5. Les coûts financiers et politiques de résistance à la mer

Pour qu'une résistance efficace soit opposée à l'action de la mer sur les plages, il faut une prise de conscience du phénomène ainsi que de la multiplicité des données décrites ci-dessus.

Partant de là, si des équipements et des habitats méritant absolument d'être maintenus se trouvent à proximité de la plage menacée, une décision politique devra intervenir à partir d'un bilan coût/avantages du maintien du trait de côte .

De telles opérations ont été entreprises et conduisent à préconiser non pas un seul type de défense face à la montée des eaux, mais deux.

Le premier est celui de la défense rigide jusque là privilégiée par la France, mais plutôt coûteuse. Le second consiste à accepter l'évolution du trait de côte ; il est connu sous le nom de défense souple et a maintenant la préférence des Pays-Bas.

M. François LETOURNEUX, Président de l'Institut Français de l'Environnement (IFEN) a précisé que le Conservatoire du littoral prône également une défense souple.

Au-delà de ces deux solutions qui s'appliquent aux équipements et habitats déjà en place, votre Rapporteur préconise une attitude pour l'avenir consistant à anticiper la montée des eaux et à éviter de construire dans une zone qui, à un moment donné, sera menacée (41 ( * )) A cet égard, il n'est pas nécessaire d'interdire, dès à présent, l'utilisation de zones qui ne devraient pas être menacées avant une cinquantaine d'années, mais peut-être de prévoir des zones non aménageables, des zones provisoirement non aménageables et, enfin, des zones aménageables durablement.

L'IFEN travaille à un programme pour améliorer les méthodes d'estimation des populations exposées aux risques d'inondation (M. Bernard MOREL, IFEN ).

Cette façon de procéder permettrait de continuer à profiter de ces espaces naturels constitués par une plage tout en prenant très directement en compte le caractère naturellement vivant et évolutif de celle-ci.

Une carte de France métropolitaine sur laquelle apparaissent les plages qui ont fait l'objet d'apports artificiels en vue de leur rehaussement donne une idée des espaces côtiers les plus menacés.

Localisation des plages de France
ayant fait l'objet d'une alimentation artificielle en sédiments

Pour la France métropolitaine , il peut être rappelé que, en 1995, la capacité d'hébergement touristique des communes littorales représentait 37 % de la capacité française ; ce sont treize millions de personnes qui occupent le littoral l'été -soit une multiplication par plus de deux de la population locale et trente millions de visiteurs par an qui se rendent sur le littoral .

Votre Rapporteur se doit d'insister sur les menaces concernant plus particulièrement les DOM-TOM , en particulier, certains atolls de Polynésie, face aux changements climatiques. En effet, non seulement nombre de plages de ces territoires sont particulièrement menacées mais aussi certains territoires eux-mêmes alors que l'attrait particulier de ceux-ci en a fait des lieux de tourisme extrêmement recherchés.

* (41) La loi dite « littoral » du 3 janvier 1986 interdit les constructions et installations nouvelles sur une bande de 100 mètres à partir du rivage. Les schémas de mise en valeur de la mer (SMVM) doivent compléter cette loi en dépassant le cadre communal, où, par ailleurs, la mise en conformité des plans d'occupation des sols (POS) avec la loi littoral est très loin d'être accomplie. Mais les difficultés d'application de la loi littoral comme les lenteurs d'élaboration des SMVM limitent l'impact de ces dispositions.

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