également disposer d'une dotation supplémentaire de 2,3 millions d'euros (15 millions de francs) afin d'encourager les vignerons et leurs structures à piloter leurs vignes et à vinifier les vins en fonction de la demande. En outre, une enveloppe de 2,3 millions d'euros (15 millions de francs) est réservée aux jeunes viticulteurs afin que des aides en trésorerie leur permettent d'assurer la pérennité de leur exploitation.

3. Des dotations aux offices reconduites en dépit des besoins accrus face à des marchés en crise

Votre rapporteur ne peut que constater avec regret que, malgré la crise que traversent diverses filières agricoles, au premier rang desquelles la filière bovine et la filière viticole, les dotations du chapitre 44-53 (interventions en faveur de l'orientation et de la valorisation de la production agricole) et notamment les crédits destinés aux organismes d'intervention restent stables par rapport à 2001.

La dotation aux offices est ainsi reconduite à 466 millions d'euros (3 milliards de francs). Il appartiendra par la suite au conseil supérieur d'orientation d'arrêter la répartition des crédits entre les différents offices. Cette répartition est en outre contrainte par le poids des dépenses obligatoires (dépenses de fonctionnement ou dépenses liées à la réglementation communautaire) ou encore des crédits contractualisés. Ces dépenses obligatoires représentent en moyenne plus de 60 % des crédits.

Votre rapporteur tient à souligner l'importance primordiale des crédits d'orientation des offices s'agissant de l'adaptation structurelle des exploitations et des filières.