M. Louis de BROISSIA, rapporteur pour avis de la commission des Affaires culturelles sur le budget de la communication audiovisuelle
Certains
pourraient dire ou penser que la volonté politique s'inscrit ici dans un
domaine où les marchés nationaux, européens et
internationaux priment.
Mais je suis là pour dire, au nom de la commission des Affaires
culturelles, la manière dont nous envisageons l'expression de cette
volonté politique, allant vers une démocratie
télévisuelle.
Nous, parlementaires, avons à tenir compte des besoins des
Français, qui s'expriment de façon diffuse et parfois
contradictoire. Ils montrent cependant clairement un appétit pour une
télévision plus diverse, plus riche en programmes locaux, d'un
accès plus autonome et responsable, ceci au moment même où
la TNT devrait répondre en partie à ces attentes, de même
que l'ADSL ouvre d'intéressantes perspectives.
Il est significatif que 83 % des Français souhaitent voir la
télévision rattraper la radio en matière de communication
locale. Mais nous voyons sortir la télévision d'une
économie marquée par l'oligopole et apparaître les
possibilités d'un choix plus libre. Le téléspectateur
attend de pouvoir devenir son propre programmateur. L'expérience
britannique, malgré les difficultés rencontrées, a
montré l'importance de l'interactivité dans l'économie de
la télévision nouvelle. Par ailleurs, le développement de
l'offre de programmes devrait fournir en commandes l'industrie des programmes
et nous verrons, je pense, se confirmer la formation d'un second marché.
Mais d'autres signaux peuvent être considérés comme
alarmants.
En effet, dans la mesure où 69 % des Français sont
a priori
décidés à ne rien payer, je pense
qu'il est indispensable de fixer une date butoir pour le basculement vers le
numérique terrestre, comme cela a été fait aux Etats-Unis,
afin de marquer une volonté politique forte et de faire prendre
conscience du caractère inéluctable de ce basculement.
Or, je constate que le gouvernement a adopté un système complexe
et un peu dirigé : il y aura forcément implication de la
puissance publique.
La fixation d'une date d'abandon de l'analogique permettrait de lancer à
nos concitoyens un message clair et favoriserait le lancement de la production
en grande série d'équipements de réception, ce qui
permettrait de comprimer les coûts et de lever les objections d'une
partie de nos compatriotes.
TNT ou ADSL, quel que soit le mode choisi, il doit correspondre à
l'aspiration des Français d'avoir un choix plus large et plus libre,
à la condition que la couverture du territoire soit satisfaisante. II
serait insensé de maintenir les zones d'ombre lors du passage au
numérique. Il ne faut de fracture ni numérique, ni
générationnelle, ni territoriale.
Le lancement de la TNT est une excellente perspective pour la
télévision publique. Il était nécessaire que
celle-ci s'adapte aux nouvelles conditions de diffusion et de consommation
télévisuelle, afin de remplir sa mission spécifique. La
volonté politique d'étendre le principe de la démocratie
doit demeurer.
Le secteur privé sait ou saisira vite que le numérique lui offre
des chances nouvelles.
La volonté politique en audiovisuel a quatre données essentielles
à assumer :
- assimiler des politiques parfois alternées ;
- s'exercer dans l'exercice de la démocratie, donc dans la
recherche permanente du débat ;
- demeurer équitable, c'est-à-dire ne pas affaiblir la
concurrence et éviter les fractures nouvelles ;
- anticiper les besoins d'une nation qui s'oriente davantage vers
l'interactivité et le temps disponible et qui connaît une
européanisation de la pensée et des modes de vie.